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Hillary Clinton dans la tempête à l'aube de sa candidature pour la présidentielle de 2016

Avant le retour d'Hillary Clinton, la tempête
Former Secretary of State Hillary Rodham Clinton, at an event hosted by the Center for American Progress (CAP) and the America Federation of State, County and Municipal Employees (AFSCME), in Washington, Monday, March 23, 2015. (AP Photo/Pablo Martinez Monsivais)
ASSOCIATED PRESS
Former Secretary of State Hillary Rodham Clinton, at an event hosted by the Center for American Progress (CAP) and the America Federation of State, County and Municipal Employees (AFSCME), in Washington, Monday, March 23, 2015. (AP Photo/Pablo Martinez Monsivais)

Le compte à rebours est lancé. Rien n'est officiel mais les médias américains comme ses proches en sont persuadés: Hillary Clinton devrait se lancer dans la course à la prochaine élection présidentielle dans le courant du mois d'avril.

Les soutiens bouillonnent d'impatience depuis des mois devant les sondages qui sont très favorables à l'ancienne secrétaire d'État mais cette dernière n'a pas voulu se précipiter. Hors de question de répéter les erreurs qui l'ont fait perdre face à Barack Obama en 2008.

Mais malgré cette prudence affichée, la déclaration tant attendue ne devrait pas se faire dans les conditions espérées. La femme la plus admirée des Américains se trouve en effet depuis le début du mois de mars au centre d'une polémique qui a pris une ampleur inattendue sur l'utilisation de sa messagerie personnelle pour ses échanges électroniques professionnels quand elle était à la tête de la diplomatie.

Alors que l'annonce de sa candidature pour l'investiture démocrate en vue de la présidentielle approche à grand pas, Le HuffPost revient sur ce caillou dans la chaussure de Hillary Clinton qui n'empêche pas la machine des préparatifs de campagne de commencer à tourner à plein régime.

Poursuivie par Benghazi

Pour comprendre la tempête médiatique dans laquelle se retrouve Hillary Clinton, il faut tout d'abord remonter en 2012 et faire près de 8000 kilomètres en direction de la Libye.

Les 11 et 12 septembre, à Benghazi, le consulat américain et un complexe de la CIA sont pris d'assaut par des miliciens islamistes. Le premier bâtiment est infiltré puis incendié: l'ambassadeur Chris Stevens et un autre Américain meurent. Le second est visé par des tirs de mortiers qui finissent par coûter la vie à deux employés chargés de la sécurité.

L'attentat déclenche un tollé politique aux États-Unis, alimenté par l'opposition républicaine en pleine campagne pour la présidentielle 2012, contre l'administration démocrate de Barack Obama et plus particulièrement contre Hillary Clinton en dénonçant un manque de préparation et une mauvaise gestion de la situation.

Trois mois plus tard, les résultats d'une enquête font état d'un dispositif de sécurité "extrêmement inadapté" avant l'attaque à cause d'une gestion défectueuse dans le département d’État mais blanchissent la chef de la diplomatie. Ces conclusions ne suffisent cependant pas aux républicains qui parviennent à faire voter en mai 2014 la création d'une commission d'enquête parlementaire pour se plonger dans certains documents précis de ce dossier... comme les emails d'Hillary Clinton.

hdr22@clintonemail.com

Si ces échanges électroniques ont vocation à être archivés et rendus publics dans un souci de transparence, les opposants aux démocrates sont forcés de les réclamer en octobre 2014 car, près de deux ans après son départ du gouvernement, Hillary Clinton ne les a pas encore partagés avec les Archives nationales.

C'est à ce moment que l'on se rend compte que la femme politique n'a en fait pas utilisé une adresse email gouvernementale en ".gov" — avec laquelle les messages sont automatiquement sauvegardés pour être mis à disposition — afin de travailler, mais son compte personnel "hdr22@clintonemail.com".

À la demande du département d'État, ses avocats fournissent donc environ 55 000 pages remplies d'emails liés à ses responsabilités officielles. Au début du mois de mars 2015, un article du New York Times révèle l'information et met le feu aux poudres en assurant que la pratique — déconseillée mais légale — pose de sérieux problèmes de sécurité.

Après une semaine de silence radio, l'intéressée explique avoir procédé de la sorte pour éviter d'avoir deux téléphones et regrette tout en insistant qu'il n'était pas interdit d'utiliser sa propre adresse. Mais ce qui interpelle vraiment, au final, n'est pas tellement l'utilisation de sa messagerie personnelle, même si cela en étonne plus d'un, y compris Barack Obama:

C'est surtout le fait que ses échanges soient stockés sur un serveur à son domicile, et donc potentiellement perméable aux tentatives de piratage, mais aussi que la femme de Bill Clinton a pu faire elle-même le tri dans les 62 320 messages qui y sont accumulés entre mars 2009 et février 2013, avant d'en fournir 30 490 jugés professionnels.

Le président de la commission d'enquête de la Chambre des représentants sur les attaques de Benghazi ne manque pas de crier au scandale et demande alors à ce que le fameux serveur soit remis à un tiers pour vérifier son contenu. Ce qu'Hillary Clinton refuse de faire: elle assure samedi 28 mars que les emails concernés ont été transférés au département d'État et les autres — sur ses cours de yoga ou ses vacances —ont, eux, été effacés pour préserver sa vie privée.

Seule ombre au tableau

Cet acharnement des républicains dans cette affaire qui remonte aux attaques de Benghazi, s'explique probablement par le fait que la gestion de cet attentat meurtrier de 2012 est l'un des rares points noirs du bilan d'Hillary Clinton en tant que secrétaire d'État.

Le reste de son bilan à la tête des Affaires étrangères est effectivement relativement neutre. Pas d'échecs retentissants à signaler mais aucun accomplissement éblouissant non plus à mettre en exergue.

Beaucoup saluent tout de même un aspect: son dévouement incontestable dès sa prise de fonction pour redorer le blason du pays dont l'image a été sérieusement écornée sur la scène internationale après deux mandats de George W. Bush, deux guerres et une économie qui commençait sérieusement à battre de l'aile.

Avec un record de 112 pays visités, Hillary Clinton ne s'est en effet pas reposée sur ses lauriers. Elle a effectué plus d'un million et demi de kilomètres pour ces différents voyages grâce auxquels elle estime avoir "revitalisé la diplomatie américaine et consolidé ses alliances", au détriment de nombreuses heures de sommeil.

Machine en marche

Deux ans après son départ du gouvernement, Hillary Clinton semble s'être reposée et être prête à redescendre dans l'arène. Ses nombreux soutiens y croient en tout cas dur comme fer et ont accéléré les événements pour récolter des fonds qui seront bien utiles au moment de lancer la campagne.

Créé en 2013, le "super PAC" — comité d'action politique sans aucune limite de don — Ready for Hillary a par exemple rassemblé 9 millions de dollars en 2014. Il est l'un des plus important dans sa catégorie mais une dizaine d'autres organisations similaires sont déjà en place et tournent à plein régime.

Et il n'y a pas que du côté des finances que les choses bougent. D'autres signes ne trompent pas sur les préparatifs en cours, comme les nombreux mouvements de personnel. Plusieurs conseillers de Barack Obama ont en effet quitté les uns après les autres la Maison Blanche pour rejoindre l'équipe d'Hillary Clinton ces dernières semaines.

La polémique autour des emails de la démocrate ne semble pas non plus avoir découragé les sponsors plus modestes mais qui ne manquent pas d'idées insolites. Comme ce projet de fabriquer — pour 15 dollars — des figurines "prêtes à l'action!" de l'ex First Lady ou d'envoyer à cette dernière — pour un dollar — une carte postale l'invitant à se lancer dans la course à la présidence au plus vite.

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