Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

«Peoplewatching» de Socalled: Hip-hop fusion (ENTREVUE)

«Peoplewatching» de Socalled: Hip-hop fusion
Jean-François Cyr

L’éclectique et vitaminé rappeur montréalais Socalled, de son vrai nom Josh Dolgin, est un oiseau rare dans le paysage musical canadien. Petit génie multi-instrumentiste, l’artiste revient à la charge avec un quatrième album hip-hop qui témoigne de son intérêt pour le mélange des genres. À quelques jours de la parution de Peoplewatching, voici des bribes du long entretien fait entre notre journaliste et l’artiste dans sa caverne d’Ali Baba, située sur la rue Hutchison, à Montréal.

On ne s’ennuie jamais avec Socalled. Auteur, compositeur, musicien, interprète, réalisateur, dramaturge, marionnettiste, magicien, le gars ne manque pas de stimuli. Sa tête est pleine d’idées et d’histoires incroyables qui s’entrechoquent comme des électrons filant à vitesse grand V. Josh Dolgin, 38 ans, dénote une passion contagieuse pour les humains et les arts de toutes sortes. Et sa musique s’en ressent beaucoup. Finement bricolée, elle est néanmoins très hétérogène. Pour le meilleur et pour le pire.

Sa musique est en fait à l’image de son appartement, un véritable musée vivant: des milliers de vinyles, des caméras photo à faire pleurer les collectionneurs, des vieilles cassettes, des livres en tous genres, des marionnettes, des babioles, des antiquités, bref sa maison est un paradis d’objets qui émergent, tels des survivants, au-dessus d’une mer de fringues éparses et d’instruments musicaux. Chaleureux bordel organisé.

Fusion

Assis à la table de la salle à manger, les tenants et aboutissants de ce quatrième disque seront longuement discutés. De l’avis du chanteur anglophone (qui parle de mieux en mieux la seconde langue officielle), Peoplewatching est le fruit d’une mosaïque de rencontres fortuites et de jouissives aventures artistiques. Plus que jamais, Socalled propose un collage de morceaux aux styles très différents - - soul, électro, klezmer, folk, pop, et même de la musique d’inspiration traditionnelle québécoise -, le hip-hop étant le liant. Pas de grande surprise ici, car Socalled se plaît à cuisiner fusion. Cette fois, quelques changements sont à signaler : «Je rappe plus sur cet album que sur les précédents. Je chante davantage aussi. Je parle de ma vie. Je raconte des histoires et des funny shit!» En effet, première constatation à l’écoute du nouveau disque, le ton est festif et joyeux.

Et ce party, Josh Dolgin ne l’a pas fait seul. En fait, de nombreux talents ont participé à l’enregistrement. Mentionnons le clarinettiste David Krakauer, le DJ jamaïcain de reggae et champion du dancehall Josey Wales, l’incomparable chanteur de musique traditionnelle Yves Lambert, le grand du jazz Oliver Jones, les DJ Rob Swift et Mista Sinista ainsi que le légendaire tromboniste Fred Wesley, qui a notamment collaboré avec James Brown. Il ne faut pas oublier la jeune chanteuse pendjabi, Kamil Chamkila (fille du réputé auteur-compositeur-interprète Amar Singh Chamkila assassiné à 26 ans en Inde par des extrémistes en 1988), rencontrée par hasard dans un restaurant montréalais !

«Kamil est belle et a une superbe voix, raconte Socalled. Née en Inde, elle a une histoire trop folle. Elle a dû fuir son pays natal à cause des menaces liées au meurtre de son père, qui chantait des trucs qui ont déplu à des fanatiques. Elle aimerait beaucoup pouvoir développer une carrière au Canada. Ça commence pour elle. Cela dit, elle est déjà connue. Elle a 300 000 fans sur Facebook. Bref, après des discussions, elle a accepté de collaborer sur une pièce de mon album.»

À tout ce beau monde de chanteurs et musiciens invités s’est greffée l’équipe habituelle de Socalled, à savoir Katie Moore, Patrice Agbokou, JS Williams et Michael Felber. Toujours à l’image versatile de l’artiste, les morceaux ont été enregistrés dans de nombreux studios différents et ensuite retravaillés ultérieurement sur les consoles et instruments du principal intéressé: Montréal, São Paulo, Ottawa…

« J’aime cette approche démocratique et open minded, affirme Josh Dolgin. J’adore faire de la musique avec toutes sortes de personnes qui viennent partager leurs affaires, peu importe leur nationalité et le genre de musique [auquel les invités adhèrent normalement]. C’est un beau défi de s’adapter à eux. Ça donne quelque chose de cool et de très éclaté.

Je sais que c’est trop pour certaines personnes. Je sens parfois que je suis trop weird pour certains même si mon travail est généralement apprécié. Chose certaine, je ne peux pas devenir aussi populaire que certains autres artistes québécois (il cite ses amis d’Arcade Fire ou encore des Barr Brothers). Well… What can I say ? (rires) Anyways, je ne veux pas me plaindre. Avec des gens que je respecte, j’ai fait un album qui me ressemble. Et j’ai vécu de grandes aventures en faisant Peoplewatching. »

Quelques pièces de Peoplewatching:

Chaînes d’or et poulet gras

Au sujet des rocambolesques histoires qui entourent la création de son album, Socalled raconte son étonnante journée avec Josey Wales : «Un jour, j’ai appris qu’il était en ville. J’ai réussi à lui parler. C’est un vraiment gangster ! Pffff. Je ne sais pas comment, mais j’ai réussi à le convaincre de venir en studio. Il a demandé une bouteille de whisky (et des dollars). Il est allé dans le booth. C’était le début du projet et je n’avais pas énormément de matériel. Mais je savais que je devais envoyer des beats assez intenses pour pas qu’il soit déçu ou même fâché. Alors j’ai proposé la musique de Everyone Else Must Fail

«Il ne connaissait pas du tout mon travail, poursuit le musicien. C’était un vrai coup, ce truc. J’ai lancé le beat, il a fait la voix une fois et il a dit next one. Il a ensuite accepté de faire la même chose pour deux autres trucs. Trente minutes après, tout était fini. Bang! Après la session, il était content. C’était différent de ce qu’il fait normalement. Plus tard, il avait oublié son manteau. Je suis donc allé lui porter à sa chambre d’hôtel, en ville. J’ouvre la porte de sa chambre : il est en sous-vêtement, chaînes d’or au cou, en train de manger du poulet. Les mains graisseuses. Il m’a remercié gentiment… Awesome. Une fin parfaite pour cette journée avec Josey Wales!»

***

Sous étiquette Dare To Care Records, Peoplewatching sortira le 28 avril. Il est aussi disponible sur iTunes en format numérique. Socalled sera notamment en spectacle au Cercle de Québec, le 8 mai, et au Théâtre Fairmount de Montréal, le 14 mai.

INOLTRE SU HUFFPOST

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.