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Un projet sur l'immigration dans une école secondaire de Saint-Pascal de Kamouraska sème la controverse (PHOTOS)

Un projet sur l'immigration dans une école secondaire de Saint-Pascal sème la controverse (PHOTOS)

Des étudiants de Montréal qui étaient de passage à l'École secondaire Chanoine-Beaudet de Saint-Pascal de Kamouraska cette fin semaine, où se tenait pour une 14e année le traditionnel tournoi provincial d’improvisation, ont été surpris et surtout embarrassés de voir des dessins qu’ils qualifient d’inappropriés placardés sur les murs d’une classe.

Les dessins, qui auraient été produits dans le cadre du cours de Monde contemporain par des élèves de 5e secondaire, selon des sources concordantes, portent pour la plupart sur la question de l’immigration et du marché de l’emploi et visent à illustrer les bénéfices de l’immigration au Québec. Les dessins revêtent toutefois un caractère réducteur à l’égard des immigrants, qui pourrait déplaire à plusieurs, établissant ainsi des comparaisons entre un Québec avec immigrants et un Québec sans immigrants.

«Si tu veux des fraises dans ton panier, accepte les immigrants», est-il écrit sur l’un des dessins, qui montrent d’un côté un homme avec une bière dans les mains, un fraisier plein de fraises et un panier vide, et de l’autre, un travailleur immigrant, dont le panier déborde de ces fruits. Dans un autre cas, une illustration semble montrer un homme portant la barbe qui, après avoir trouvé un emploi, renonce aux bombes.

«C’est scandaleux. Ces dessins sont loin de représenter le Québec», affirme l’un des étudiants et accompagnateurs d’une équipe d’une école secondaire de Montréal, qui est tombé sur les dessins au cours de la fin de semaine.

Joint au téléphone par Le Huffington Post Québec, le jeune homme n’a pas hésité à exprimer son malaise face à ces dessins. Un autre étudiant les a partagés sur sa page Facebook. «À 400km de Montréal, ce sont des choses qui arrivent...», ironisent-ils sur la publication.

Selon l’un des étudiants, c’est environ une quinzaine de ces dessins qui figurent le long d’un des murs de la salle de classe située au 2e étage de l’établissement, qui a été transformée en salle de spectacle pour accueillir les matchs d’improvisation pendant la fin de semaine.

Courtoisie
Courtoisie
Courtoisie

L’un des étudiants qui étaient en visite à l’école, à qui Le Huffington Post Québec a parlé, croit que ces dessins ne font que stigmatiser la situation de personnes qui immigrent au Québec et alimenter les préjugés.

Sous la publication Facebook, qui a depuis été supprimée par l’étudiant lui-même à la demande de la direction, plusieurs internautes ont été scandalisés par les dessins.

«Ça réduit l'immigration à un simple pourvoyeur de main-d’œuvre bon marché», a commenté un internaute. «Projet très mal encadré...franchement ! Peu flatteur pour tous... québécois de souche inclus! » souligne une autre personne.

Fabiola N. Aladin, une enseignante de la Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île de Montréal, qui a aperçu les photos sur Facebook, a pour sa part décidé d’adresser une lettre à la direction de l’école pour exprimer son inconfort devant la situation. Celle qui se dit «dépassée par le caractère irréaliste de ces propos sans doute tenus maladroitement», qui enseigne dans une école de Montréal-Nord, improvisatrice dans ses temps libres, est néanmoins convaincue que le but pédagogique n'était ni raciste ni xénophobe.

«Comme immigrante de deuxième génération, je me questionne sur les conséquences de ce type d’affirmation sur la perception des jeunes face à l’immigration. Comme enseignante fraîchement diplômée, je me questionne sur le but pédagogique visé par des affiches aussi réductrices», écrit-elle dans le texte qu’elle a fait parvenir en copie au Huffington Post Québec.

La Commission scolaire s’explique

Le secrétaire général et directeur des communications à la Commission scolaire de Kamouraska-Rivière-du-Loup, Éric Choinière, regrette que cet incident ait été diffusé sur les réseaux sociaux sans contextualisation, considérant que les dessins proviennent d’une «classe fermée».

Le projet aurait été fait afin de défaire les préjugés, selon monsieur Choinière, et visait à alimenter une discussion avec les étudiants.

«C’est un peu triste que ces dessins se promènent sans leur contexte, affirme-t-il. C’est dans le cadre d’un cours sur la migration des travailleurs, dans un contexte où la région connait des difficultés pour trouver des travailleurs spécialisés dans certains types de travaux.»

Éric Choinière reconnaît que certains dessins ne sont pas parmi les plus éloquents et que cela est malheureux, mais il insiste sur le fait que le but du projet était d’alimenter les discussions et, pour ce faire, cette démarche devait permettre à l’enseignement de se faire une idée sur la perception des étudiants sur les immigrants.

«Ce sont des dessins qui viennent de l’imaginaire des jeunes», dit-il.

Un membre du personnel, qui affirme connaître le professeur en question derrière l’activité, s’est limité à expliquer que la démarche ne se voulait pas méprisante envers les immigrants et que le projet du professeur ne se voulait «surtout pas mal intentionné».

Selon l’un des étudiants en visite à l'école secondaire, qui a été rencontré par la direction après avoir révélé l’incident sur les réseaux sociaux, la direction serait très embarrassée par ces révélations, craignant qu’elles nuisent à l’image de l’école et du tournoi d’improvisation.

Controverse à Saint-Pascal

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