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«Monsieur le maire, Jean Drapeau et sa ville» : Jean Drapeau sous tous ses visages

«Monsieur le maire, Jean Drapeau et sa ville» : Jean Drapeau sous tous ses visages
Courtoisie Radio-Canada

Radio-Canada vient d’ouvrir une nouvelle case horaire consacrée aux documentaires, un créneau qui tient énormément à cœur à la directrice générale de la programmation, Dominique Chaloult.

Ainsi, le samedi, à 21 h, dans le cadre du rendez-vous 1001 vies, on pourra découvrir des productions d’ici et d’ailleurs qui, sous une autre ère, se seraient retrouvées directement à RDI, ARTV ou Explora, mais qui bénéficieront désormais d’une plus vaste fenêtre de diffusion.

Ce soir, c’est un brillant portrait, tout en nuances, de Jean Drapeau, Monsieur le maire, Jean Drapeau et sa ville, qui inaugurera la nouvelle plage. Produit par Idéacom International, réalisé par Bruno Boulianne et narré par Marc Laurendeau, qui a aussi mené les entrevues et qui est à l’origine du projet en raison de sa fascination de toujours pour le personnage, le document survole sans complaisance, sans nostalgie, la carrière politique de l’homme qui a profondément marqué le développement de Montréal, qui a été de l’avis de certains le meilleur maire que la métropole n’ait jamais connu, qu’on dépeint à la fois comme un visionnaire et comme un dictateur, et à qui la ville doit quelques-unes de ses transformations les plus majeures, comme l’implantation du métro et la construction du Stade olympique.

« Nous voulions faire connaître Jean Drapeau et son parcours politique aux jeunes générations, à ceux et celles qui ne l’ont pas connu, explique Bruno Boulianne, qui s’est joint à l’aventure de Monsieur le maire, Jean Drapeau et sa ville à la demande d’Idéacom International. Et, aussi, faire découvrir des facettes moins connues de l’homme politique à ceux qui ont vécu à son époque, ses époques, et faire revivre tout un pan de l’histoire du Québec à travers le destin politique d’un homme hors du commun, qui incarne à lui seul une bonne partie de la seconde moitié du 20e siècle. Nous voulions présenter cet homme reconnu pour ses grandes réalisations, pour sa grande capacité de persuasion, mais qui était aussi autoritaire et qui a connu quelques dérapages importants. »

« Même si Drapeau a participé de près au réveil du Québec moderne, c’était aussi un nationaliste conservateur issu de la droite religieuse, qui voulait incarner la loi, l’ordre et les valeurs familiales, tout en ne s’enfargeant pas trop avec la démocratie, poursuit Bruno Boulianne. Bref, c’était un homme plein de contradictions, de succès et de zones plus sombres, ce qui donne de la bonne matière dramatique pour un documentaire. »

Monsieur le maire, Jean Drapeau et sa ville fera office de véritable leçon d’histoire pour ceux qui ignorent l’œuvre de Jean Drapeau. Il y est question du « ménage » grâce auquel Drapeau a balayé sa cité du Red Light, de ses confrontations avec le Premier ministre du Québec d’alors, Maurice Duplessis, de la crise d’Octobre 1970, des Jeux olympiques de 1976. Peu d’éléments importants ont été escamotés, sauf peut-être les événements de Corridart, le volet artistique des Jeux olympiques, que Drapeau avait volontairement saboté, ouvertement en désaccord avec les valeurs contestataires des artistes contemporains.

Homme de contradictions

Il n’y a pas que la personnalité de Jean Drapeau qui appelait aux contradictions; les témoignages opposés qui s’entrecroisent dans Monsieur le maire, Jean Drapeau et sa ville sont également parfois aux antipodes les uns des autres. Les intervenants qui ont contribué à la biographie, soit le journaliste François Cardinal, Lise Bissonnette, Jean-Claude Germain, Richard Bergeron, Lise Payette, Guy Pinard et Yvon Lamarre, arrivent même parfois à déplorer et, du même souffle, à encenser l’être apparemment plus grand que nature qu’était Drapeau. En ce sens, Bruno Boulianne souligne ne pas avoir aspiré à concocter un hommage à Jean Drapeau avec son documentaire.

« S’il y a un hommage à voir dans le film, c’est un hommage à Montréal, mentionne le réalisateur. Nous voulions montrer l’influence que Jean Drapeau a exercée sur sa ville, qu’il aimait tant, les traces autant “positives” que “négatives” qu’il a laissées dans le paysage montréalais, dans le cœur et l’esprit des Montréalais. »

« Dès le départ, quand Marc Laurendeau, Jacques Nadeau, le coscénariste, et moi avons plongé dans la recherche, nous avons décidé que nous ne ferions pas un portrait complaisant de Drapeau. D’abord, parce que ç’a déjà été amplement fait par le passé. Et, puisque le personnage a été tellement critiqué, a posé beaucoup de gestes déplorables, nous nous devions d’en tracer un portrait sans complaisance, de parler à la fois de ses bons et de ses mauvais coups. Dans les deux cas, ils étaient très nombreux. En fait, nous souhaitions atteindre un certain équilibre, une certaine justesse, tout en respectant le point de vue de Marc sur le personnage, en sachant que Drapeau a fait de grandes choses pour Montréal et le Québec, mais qu’il a aussi commis de sérieux dérapages. C’était une question de respect pour notre histoire, notre mémoire collective, mais aussi pour raconter avec justesse Drapeau à ceux qui ne l’ont pas connu. »

Fascination

Tout au long de Monsieur le maire, Jean Drapeau et sa ville, vous entendrez Marc Laurendeau raconter Jean Drapeau d’une voix pleine de respect, pour ne pas dire d’affection. L’ex-Cynique, qui a quantité de fois parodié Drapeau sur scène, voue manifestement beaucoup d’admiration à son sujet, mais s’est bien gardé d’étaler un enthousiasme exagéré.

« Marc Laurendeau a de la fascination pour le personnage, et non pas de l’affection, rectifie Bruno Boulianne. Bien sûr que cette fascination a teinté son regard et son point de vue, mais il a toujours voulu garder un regard critique et de l’ouverture d’esprit par rapport au personnage et à ses écarts, tout en ne se gênant pas pour les exposer et en parler. Bien sûr, nous ne sommes pas ici dans l’objectivité, mais bien dans un point de vue personnel, celui de Marc, sur un personnage historique québécois. »

Toute la recherche nécessaire à Monsieur le maire, Jean Drapeau et sa ville s’est étalée de mai 2013 à avril 2014, et les tournages ont eu lieu à l’été et l’automne 2013.

Monsieur le maire, Jean Drapeau et sa ville, samedi, 11 avril, à 21 h, à Radio-Canada, puis sur Tou.tv.

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