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Allemagne: un ex-gardien d'Auschwitz admet sa responsabilité partielle (VIDÉO)

Un ex-gardien d'Auschwitz admet sa responsabilité partielle

LUNEBOURG, Allemagne - Un ancien gardien du camp de concentration nazi d'Auschwitz, en Pologne, a admis mardi qu'il partage une certaine responsabilité morale pour les atrocités qui y ont été commises, mais il a déclaré aux juges dès l'ouverture de son procès qu'il leur reviendra de décider s'il mérite d'être condamné pour complicité pour meurtre.

L'homme de 93 ans, Oskar Groening, admet depuis des décennies qu'il a aidé à récolter et à compiler l'argent volé à ceux qui arrivaient à Auschwitz, ce qui lui a valu le sobriquet de «comptable d'Auschwitz».

Groening a déclaré sous serment qu'il a volontairement rejoint les rangs des SS en 1940, après avoir reçu une formation de banquier, et qu'il a servi à Auschwitz entre 1942 et 1944. Il ne fait aucune mention d'une participation directe à une atrocité et prétend même avoir demandé à être transféré hors du camp après avoir été témoin de crimes.

«Je partage une culpabilité morale mais vous devrez décider si je suis coupable en vertu de la loi criminelle», a-t-il lancé aux juges au terme d'un énoncé de près d'une heure. En vertu du système judiciaire allemand, les accusés n'enregistrent pas de plaidoyer.

Alors qu'il se rendait au palais de justice de Lunebourg, au sud de Hambourg, Groening a affirmé aux journalistes qu'il s'attend à être acquitté.

Groening doit répondre de 300 000 chefs de complicité pour meurtre, dans le cadre d'un procès qui servira notamment à vérifier si toute personne ayant oeuvré dans un camp de la mort peut être considérée complice des atrocités qui y ont été commises.

Ces accusations découlent d'une période, entre mai et juin 1944, pendant laquelle environ 300 000 des quelque 425 000 juifs de Hongrie qui ont été amenés à Auschwitz ont été exécutés dans les chambres à gaz nazies.

«De par son travail, l'accusé a appuyé la machinerie de la mort», a dit le procureur Jens Lehman au moment de lire les accusations.

Dans son énoncé, Groening s'est souvenu qu'un major des SS leur avait déclaré, à lui et à d'autres recrues, avant qu'ils n'aillent à Auschwitz, que leur «devoir serait clairement déplaisant, mais nécessaire à la victoire finale».

Le major n'a pas fourni plus de détails, mais d'autres SS ont expliqué à Groening que les Juifs transportés vers Auschwitz étaient triés pour le travail, et que ceux qui en étaient incapables étaient tués.

Groening a décrit en détail l'arrivée des Juifs à Auschwitz. Il s'est souvenu d'un incident, à la fin de 1942, quand un autre SS a fracassé contre un camion le crâne d'un bébé qui pleurait. «Choqué», il aurait dès le lendemain demandé à être transféré hors du camp, ce qui lui aurait été refusé.

Groening a semblé lucide pendant sa comparution. On ne sait pas combien de temps durera le procès, mais des audiences sont prévues jusqu'à la fin du mois de juillet.

Ce procès est le premier à mettre à l'épreuve un argument selon lequel toute personne ayant servi comme gardien dans un camp de la mort peut être accusée de complicité pour meurtre, même sans preuve d'une participation directe à une mort spécifique.

Environ 60 survivants de l'Holocauste ou leurs proches provenant du Canada, des États-Unis, d'Israël et d'ailleurs sont inscrits en tant que coplaignants, comme le permet le droit allemand.

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