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Les pharmaciens du Manitoba veulent mettre un frein à la vente libre de Tylenol nº 1

Les pharmaciens du Manitoba veulent mettre un frein à la vente de Tylenol nº 1
Radio-Canada.ca

Des pharmaciens du Manitoba demandent au gouvernement provincial et fédéral de resserrer les règlements entourant la vente de Tylenol nº 1 au Canada.

Certains limitent déjà la quantité de médicaments qu'ils placent sur les tablettes, vérifient la quantité qu'ils vendent à des clients en particulier ou demandent aux clients de s'identifier. Parfois, des pharmaciens refusent carrément de vendre ces produits dans leur pharmacie en raison des risques de dépendance.

Le Tylenol nº 1 est un antidouleur qui contient un narcotique qui peut créer une dépendance : la codéine. Chaque capsule renferme 8 milligrammes (mg) de codéine et 300 mg d'acétaminophène. En comparaison, le Tylenol nº 3 qu'on peut obtenir uniquement avec une ordonnance d'un médecin, contient 30 mg de codéine pour la même quantité d'acétaminophène.

Les gens ayant développé une dépendance au Tylenol nº 3 peuvent se procurer du Tylenol nº 1 sans ordonnance et consommer d'importantes doses d'acétaminophène pour satisfaire leur dépendance à la codéine.

Risque élevé de dépendance

« Beaucoup de nos patients ont des dépendances à des médicaments », confie le gérant de Main Street Pharmacy, Jordan Charles. Il a décidé de ne pas vendre de Tylenol nº 1 lorsqu'il est arrivé dans le quartier North End. Il n'en pouvait plus de confronter des patients au sujet de leur consommation de médicaments, surtout de substances contenant de la codéine.

« Je ne voulais plus me battre avec les dépendances des gens. »

— Jordan Charles, gérant de Main Street Pharmacy

M. Charles a déjà vu des gens venir chercher des bouteilles de 200 comprimés plusieurs fois par semaine. « Ce n'est pas cher », dit-il, « C'est un point de départ vers des médicaments sous ordonnance plus puissants ».

Il ajoute qu'il a aussi vu des utilisateurs combiner ces comprimés avec des médicaments qui combattent la nausée afin d'obtenir une sensation similaire à celle d'être ivre.

« Malheureusement, ces gens s'enfoncent lentement dans un piège. »

— Jordan Charles, gérant de Main Street Pharmacy

Les risques d'une surdose

Un pharmacien qui travaille avec l'équipe de traitement au Centre canadien de lutte contre les toxicomanies, Mark Barnes, considère que la codéine en tant que telle n'est pas si nocive, outre la dépendance qu'elle crée. Par contre, les doses massives d'acétaminophène consommées peuvent laisser des séquelles au foie.

Il reconnaît toutefois que cela semble être la dernière préoccupation des personnes aux prises avec des problèmes de dépendance.

« Vous voulez que cette douleur arrête. Prévenir le sevrage est leur principale préoccupation. Ils vont consommer une quantité importante de produits contenant de la codéine qu'on peut se procurer en vente libre afin de prévenir le sevrage au détriment de leur propre santé. »

— Mark Barnes, Centre canadien de lutte contre les toxicomanies

Mark Barnes demande au gouvernement fédéral d'imposer des restrictions pour la vente de ce type de médicaments.

Réglementation

Afin d'être vendu sans ordonnance, le règlement sur les stupéfiants du Canada prévoit qu'un antidouleur doit contenir au maximum 8 mg de codéine et être combiné avec au moins deux autres ingrédients médicinaux autres qu'un stupéfiant. L'étiquette doit clairement mentionner la présence de codéine.

Il est également inscrit dans le règlement qu'il est interdit au pharmacien de vendre ce type de préparation « lorsqu'il a des motifs raisonnables de croire que celle-ci sera utilisée à des fins autres que les fins médicales ou dentaires reconnues ».

Le Collège des pharmaciens du Manitoba croit que ses membres utilisent leur jugement professionnel pour assurer la sécurité de leur patient.

« Nous tentons de déterminer une manière d'uniformiser la manière de contrôler l'utilisation et la vente de ce produit. »

— Susan Lessard-Friesen, registraire adjointe Manitoba College of Pharmacists

Certains pharmaciens de Winnipeg croient que les consommateurs vont simplement aller ailleurs si une pharmacie refuse de vendre du Tylenol nº 1.

« Le problème est que le produit est disponible partout. »

— Veda Brakash Bangalore, pharmacienne

Le nombre de personnes qui abusent du Tylenol nº 1 au pays est inconnu puisque cette information n'est pas compilée.

La ministre de la Santé du Manitoba Sharon Blady et Santé Canada n'ont toujours pas répondu à des demandes d'entrevue.

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