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Pourquoi les hommes paient-ils encore l'addition au premier rendez-vous?

Pourquoi les hommes paient-ils encore l'addition?
Rick Gomez via Getty Images

On croyait ce débat d’un autre âge, et pourtant la question se pose encore systématiquement : qui paye les verres lors d’un rendez-vous amoureux? La réponse, est, évidemment, compliquée. Enquête.

Un homme et une femme sont assis à la terrasse d’un café. C’est leur premier rendez-vous. Lui, propose de payer l’addition. D’une façon très spontanée, comme si le geste allait de soi. Elle refuse. Peut-être par gêne. Ou bien par convenance. Allez savoir! Il insiste. Elle se dit qu’en refusant une nouvelle fois, elle pourrait le vexer.

La question de savoir qui paie l’addition lors du premier rendez-vous pourrait paraître anodine. Pourtant, sous couvert d’absolue spontanéité, elle répond à des règles bien précises de mise en scène ainsi qu’à des représentations ancrées dans l’inconscient collectif.

Un facteur de séduction

Pour beaucoup, l’argent, dans pareil contexte, sert à signifier l’attrait que l’on a pour l’autre et permettrait d’évaluer implicitement le désir de l’autre. C’est ainsi que le conçoit Alexandra, une jeune femme de 29 ans qui a repris ses études : “Les hommes et les femmes ont intégré l’idée que si l’homme ne paie pas, c’est que la femme ne l’intéresse pas. Si l’homme paie, c’est pour indiquer à la femme qu’il compte la revoir.” L’argent serait donc perçu comme “un facteur de séduction”. Cette interprétation vient du “patrimoine culturel commun que nous partageons”, explique Caroline Hanchoz, professeure de sciences humaines à l’université de Fribourg et experte des questions d’argent dans le couple.

D’une certaine façon, ce très bref moment constitue un examen de passage où la radinerie est proscrite. C’est pour cette raison que Marco, 35 ans, qui travaille dans les médias, dit avoir toujours payé lors de ses premiers rendez-vous : “Dans le doute, on préfère passer pour un macho que pour un homme sans manières. C’est plus facile de rectifier une fausse impression de macho qu’une fausse impression de goujat.”

Mettre en scène le désintéressement

“La manière dont l’autre fait usage ou non de son argent est observée et son comportement est évalué à la mesure de ses propres attentes”, poursuit Caroline Hanchoz. Cette observation ne s’opère pourtant pas de façon unilatérale. “Pour les hommes, il s’agit d’un test. Tu veux voir si la fille va sortir sa carte bleue. Mais à la fin, bien sûr, c’est toi qui paies!”, affirme avec nonchalance Adlane, 25 ans, chargé de communication.

“Dans ce cas, commente Caroline Hanchoz, les codes sont connus, mais on va faire comme si.” Chacun des partenaires de l’échange met en scène le désintérêt qu’il porte à l’argent et notamment à l’argent de l’autre. Ici, l’homme prouve sa générosité. La femme, le fait qu’elle est indépendante financièrement. “Il faut montrer qu’il ne s’agit pas d’une relation intéressée, qui serait perçue moins favorablement parce qu’elle se rapprocherait inconsciemment d’un rapport de prostitution”, précise Caroline Hanchoz.

L’argent, un instrument de virilité

Les hommes et les femmes interrogés sont conscients que leurs actions sont, en partie, dictées par des valeurs dépassés. Mais faire fi de ces normes communes, c’est accepter de naviguer à l’aveugle. Ainsi, certaines femmes hésitent à payer, admet Marie-Françoise Hans, auteure du livre 33 histoires de femmes et d’argent, car “elles ont peur, si elles paient, de vexer ou déviriliser les hommes qui les invitent”. Il est vrai que l’argent a très longtemps été envisagé comme un symbole de virilité et de pouvoir. Historiquement, ce sont les hommes qui ont détenu -et détiennent encore- la plupart des capitaux économiques.

Caroline Hanchoz le concède : “Avoir les moyens d’offrir, ou d’entrer dans ce système de don/contre-don, peut être vu comme un instrument de pouvoir. On peut offrir ce que l’on souhaite et mettre l’autre dans une situation où il a le devoir de rendre.” Des raisons qui expliquent pourquoi certaines femmes, comme Chloé, une avocate d’affaires de 34 ans, tiennent à payer lors du premier rendez-vous: “Je déteste passer pour une poule qui se fait entretenir. Quand je paie, ça remet tout de suite les choses à leur place concernant l’équilibre du pouvoir.”

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