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Immigration clandestine: de nouveaux drames en Méditerranée (VIDÉOS)

Immigration clandestine: de nouveaux drames en Méditerranée

De nouveaux drames se jouent actuellement en Méditerranée, tandis que les ministres des Affaires étrangères et de l'Intérieur des pays membres de l'Union européenne sont réunis à Luxembourg pour discuter de la crise des migrants, qui fait des centaines de morts chaque mois.

Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, a fait savoir que son pays se portait au secours de deux bateaux de migrants en détresse en Méditerranée, en compagnie de Malte.

Selon lui, il s'agit d'un canot gonflable qui se trouve à quelque 50 kilomètres des côtes libyennes avec 100 à 150 personnes à bord, et d'une embarcation plus importante, qui en transporterait 300.

Les garde-côtes grecs ont pour leur part fait savoir qu'un voilier en bois transportant des dizaines de migrants s'était échoué au large de l'île de Rhodes. Selon un premier bilan, 90 personnes ont été secourues, mais trois autres sont mortes et une trentaine ont dû être hospitalisées.

Selon la garde-côtière, le voilier qui les transportait a été complètement détruit. La télévision grecque montre des images déchirantes de naufragés agrippés à des radeaux de fortune, voire à des planches de bois.

« La Méditerranée est devenue le tombeau aquatique de milliers d'âmes qui essayaient de fuir les flammes de la guerre. »

— Gabriel Sakellaridis, porte-parole du gouvernement grec

Les garde-côtes italiens sont par ailleurs toujours occupés avec le naufrage d'un chalutier survenu dimanche, au large de la Libye, et qui a fait jusqu'à 700 victimes, selon des survivants.

Selon le premier ministre maltais Joseph Muscat, le bilan pourrait cependant être plus élevé et atteindre jusqu'à 900 morts. Jusqu'à présent, seules 28 personnes ont pu être secourues et 24 cadavres ont été récupérés.

Si ce bilan était confirmé, cette catastrophe porterait à plus de 1500, voire à 1700, le nombre de morts depuis le début de l'année parmi les migrants qui fuient la pauvreté, la guerre et l'insécurité en Afrique subsaharienne et au Moyen-Orient pour tenter de gagner un pays européen.

L'Europe peine à trouver une solution

Ces nouveaux développements surviennent alors que les ministres des Affaires étrangères et de l'Intérieur des pays membres de l'Union européenne sont réunis à Luxembourg pour discuter de la crise des migrants en Méditerranée. Ils ont promis de réfléchir à de nouvelles mesures pour empêcher de telles tragédies, mais sans plus.

Le commissaire européen responsable de l'immigration, le Grec Dimitris Avramopoulos, doit présenter une nouvelle stratégie en mai. Elle doit se traduire par des moyens accrus pour Triton, l'opération de surveillance gérée par l'agence de contrôle des frontières Frontex, et la mise en place de « programmes européens d'installation » et de « conditions légales et sécurisées pour les personnes qui fuient les conflits ».

Les migrants en question proviennent en bonne partie de la Libye et de la Syrie, deux pays aux prises avec une guerre civile.

M. Avramopoulos soutient en outre que « quelque chose doit changer » dans les accords de Dublin II, qui abordent cette question. Ces accords stipulent que les pays où arrivent les migrants doivent les prendre en charge, traiter les demandes d'asile et assumer le renvoi de ceux dont la demande est rejetée.

« Nous ne pouvons pas avoir une réponse italienne à une urgence européenne », a dit à ce sujet Mme Mogherini lundi, dans une référence au fait que de nombreux migrants tentent d'atteindre l'île italienne de Lampedusa.

Les solutions à la crise des migrants sont discutées depuis un naufrage qui a fait 366 morts en octobre 2013 près de Lampedusa. Il a été question non seulement de donner plus de moyens à Frontex, mais aussi de mettre en place des voies légales de migration, d'intervenir contre les trafiquants dans les pays de départ et de changer les règles pour la prise en charge des migrants.

Toutes ces propositions ont cependant été rejetées jusqu'ici. Un sommet européen de décembre 2013 a conclu que « la priorité doit être donnée à éviter les départs » et à faire preuve d'une « solidarité appropriée » dans l'accueil des arrivants. Cela n'a toutefois pas empêché des migrants de se noyer par milliers dans les eaux de la Méditerranée.

« Les politiques mises en œuvre par l'Union européenne sont en train de faire de la mer Méditerranée une fosse commune. »

— Loris De Filippi, président, Médecins sans frontières

La Commission européenne a déjà proposé de réviser les accords de Dublin II, mais en vain. Pas moins de 24 des 28 pays membres de l'UE ont refusé de s'engager dans cette voie. Seules l'Italie, la Grèce, Chypre et Malte, les quatre principaux pays concernés, avaient soutenu cette demande.

De nombreux autres pays de l'UE craignent cependant ouvertement que le financement accru d'opérations de secours n'encourage les traversées vers l'Europe.

Jusqu'à nouvel ordre, l'Europe appuie donc sa réponse sur l'opération Triton, malgré les moyens dérisoires dont elle dispose depuis son déploiement, en novembre dernier. Elle dispose d'un budget mensuel de 2,9 millions d'euros, soit trois fois moins que l'opération Mare Nostrum, mise sur pied par l'Italie, à laquelle elle a succédé.

Triton dispose de sept navires, deux avions et un hélicoptère, et elle limite ses patrouilles aux eaux italiennes. Elle intervient néanmoins pour secourir des migrants à l'extérieur de ces eaux en vertu du droit de la mer, qui oblige de secourir des embarcations en difficulté.

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