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Le poisson-lune est le premier poisson à sang chaud découvert, et c'est un vrai avantage dans les mers froides

Ce poisson a littéralement le sang chaud, et ça a son importance
Flickr/NOAA Fisheries West Coast

Il fallait une exception à la règle, et ce sera le poisson-lune. Contrairement à ses congénères connus pour être des animaux “à sang froid”, le poisson-lune, ou lampris, est le premier poisson à sang chaud découvert par les scientifiques de l’Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA). Une caractéristique particulière qui lui donne certains avantages dans le froid des grands fonds des océans où il se trouve.

Le lampris, gros poisson rond et argenté des profondeurs qui peut atteindre jusqu'à 2 mètres de longueur, possède des petits vaisseaux sanguins dans ses branchies qui peuvent transporter le sang chaud provenant de l'intérieur de son corps. Ces vaisseaux particuliers entourent et réchauffent d'autres veines près des branchies, à l'endroit exact par lequel le poisson respire. Au final, ce système de chauffage interne lui permet de garder le cerveau au chaud, performant, et de conserver ses muscles actifs pour nager plus vite et attraper ses proies.

Grâce à des capteurs placés sur des poissons-lune sur la côte ouest américaine, les chercheurs ont découvert que la température moyenne des muscles était "à peu près 5°C supérieure à celle des eaux dans lesquelles il nage, entre 45 et 300 mètres sous la surface", note l'étude publiée dans le journal Science jeudi 14 mai.

Un prédateur insoupçonné

"Avant cette découverte, je pensais que c'était un poisson assez lent, comme beaucoup de poissons qui nagent dans des environnements froids", explique le principal auteur de cette recherche, Nicholas Wegner, chercheur à la NOAA, lors d'une conférence de presse. "Mais puisqu'il peut réchauffer son corps, c'est un prédateur très actif qui chasse des proies agiles comme des calamars, et qui peut migrer sur de longues distances", ajoute-t-il.

D'autres poissons comme les thons ou les requins peuvent réchauffer certaines parties de leur corps et de leurs muscles pour améliorer leurs performances dans les profondeurs froides, mais leurs organes internes restent froids, ce qui les oblige à remonter dans des eaux moins profondes pour se réchauffer.

Avec ses ailerons rouges qui battent en permanence, le poisson-lune reste chaud même quand l'eau refroidit. En outre, il possède des couches de graisse autour des branchies, du cœur et des tissus musculaires pour les maintenir chauds.

"Nous n'avons jamais rien vu de tel sur les branchies d'autres poissons auparavant", reprend Wegner. "C'est une innovation intéressante de ces animaux qui leur donne un avantage compétitif".

Cette découverte offre de nouvelles pistes aux scientifiques en charge de l’étude. Ils ont d’ores et déjà annoncé qu’ils allaient maintenant comparer les différents poissons-lunes à travers le gobe, afin de pouvoir étudier leurs évolutions dans des eaux plus froides.

"La nature nous surprend toujours avec des techniques intelligentes auxquelles on ne se serait jamais attendu", explique Wegner. "Il est difficile de rester chaud quand on est entouré d’eau froide, mais le poisson-lune y est visiblement parvenu."

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