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«75e, elles se souviennent»: l'histoire des femmes, du droit de vote jusqu'à l'Assemblée nationale (PHOTOS)

Le documentaire est non seulement une leçon de l’histoire des femmes, mais une leçon d’histoire tout court, incarnée par des figures féminines très fortes.
Télé-Québec

Les femmes en ont fait du chemin, depuis qu’elles ont obtenu le droit de vote, le 25 avril 1940.

On le sait et, pourtant, on ne mesure pas toujours l’ampleur du progrès qui a été réalisé, par et pour elles, depuis 75 ans.

En ce sens, le documentaire 75e, elles se souviennent, que Télé-Québec présente le lundi 27 avril, à 21h, est pertinent, voire essentiel. C’est non seulement une leçon de l’histoire des femmes, mais une leçon d’histoire tout court, incarnée par des figures féminines très fortes de la culture populaire d’ici, qui n’ont jamais eu peur de se tenir debout : Janette Bertrand, Lise Payette, Thérèse Tanguay-Dion, Denise Bombardier, Pauline Marois, Liza Frulla, Sophie Thibault, Julie Snyder, Louise Beaudoin, Dre Christiane Laberge et Lucie Martineau, présidente générale du syndicat de la fonction publique du Québec.

Des voix plus jeunes, comme Tamy Emma Pepin, Karima Brikh, Martine Desjardins, Léo Bureau-Blouin et Julien David-Pelletier, se font aussi entendre. Vous écouterez leurs mots avec passion et attention pendant les 60 minutes de l’émission, qui s’écoulent très vite par le biais de cette approche ludique.

La réalisatrice Flavie Payette-Renouf porte à bout de bras ce projet, avec Productions J, depuis décembre dernier. En 2013, la jeune femme signait la biographie télévisée de sa grand-mère, Lise Payette : un peu plus haut, un peu plus loin, en collaboration avec Jean-Claude Lord. Cette fois, elle a pris seule la caméra pour témoigner de sa vision, qui est celle d’une créatrice dynamique et concernée par les combats menés par ses aînées. Il faut dire que, quand notre grand-maman a fait inscrire «Je me souviens» sur les plaques automobiles, on est consciente de l’importance du devoir de mémoire.

75e, elles se souviennent

«Je souhaitais rappeler pour certains, et faire connaître pour d’autres, 75 ans d’histoire des femmes, et montrer toutes les grandes avancées, que ce soit le droit de vote, la possibilité d’être élue, de signer des chèques, de garder son nom en ce mariant, d’user de la contraception… Je croyais que le 75 anniversaire du droit de vote était une belle occasion de le faire», explique Flavie, qui dit avoir voulu mettre de l’avant des visages auxquels les Québécois sont attachés pour illustrer son propos.

«Ce sont des femmes qu’on connaît, mais je leur ai aussi fait dire des choses qu’elles n’ont pas encore racontées. On leur fait confiance, on les aime, donc, automatiquement, on a envie de les écouter, d’entrer dans leurs émotions.»

Ligne du temps

Le compte-rendu, qui présente des images de toutes les décennies, émeut, choque et rassure à la fois. 75e, elles se souviennent s’ouvre sur une déclaration de chacune des intervenantes commençant par «Quand je suis née…», et évoquant toutes une étape franchie, un changement apporté à la société depuis leur enfance. Puis, on défile la ligne du temps à travers les différents témoignages.

Thérèse Tanguay-Dion raconte s’être révoltée, à l’adolescence, du fait que les femmes n’avaient pas le droit de voter. Le père de Janette Bertrand, lui, se scandalisait devant la perspective que les femmes puissent donner leur avis politique, tout comme Henri Bourassa, fondateur du quotidien Le Devoir, qui voyait là une atteinte à la dignité des femmes. C’est finalement sous le gouvernement libéral d’Adélard Godbout que celles-ci ont eu gain de cause.

En 1945, les mères au foyer, alors forcées d’aller travailler à l’extérieur pour prendre la relève des hommes partis se battre au front de la Seconde Guerre mondiale, ont peu à peu goûté à l’autonomie que procurait l’argent, et ont protesté haut et fort lorsque le conflit s’est tu et qu’on les a intimées de retourner à leurs fourneaux.

Liza Frulla est absolument captivante à chaque fois qu’elle se prononce dans 75e, elles se souviennent. Elle explique notamment avec clarté comment la légalisation de la pilule contraceptive, en 1960, a été un jalon incontournable dans le cheminement de la libération de la femme.

On aborde le sujet de l’avortement avec des souvenirs qui font frissonner. Tandis que Dre Christiane Laberge énumère les horribles conditions d’interruptions de grossesses qui ont été le lot de trop de filles-mères, Lise Payette revient sur le douloureux avortement subi par sa propre mère, pratiqué par un étudiant en médecine, sur une table de cuisine. L’ex-politicienne, journaliste et auteure est par ailleurs bouleversante lorsqu’elle parle de la tuerie de Polytechnique, survenue en 1989. Visiblement, la blessure est encore vive. «C’a été très difficile se relever de ça», admet celle qui s’est longtemps sentie, en quelque sorte, coupable de l’assaut.

Pauline Marois traite des percées accomplies dans la sphère politique, depuis la période où le Parlement n’avait même pas de salle de bains pour femmes, au début des années 1960, et Julie Snyder trace le parallèle entre les préjugés envers les hommes et les femmes en milieu professionnel.

En fin de piste, le documentaire tend le micro à la jeune génération, qui détaille sa propre perception du statut de la femme, d’hier à aujourd’hui. Tamy Emma Pepin soulève un point fort intéressant en suggérant que le féminisme souffre peut-être, encore maintenant, d’un problème d’image. Martine Desjardins, elle, revendique que Beyonce puisse être considérée comme un modèle féministe, malgré la légèreté de sa musique et son attitude sexy.

Plafonds de verre

Qu’est-ce qui a plus touché Flavie Payette-Renouf en cours de production de 75e, elles se souviennent?

«Ces femmes à qui on ne permettait même pas d’être des personnes… Ça me renverse de penser qu’elles ne pouvaient pas voter, qu’elles n’étaient que la femme de quelqu’un d’autre, qu’elles n’étaient que des mères, qu’on les enfermait dans ce rôle-là, qu’on les contrôlait complètement… Ça me bouleverse!»

«Ça m’est arrivé, en plein tournage, de me réveiller, un matin, à côté de mon chum, et de me dire : «Wow, je suis tellement chanceuse». Moi, je peux choisir d’avoir des enfants quand je vais en vouloir, de me marier si j’en ai envie, avec la personne que je vais aimer, et si j’ai envie d’être médecin, je peux le faire. Tous ces choix sont à ma portée, et c’est une réalisation que chaque femme devrait saluer au moins une fois dans sa vie»

«Mais il y a encore beaucoup de plafonds de verre à briser, conclut Flavie. Quand je regarde Hillary Clinton, je me dis que ça pourrait être intéressant pour le monde entier…»

75e, elles se souviennent, lundi, 27 avril, à 21h, à Télé-Québec. En complément du documentaire, le spectacle Les voix du 75e, animé par Mitsou et Mélanie Maynard, et mettant en vedette Valérie Carpentier, France Castel, Véronique Claveau, Florence K, Liza Frulla, Lise Payette, Paul Piché et Marcel Sabourin, entre autres, se tiendra au Capitole de Québec, ce samedi, 25 avril, à 20h.

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