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Les Beaux Dégâts: l'art de rue temporaire et rassembleur

Les Beaux Dégâts: l'art de rue rassembleur
Maxellende Pyche

« 5…4…3…2…1…Peignez! »

Il est 21h au bar les Foufounes Électriques à Montréal ce mercredi 29 Avril. On crie, on danse, on boit et…on peint. Le coup d’envoi de la trentième édition des Beaux Dégâts, un concours d'art de rue, vient d’être donné. Pinceaux en main, six équipes de deux à quatre personnes s’affronteront jusqu’à minuit dans une course à la meilleure peinture murale.

Les règles sont simples. Un thème et un sous-thème sont donnés : cette fois, il faut marier la candeur d’un personnage du Muppet Show à un album de Heavy Metal.

Les Beaux Dégâts

Chaque équipe possède une poubelle qui fait office d’urne de vote pour le public. Une cannette de bière = un vote!

Mais attention, tous les coups sont permis. On peut par exemple voler des cannettes aux autres équipes ou soudoyer des participants.

Finalement, l’équipe gagnante pourra saccager les œuvres des perdants.

Compétition déloyale? « Non, c’est juste drôle, » explique l’illustrateur et participant Gilles Boulanger, aka Mirabolle. « Il n’y a pas d’enjeux derrière tout ça, juste s’amuser. »

Pour l’artiste Benjamin Tran – aka Monstr – cette règle « représente la rue, » dit-il. « Il n’y a pas de règles dehors : tout le monde va se repasser les uns sur les autres. La compétition est secondaire, on est là pour faire de la peinture entre nous. »

Le défi pour ces artistes est surtout de travailler ensemble. « Quand tu peins dehors c’est ta peinture à toi, si tu fais une erreur c’est ton problème, » explique Benjamin. « Là il faut accepter le fait que les gens vont faire quelque chose auquel tu ne t’attends pas forcément. Il faut réagir aux imprévus. »

Certains sont tatoueurs, d’autres illustrateurs, artistes contemporains, graffeurs ou artistes de rue. Pour Gilles, l’important est de maintenir une certaine cohérence malgré les différences de styles.

Les Beaux Dégâts est organisé par la galerie d’art de rue Fresh Paint, qui se qualifie à la fois de lieu d’exposition, éducatif et évènementiel. L’initiative a vu le jour il y a environ trois ans, avec comme objectif premier de lever des fonds pour la mise en place du Festival de Graffitti Under Pressure. Désormais, l’évènement a lieu une fois par mois aux Foufounes Électriques.

Pour le co-fondateur de Fresh Paint (www.freshpaintgallery.ca), Sterling Downey, les Beaux Dégâts ne se limite pas uniquement à la peinture. « Il y a le côté mobilisation de la communauté, réseautage, critique d’art », explique-t-il.

Le système de vote, s’il est parfois injuste, est pertinent selon lui. « Ce n’est pas parce que t’es bon que tu vas réussir dans la vie, c’est parce que t’es capable de mobiliser, inspirer, réseauter, des fois tricher. »

Si c’était monnaie courante au début, dorénavant les gagnants ne saccagent plus les œuvres des perdants. « Tranquillement avec le temps, on a ramené des communautés ensemble », dit-il. Petit à petit, un respect mutuel s’est établi. « On a imposé l’anarchie, et on a laissé le peuple et les participants décider de leurs propres règles,» dit-il. « Et ils ont fait les bons choix.»

La soirée a réservé son lot de surprises, avec par exemple un "battle" de breakdance entre les universités McGill et Concordia. C’est l’équipe Latecr et son Kermit géant qui a remporté la victoire avec un total de 196 canettes.

Fresh Paint organise de nombreux évènements en plus des Beaux Dégâts. Notamment, une exposition duo des artistes Monstr et Mirabolle sera présentée à la galerie le 8 mai.

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