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Les maires de Montréal, Laval, Longueil et la banlieue s'unissent contre Postes Canada

Montréal et la banlieue contre Postes Canada
CP

Montréal, Laval, Longueuil et l'Association des municipalités de banlieue s'unissent pour faire casser, en justice, la décision de Postes Canada d'abolir la livraison du courrier à domicile.

Un texte d'Anne Marie Lecomte

L'offensive des maires de ces villes est double : d'une part ils réclament le statut d'intervenant dans la cause entreprise contre Postes Canada en Cour fédérale, un recours intenté par le Syndicat des travailleurs des postes.

D'autre part, ils exigent un moratoire sur la décision prise par Postes Canada de remplacer la livraison du courrier à domicile par des milliers de boîtes postales communautaires.

Une première au Canada

Que des municipalités s'unissent ainsi pour contrer l'action de Postes Canada jusque devant les tribunaux est une première au pays.

Pour participer au recours, les villes devront présenter à la Cour fédérale une requête en intervention. Ce sera à la Cour de déterminer si elles peuvent ou non intervenir, ainsi que les modalités de leur intervention. L'avocat représentant ces municipalités est Marc Lalonde, du cabinet Bélanger Sauvé.

Étaient présents en conférence de presse jeudi matin : Denis Coderre, maire de Montréal, Caroline St-Hilaire, mairesse de Longueuil, Marc Demers, maire de Laval et Peter Trent, maire de Westmount mais représentant aussi l'Association des municipalités de banlieue, qui regroupe15 municipalités de l'île de Montréal. Ces quatre maires ont expliqué que, par sa décision unilatérale, Postes Canada lésait les droits des citoyens qu'ils représentent.

Prendre en considération le point de vue des citoyens

Comme l'a expliqué Denis Coderre, le gouvernement de Stephen Harper doit davantage tenir compte de la réalité des municipalités, autrement dit des gouvernements de proximité. M. Coderre et ses collègues de Longueuil, Laval et Westmount soutiennent qu'Ottawa fait fausse route en laissant des sociétés de la Couronne comme Postes Canada adopter de telles tangentes sans consulter lesdites municipalités.

« S'ils veulent en faire un enjeu électoral, ils vont payer pour », affirme Denis Coderre à l'intention des conservateurs de M. Harper.

« C'est drôle ils [ Postes Canada ] font des profits présentement. Est-ce que ça veut dire qu'ils veulent privatiser? »

— Denis Coderre, maire de Montréal

Rappelons qu'en septembre 2013, Postes Canada entreprenait une importante réforme de ses services. Cette réforme prévoit la fin de la livraison du courrier à domicile en milieu urbain au cours des cinq prochaines années. Les municipalités soutiennent qu'elles n'ont pas été consultées. « On nous avait promis des consultations par la suite; ce n'était que du vent », critique Denis Coderre.

« Des gens disent : "Étant donné qu'on est rendus au niveau électronique, le monde va être indifférent et le temps arrangera les choses". Je m'excuse, il y a la réalité de millions de personnes qui vivront des situations. Regardez seulement l'hiver qu'on a eu, notamment en février, déjà qu'ils ne nettoient pas les boîtes existantes, qu'est-ce que ce sera en matière de sécurité? »

— Denis Coderre, maire de Montréal

Une question de sécurité et d'accessibilité

L'argument invoqué par les maires est le suivant : la livraison du courrier à domicile est un service essentiel, particulièrement en milieu urbain.

En raison de la densité de la population, le fait de devoir se déplacer vers des boîtes postales cause des problèmes de circulation et de stationnement autour des emplacements désignés. On parle aussi de sécurité notamment pour les aînés et les personnes à mobilité réduite qui, faute d'avoir leur courrier directement dans la boîte aux lettres, doivent se déplacer.

Il y a aussi des municipalités qui vivent des problèmes quant à l'implantation et l'entretien des boîtes postales : graffitis, bris, malpropreté et déneigement déficient.

La réalité de Longueuil et de Laval

À Longueuil, ce sont 5000 adresses résidentielles et plus de 80 adresses commerciales qui sont visées, dans les jours à venir, par l'abolition de la livraison à domicile.

« La décision de Postes Canada est unilatérale est nous considérons que c'est grave. [...] Selon nous, Postes Canada a l'obligation de proposer des options acceptables pour les citoyens et surtout de répondre à leurs questions tout à fait légitimes. Malheureusement, Postes Canada ne tient pas compte des besoins et des inquiétudes de notre population. »

— Caroline St-Hilaire, mairesse de Longueuil

À Laval, le maire Marc Demers explique avoir voulu collaborer avec Postes Canada dans le but de minimiser les impacts causés par l'installation et l'utilisation des boîtes postales. « Le résultat c'est que Postes Canada travaille seul et n'écoute pas nos recommandations, déplore M. Demers. La communication se fait dans un sens. [...] Nous sommes rendus à l'étape où tous les recours juridiques seront utilisés »

« Le gouvernement s'en lave les mains » - Peter Trent

Aux yeux de Peter Trent, maire de Westmount, la bataille n'est pas que juridique, elle est politique. « Non seulement nous sommes fâchés par l'arrogance de Postes Canada d'appliquer cette décision sans aucune forme de consultation, mais aussi par l'hypocrisie du gouvernement fédéral qui dit : "Oh, c'est une société de la Couronne et il n'y a rien que nous puissions faire". Eh bien! Qui est le propriétaire de cette société de la Couronne sinon nous, et le gouvernement. On peut leur dire quoi faire, leur dicter des politiques. »

« Je suis un peu las d'entendre qu'il faut aller dans le sens des médias sociaux et que Postes Canada est en voie d'extinction. Non. Beaucoup de gens dépendent de Postes Canada qui est l'architecte de sa propre mauvaise gestion. Nous ne sommes pas des dinosaures, nous reconnaissons l'importance des médias sociaux mais nous reconnaissons le fait que les personnes âgées, par exemple, ont besoin d'être protégées. »

— Peter Trent, maire de Westmount

M. Trent soutient que si le gouvernement poursuit dans cette veine, le Canada sera doté du premier service postal au monde à ne pas livrer le courrier à domicile. « Une autre première pour le Canada », ironise-t-il.

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