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L'accord sur le nucléaire en Iran et son impact sur l'héritage de Barack Obama en politique étrangère

Accord sur le nucléaire en Iran: quel impact sur l'héritage d'Obama?
BOSTON - MARCH 30: President Barack Obama speaks during a formal ceremony to dedicate the Edward M. Kennedy Institute for the United States Senate in Boston on March 30, 2015. (Photo by Jessica Rinaldi/The Boston Globe via Getty Images)
Boston Globe via Getty Images
BOSTON - MARCH 30: President Barack Obama speaks during a formal ceremony to dedicate the Edward M. Kennedy Institute for the United States Senate in Boston on March 30, 2015. (Photo by Jessica Rinaldi/The Boston Globe via Getty Images)

WASHINGTON – Les cheveux aujourd’hui presque complètement gris, le ton sombre mais néanmoins chargé d’un espoir sincère, le président Barack Obama a pris la parole dans le Rose Garden de la Maison Blanche jeudi 2 avril pour défendre l’axe central de son second mandat, sa vision sur la manière de gérer les relations avec les États dangereux et son propre rôle dans l’Histoire.

C’était un Obama à son zénith, menant à bien ce qu’il perçoit comme sa destinée: un pacificateur tranquille et pragmatique. À 53 ans, encore jeune au regard de l’âge des autres dirigeants mondiaux, Obama a invoqué trois présidents de la période de la guerre froide — John F. Kennedy, Richard Nixon et Ronald Reagan — pour revendiquer avoir conclu, avec l’Iran, un projet d’accord qui pourrait être historique.

Par cette approche, a affirmé le président, les États-Unis et leurs partenaires ont montré que la force militaire n’était pas, au 21e siècle, le seul moyen ni même le premier pour faire progresser la paix.

Au cours de sa déclaration, Obama a relevé qu’au point culminant de la confrontation — bien plus dangereuse — avec l’Union soviétique, le jeune président Kennedy avait affirmé "nous ne devons pas négocier parce que nous avons peur, mais nous ne devons pas avoir peur de négocier". Et effectivement Kennedy avait négocié, comme Nixon et Reagan par la suite. Les accords de limitation des armements stratégiques en sont nés. Et l’Union soviétique s’est effondrée.

Un choix qui définit l’orientation d’une présidence

L’accord avec l’Iran, quand et s’il est finalisé, sera au second mandat d’Obama ce que l’Obamacare a été au premier: un choix assumé, très risqué, qui définit l’orientation d’une présidence. Là encore, il se jette dans le bain d’un problème complexe, en apparence insoluble. Là encore, il risque non seulement d’échouer mais aussi de diviser encore plus profondément le système politique américain, déjà mal en point.

Il n’a fallu que quelques minutes à ses détracteurs pour dénoncer le projet d’accord. Il est presque assuré que les Républicains, qui contrôlent le Congrès, essaieront de le faire dérailler. Et même s’ils procèdent de bonne foi, ils modifieront peut-être tellement les termes de l’accord que Téhéran le rejettera.

Les raisons sont nombreuses de douter des intentions iraniennes. Notamment parce que, comme Obama l’a lui-même reconnu, l’Iran continue à soutenir des terroristes dans le monde entier, à élaborer des systèmes de missiles et à utiliser des intermédiaires pour contrôler Bagdad, Beyrouth et Damas et même, aujourd’hui, le Yémen.

Les Israéliens ne sont pas les seuls à redouter la menace iranienne. Les États arabes du Golfe persique, en premier lieu l’Arabie saoudite, ont développé des peurs d’ordre confessionnel et ethnique à l’égard des chiites et des Perses, qui remontent à plus d’un millénaire.

Mais s’il faut retenir une constante de la vie publique d’Obama, c’est bien sa détermination à trouver des réponses qui ne commencent ni ne finissent par l’usage de la force militaire.

Son discours contre la guerre en Irak en 2002 lui a, au bout du compte, permis de prendre le dessus sur Hillary Clinton en 2008. Ses promesses de mettre fin à l’engagement militaire des États-Unis en Irak et en Afghanistan ont été cruciales pour sa victoire aux présidentielles.

Le peuple américain voulait le contraire de l’image qu’il avait fini par se faire du président George W. Bush — un "décideur bombardier" qui ne connaissait pas grand-chose aux autres cultures et y prêtait encore moins d’intérêt, et qui n’avait aucune imagination pour les solutions de nature autre que militaire.

L'accord ne repose pas sur la confiance accordée à l’Iran

L’accord avec l’Iran tiendra-t-il? S’effondrera-t-il du fait des enjeux américains de politique intérieure? Personne ne peut le dire, mais Obama peut sans doute tirer un certain réconfort d’avoir déjà traversé la version américano-américaine de cette histoire.

Prenons en exemple l’Obamacare.

Un projet éminemment complexe, avec de si nombreuses composantes entremêlées que même les experts avaient du mal à en prendre la mesure.

Les Républicains détestaient cette loi et ont tenté de la repousser au Congrès par tous les moyens dont ils disposaient.

Obama a tout misé sur un accord, élevant ce projet au rang de joyau de son programme économique et intérieur. Il était en permanence pendu au téléphone avec les négociateurs. Il en connaissait tous les détails.

Au final, il l’a emporté. Et l’Obamacare fonctionne beaucoup mieux que ses détracteurs du GOP annonçaient.

Sur l’Iran, le président argue qu’il est encore plus méfiant que Reagan ne l’était en son temps. Alors qu’il négociait avec les dirigeants soviétiques sur le contrôle des stocks d’armements dans les années 80, Reagan s’engageait à "faire confiance mais vérifier".

Obama souligne avec insistance qu’il n’accorde aucune confiance à l’Iran et il nous assure que le monde — en l’occurrence l’Agence internationale de l’énergie atomique — pourra effectivement "vérifier".

Les Iraniens ont réussi à cacher pendant des années des installations nucléaires secrètes. Aujourd’hui, Obama nous dit que "la voie diplomatique est la meilleure solution" pour empêcher l’Iran de recommencer.

Il faudra peut-être attendre des années avant de savoir s’il a raison. Mais sa foi dans sa propre stratégie ne devrait étonner personne.

Ce blog, publié à l’origine sur The Huffington Post, a été traduit de l’anglais par Mathieu Bouquet.

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