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Comment Québec a forcé l'abolition des CRE et des CLD

Comment Québec a forcé l'abolition des CRE et des CLD
Radio-Canada

Un véritable bras de fer oppose le ministère des Affaires municipales et les différents organismes de développement régional, comme les Conférences régionales des élus (CRE) et les Centres locaux de développement (CLD), depuis le mois de novembre dernier.

Radio-Canada a appris que le ministre Pierre Moreau a fait parvenir plusieurs lettres aux dirigeants des CRE où il insiste pour que ces structures de développement régional mettent fin à leurs activités avant que le projet de loi 28 prévoyant leur abolition ne soit adopté.

À quelques reprises, le ministre Moreau et ses sous-ministres ont exigé des résolutions et des plans de fermeture des organismes.

« Tout retard dans la remise du plan de fermeture entraînera un délai dans la transmission des budgets disponibles en 2015-2016 pour les MRC et territoires équivalents de la région. »

Extrait d'une lettre du 18 décembre 2014 signée par le sous-ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire

Ainsi, certaines CRE et certains CLD du Québec ont répondu aux exigences du gouvernement et sont déjà fermés depuis plusieurs semaines. Des édifices sont à vendre et des centaines d'employés ont été congédiés.

C'est le cas de Pierre Lafontaine, un ex-conseiller en développement rural qui a travaillé pendant 25 ans pour sa région de Lanaudière.

Il a perdu son emploi en décembre dernier, avec les coupes au CLD.

« On n'a plus rien. Rebâtir ça, c'est comme 30 ans de travail à refaire. Je trouve ça cavalier. On ne tient pas compte de la réalité des régions. On ne peut pas appliquer une logique urbaine en région », déplore M. Lafontaine.

Enquête demandée

Le chef par intérim de l'opposition officielle, Stéphane Bédard, est abasourdi. Il accuse le ministre Pierre Moreau d'outrage au Parlement pour avoir devancé le processus législatif.

« On peut même parler d'intimidation financière auprès de ces gens-là qui eux, étaient en toute légalité », dit-il.

Le président de l'Assemblée nationale, Jacques Chagnon, a demandé une enquête sur les décisions du ministre des Affaires municipales.

De son côté, Pierre Moreau soutient qu'il a le droit d'agir. « Ce qu'on a dit essentiellement, c'est voici ce que vous devez faire en vue d'une fermeture éventuelle de la CRE si le projet de loi 28 était adopté », se défend-il.

Avec la disparition des CRE, des centaines d'organismes à travers le Québec qui œuvrent, par exemple, en décrochage scolaire ou en immigration s'interrogent sur leur financement puisque toutes leurs ententes spécifiques sont annulées.

Le projet de loi 28 devrait être adopté sous le bâillon vendredi.

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