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Le SCRS partage des renseignements avec plusieurs partenaires «non-traditionnels»

Le SCRS partage des renseignements avec plusieurs partenaires «non-traditionnels»

OTTAWA - Un document interne du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) révèle la présence d'un système d'échange de renseignements sur l'implication de présumés extrémistes à l'étranger avec divers partenaires, qui va au-delà du réseau habituel des "Five Eyes".

Le Canada partage déjà des informations avec quatre autres pays _ les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie et la Nouvelle-Zélande _, mais il a aussi conclu des partenariats "non traditionnels" sur cet enjeu.

La note interne, titrée "S'attaquer à la menace du déplacement des terroristes", a été obtenue par La Presse Canadienne en vertu de la Loi sur l'accès à l'information. Plusieurs données ont été caviardées dans le document de cinq pages.

Selon la note interne, le SCRS doit disposer "prioritairement" d'informations sur ce phénomène. "Obtenir les informations pertinentes sur cette menace pour conseiller le gouvernement nécessite des enquêtes approfondies au pays et à l'étranger étant donné les éléments nationaux et internationaux qu'elles comportent", a-t-on écrit.

Le SCRS a cependant remarqué que les alliés habituels du Canada avaient plutôt renforcé leurs ressources déjà existantes au lieu de créer des liens avec d'autres pays. Le Canada, quant à lui, ferait face à des "défis opérationnels et à des pressions sur les ressources" causés par des facteurs qui ont été censurés dans le document.

La note a été rédigée en septembre, un mois avant les attaques au Monument commémoratif de guerre du Canada et au parlement, à Ottawa.

Les événements du mois d'octobre ont amené le gouvernement Harper

à proposer un nouveau projet de loi antiterroriste afin de mieux cibler les présumés extrémistes qui vont se battre à l'étranger. Les nouvelles mesures permettraient aussi de déléguer de nouveaux pouvoirs au SCRS pour qu'il puisse obtenir un mandat afin d'enquêter dans d'autres pays.

Le SCRS craint que les extrémistes qui se rendent en Irak et en Syrie reviennent au Canada pour perpétrer des attentats terroristes.

Amnistie internationale Canada a indiqué que c'est ce genre d'échange d'informations qui a mené à la torture de quatre Canadiens d'origine arabe à l'étranger après les attaques du 11 septembre 2001.

"L'expression "déplacement des terroristes" est aléatoire et tendancieuse. Qui serait visé?", a lancé Alex Neve, secrétaire général de l'organisme.

Selon M. Neve, ce partage d'informations avec des partenaires non traditionnels pourrait mener à des abus puisque plusieurs de ces pays ont un piètre bilan en matière de droits de l'homme. Même l'échange d'informations avec les alliés traditionnels suscite des questions, selon M. Neve, "sur ce qui est partagé, sur qui et vers quel pays".

Maher Arar, un Canadien d'origine syrienne, a été arrêté à New York avant d'être déporté en Syrie, où il est resté détenu. Sous la torture, il avait fait de fausses confessions sur son implication dans le groupe extrémiste Al-Qaïda. Le gouvernement fédéral avait conclu que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) avait fourni des informations erronées aux autorités américaines, qui auraient mené à la détention de M. Arar.

Un autre rapport d'enquête déposé en 2008 par l'ancien juge de la Cour suprême Frank Iacobucci avait conclu que le Canada était en partie responsable des sévices subis par trois autres Canadiens d'origine arabe, qui avaient été emprisonnés et torturés en Syrie. Les autorités canadiennes avaient partagé de l'information, y compris des allégations non corroborées, avec des services de renseignement étrangers.

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