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Crise à l'UQAM: la présidente du C.A., Lise Bissonnette, se range derrière le recteur

UQAM: la présidente du C.A. se range derrière le recteur
Radio-Canada

La présidente du conseil d'administration de l'Université du Québec à Montréal, Lise Bissonnette, appuie « sans réserve » le recteur Robert Proulx, et sa décision de faire appel aux policiers du SPVM pour confronter des manifestants au pavillon J.A. DeSève mercredi dernier.

Dans une lettre envoyée lundi aux médias, Mme Bissonnette souligne en son nom personnel que son « étonnement est absolu » face à ceux qui ont fait un parallèle entre une université et un sanctuaire pour décrier l'intervention policière.

« Du treizième siècle à nos jours, les campus universitaires ont certes revendiqué l'existence d'un rempart, invisible et tacitement codifié, contre les invasions extérieures. Mais ce privilège ne se justifiait qu'en vue de la protection de la liberté de l'enseignement », écrit-elle.

« Si sanctuaire il y a à l'université, c'est celui de la pensée », poursuit-elle. « Une pensée qui n'est pas unanime, qui se construit sur une constante mise à l'épreuve des connaissances, échange et choc des idées qui, sauf si elles expriment haine, menace et censure, ne devraient pas connaître d'entraves. »

« Ce qui a heurté cette liberté à l'UQAM, ce n'est pas l'intervention policière, mais l'irruption dans une partie du campus de bandes organisées, substituant le hurlement à la parole, décrétant que l'enseignement, donc le libre cours des idées, y était hors d'ordre. »

« Que certains, même chez les universitaires, voient là une position compatible avec la définition même de l'université, en quelque temps ou pays qu'on se trouve, m'est incompréhensible. »

Lise Bissonnette, présidente du C.A. de l'UQAM

Les décisions « courageuses » de Robert Proulx

Mme Bissonnette argue que le rôle du recteur Robert Proulx ne consiste pas à maintenir un « climat » ou à permettre un accès aux activités et aux programmes de l'université à tous, mais bien à « incarner en sa personne l'inviolabilité de l'université comme espace de liberté intellectuelle ».

« Bien qu'imparfaites, les règles de droit sont garantes de l'exercice de cette liberté, elles n'ont pas à varier selon l'humeur du temps, la stratégie politique, les calculs personnels », fait valoir l'ancienne éditorialiste du Devoir.

« Pour les avoir suivies au jour le jour, j'affirme que les décisions et actions du rectorat, guidées par ces principes, ont été d'une extrême patience puisque le vandalisme et l'intimidation n'en sont pas à leur première saison entre certains de nos murs », écrit-elle.

« Pour peu aimables qu'elles soient, les procédures disciplinaires [contre des leaders du mouvement étudiant], l'injonction demandée et obtenue étaient non seulement conformes au droit mais courageuses. »

Mme Bissonnette juge « surréel » qu'un groupe d'étudiants, de professeurs et de chargés de cours aient réclamé la démission du recteur Proulx au motif que « sa réponse au grabuge aurait dû, à leur avis, être une amnistie sans égard aux cadres convenus de la vie à l'UQAM.

« Pire, on le déclarait destituable parce qu'il ne s'était pas engagé à évacuer toute force de sécurité - interne ou externe - apte et habilitée à s'opposer aux manifestants, même aux casseurs parmi eux. Il lui aurait suffi de parler, semblait-il, pour être aussitôt obéi. Proposition illuminée, on en conviendra. »

Lise Bissonnette, présidente du C.A. de l'UQAM

L'UQAM doit trouver ses « repères »

Lise Bisonnette s'oppose par ailleurs à ce que le recteur ne dialogue qu'avec « ceux dont les revendications ont fait escalader la crise jusquà la violence », au détriment des autres associations étudiantes de l'UQAM.

« Le sujet même du dialogue auquel on appelle la direction de l'UQAM ne porte encore une fois qu'autour d'une conception divergente des procédures disciplinaires en cours » écrit-elle.

Elle affirme que Robert Proulx s'est lancé dans un réel dialogue sur le plan d'avenir de l'université, et ce, sur « des bases inclusives ».

« Il nous a tous appelés, quel que soit notre mode d'attache à l'institution, à nous prononcer, à échanger. Il n'a exclu aucun sujet de cette conversation qui porte sur les valeurs de l'UQAM autant que sur sa planification à court et à long terme », souligne-t-elle.

« Il a animé lui-même, partout sur le campus, les discussions autour de principes et orientations qui diront si l'UQAM est encore, ou non, engagée à se définir comme une université critique et créatrice, prête à actualiser et à rendre ainsi pérennes les idéaux de ses origines. »

Déplorant que la « participation à cette réflexion fondamentale » ait été « trop limitée », elle soutient que les actuels « instants de désolation - dont nous nous remettrons - doivent être bien moindres que notre détermination à trouver, encore, nos repères. »

Des professeurs de l'UQAM critiquent la présidente de leur syndicat

Dans un texte intitulé « Je suis aussi l'UQAM », un groupe d'environ 200 professeurs dénoncent pour leur part que la présidente de leur syndicat, Michèle Nevert, s'en soit ouvertement pris au recteur Proulx dans la foulée de l'intervention policière de la semaine dernière.

Ils déplorent que Mme Nevert se soit « interposée en faveur du groupe » issu de la faction « la plus radicale » des étudiants en grève, des manifestants.

« Ces manifestants masqués et cagoulés intimident et terrorisent étudiants, professeurs, chargés de cours et employés, vandalisent la propriété de l'université et distillent un climat de violence insupportable », écrivent-ils.

« Nous condamnons le ton et la nature des propos tenus par Mme Nevert en particulier à l'émission du matin de Radio-Canada, au lendemain du saccage. Ces interventions font énormément de tort à l'UQAM et contribuent à amplifier le niveau de crise institutionnelle. »

Extrait de la lettre

« Nous ne nous reconnaissons pas dans ces positions, apparemment prises au nom de tous les professeurs. Nous saluons cependant l'appel au calme du syndicat lors d'un point de presse, venu un peu tardivement à notre avis », poursuivent-ils.

Les signataires de cette lettre soulignent que la contestation étudiante « vise des objectifs louables de défense du système d'éducation universitaire au Québec », mais que les moyens qu'ils préconisent nuisent considérablement à la réputation de l'université.

« La situation déjà explosive avait dégénéré au point où l'intégrité physique des usagers de l'université ne pouvait plus être assurée par les agents de sécurité en place. Si la décision de l'administration d'en appeler aux forces policières peut paraître exagérée pour certains, une absence d'intervention l'aurait été encore davantage », plaident-ils.

« La tempête financière qui agite et met en péril l'avenir des universités québécoises ne se réglera pas à travers le saccage de l'UQAM », concluent-ils.

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