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Charlie Hebdo: sur le départ, Luz se confie dans « Catharsis », un recueil de dessins intimes

Luz, qui pourrait bientôt quitter Charlie, se confie dans un recueil intime
PONTOISE, FRANCE - JANUARY 16: Charlie Hebdo cartoonist Renald Luzier (L) aka 'Luz' after the funeral service of Charlie Hebdo editor and cartoonist Stephane Charbonnier aka 'Charb' in his hometown on January 16, 2015 in Pontoise, France. Charlie Hebdo's editor Stephane Charbonnier was amoungst those killed in last weeks terrorist attack on the satirical newspaper.(Photo by Aurelien Meunier/Getty Images)
Aurelien Meunier via Getty Images
PONTOISE, FRANCE - JANUARY 16: Charlie Hebdo cartoonist Renald Luzier (L) aka 'Luz' after the funeral service of Charlie Hebdo editor and cartoonist Stephane Charbonnier aka 'Charb' in his hometown on January 16, 2015 in Pontoise, France. Charlie Hebdo's editor Stephane Charbonnier was amoungst those killed in last weeks terrorist attack on the satirical newspaper.(Photo by Aurelien Meunier/Getty Images)

Il y a "Ginette", le surnom de sa boule au ventre, le "vampire" qui le dévore avec ses bons sentiments, et puis Camille, "éternellement aimée" : dans l'album "Catharsis", Luz, dessinateur de Charlie Hebdo, raconte comment il a peu à peu retrouvé la lumière après l'attentat du 7 janvier.

"Un jour le dessin m'a quitté, le même jour qu'une poignée d'amis chers. A la seule différence qu'il est revenu, lui. Petit à petit. A la fois plus sombre et plus léger", écrit Luz en ouverture de cet album très personnel, publié jeudi 21 mai par Futuropolis. Dans des styles graphiques différents, il conte l'histoire de ces "retrouvailles" avec le dessin et recrée le kaléïdoscope de sa vie après l'assassinat de ses amis dans les locaux de l'hebdomadaire satirique.

On y retrouve les cauchemars, l'escorte policière qu'il montre le suivant jusque dans sa chambre à coucher, les scènes d'amour avec sa compagne. "Ce livre n'est pas un témoignage, encore moins un ouvrage de bande dessinée", écrit-il encore. Auteur de la couverture controversée du premier Charlie Hebdo paru après la tuerie, Luz fait peu d'allusions à l'islam ou aux intégristes dans cet album à la tonalité souvent intime.

Pas de Mahomet et un registre plus intime

Dans le numéro des "survivants", il avait dessiné Mahomet, tenant une pancarte "Je suis Charlie", avec comme surtitre "Tout est pardonné". Depuis, il déclaré qu'il ne dessinerait plus le personnage du prophète. Une décision qui lui a notamment valu les critiques de Jeannette Bougrab. L'ancienne secrétaire d'Etat sous Nicolas Sarkozy, qui se présente comme la compagne de Charb, a déclaré dans un entretien à Valeurs Actuelles que "contrairement à Luz", elle "continuait à parler du Prophète". Surtout, elle a qualifié le dessinateur de "médiocre et d'"usurpateur".

Selon elle, il n'a survécu aux attentats que grâce à une "une méchante gueule de bois", allusion au retard qui lui a sauvé la vie le 7 janvier, alors qu'il s'était levé tard après avoir fêté son anniversaire. "On a connu mieux, comme héros", lance encore Jeannette Bougrab, qui accuse Luz d'avoir "fini le job" des frères Kouachi et de Coulibaly.

Dans "Catharsis", Luz fait passer le test de Rorschach à un intégriste musulman qui lui demande: "Rorschach, c'est pas juif comme nom ?". Il dialogue avec sa boule au ventre, qui est "là pour l'empêcher d'oublier" et qu'il appelle "Ginette", mais aussi avec son propre double sur la tombe de son ami Charb, directeur de Charlie, une des douze victimes de l'attentat.

Un départ du journal en septembre?

Quant au "vampire", il prend le dessinateur dans ses bras, dégoulinant d'empathie - "merci d'être là, je me rappellerai toute ma vie du 7 janvier" - et laisse Luz réduit à une brindille, liquéfié par cette avalanche de bons sentiments. Après l'attentat, il n'arrive à dessiner que de petits êtres aux grands yeux sidérés, paralysés par l'horreur. A la fin de "Catharsis", les bonshommes ont le même regard, mais ils ont retrouvé leur jambes.

La publication de "Catharsis" intervient en plein conflit au sein de la rédaction de Charlie Hebdo, divisée depuis l'attentat. Quinze salariés sur la vingtaine que compte le journal, parmi lesquels Luz et l'urgentiste Patrick Pelloux, ont réclamé en avril une nouvelle gouvernance et un statut d'"actionnaires salariés à part égale", disant "refuser qu'une poignée d'individus prenne le contrôle" de l'hebdomadaire.

Une des contestataires, Zineb El Rhazoui, sociologue franco-marocaine militant contre l’islamisme, a été convoquée pour un entretien préalable à un licenciement. Selon Mediapart, Luz pourrait quitter le journal à la rentrée. Citant "des sources internes à la rédaction", le site d'information affirme que Luz "a confié récemment qu’il n’en pouvait plus, et a annoncé son départ pour septembre".

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