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Et si le polyamour était l'avenir du couple?

Et si le polyamour était l'avenir du couple?
Céline Nieszawer

Depuis quelques années, le polyamour fait de plus en plus parler de lui. L'amour à plusieurs ne vaut-il pas tout autant que l'amour à deux, tels que nous le connaissons? La sexologue Magali Croset-Calisto met en lumière d'autres possibilités d'aimer.

Le polyamour, une manière différente de vivre et de penser les relations sentimentales

Mais tout d'abord, de quoi s'agit-il exactement? "Le polyamour est une manière différente de vivre et de penser les relations sentimentales puisqu’il implique toujours plus de deux personnes. Ce choix de vie part de la constatation qu’une seule personne ne peut et ne doit être contrainte de combler tous les désirs et besoins d’une autre personne", précisait récemment dans une tribune sur Le HuffPost Magali Croset-Calisto. Deux personnes peuvent être en couple et vivre d'autres relations, mais le couple n'est pas un pilier nécessaire à des relations polyamoureuses. Certaines personnes peuvent tout simplement aimer plusieurs personnes sans avoir un partenaire "primaire".

Que peut apporter de plus ce mode de vie par rapport à une relation traditionnelle, monogame? "Ouverture, respect et écoute de l’autre sont les maîtres mots, affirme la sexologue. Le polyamour est intimement lié aussi aux notions d’honnêteté et de sincérité dans la mesure où il se construit sur la connaissance et l’acceptation de la situation pour chaque personne impliquée dans la relation".

L'honnêteté et la sincérité. Pour Magali Croset-Calisto comme pour Meta, une polyamoureuse dont Rue89 avait fait le portrait, ces deux valeurs sont au cœur du polyamour. "Le consentement est la condition sine qua non pour entrer dans la relation et tout le monde a le droit de bénéficier de la liberté accordée aux autres", expliquait ainsi cette dernière. Cette forme d'amour "se nourrit de réflexion, de confiance et de rapports égalitaires entre les partenaires" résume donc Magali Croset-Calisto.

Adieu jalousie, bonjour empathie

Après s'être mis d'accord sur l'éventualité de relations amoureuses avec d'autres personnes, les polyamoureux affirment parvenir non seulement à les accepter mais également à se réjouir du bonheur des autres, plutôt que d'éprouver de la jalousie. Ils définissent ce sentiment qui serait propre au polyamour par le mot "compersion", un terme anglais auquel notre sexologue préfère le terme d'empathie, "lorsqu'une personne réussit à dépasser ses propres sensations pour vivre et comprendre celles d'autrui, y compris en matière de joie et d'amour". C'est un sentiment que nous ne connaissons pas, car habitués à des relations de confiance avec un seul partenaire, dans lesquelles un rapport avec une autre personne est vécu comme une trahison.

"Nous sommes éduqués pour croire que quand nous sommes la moitié d'un couple, tout notre bonheur et notre plaisir devrait venir d'un seul partenaire et que nous ne devrions l'expérimenter qu'ensemble", témoignait sur le Huffington Post américain Gracie X, auteur, actrice, et adepte du polyamour. "La compersion défie cette idéologie. Elle soutient l'idée qu'on est un être vivant avec de potentiels désirs ou besoins divergents. Avoir des expériences sexuelles et amoureuses distinctes ne signifie pas que notre relation est un échec, au contraire, cela peut renforcer le lien entre nous".

Les personnes embrassant ce mode de vie rapportent notamment se sentir plus libres. "Il y a moins de pression dans la relation. C’est-à-dire que si ma petite amie a certaines envies avec lesquelles je ne suis pas en phase, elle peut trouver son bonheur ailleurs. Les demandes ne sont donc pas vécues comme des exigences", témoignait sur Le Plus Guilain, polyamoureux assumé. A ce titre, Magali Croset-Calisto nous explique d'ailleurs que dans les relations polyamoureuses, "contrairement à la monogamie, le mensonge et l'adultère deviennent obsolètes, la réciprocité des échanges participe de la construction d'une complicité joyeuse et engagée des partenaires."

Tout le monde n'est toutefois pas fait pour ce mode de vie. Si, sur le papier, le polyamour présente bon nombre d'avantages, dans la pratique de nombreux obstacles sont à franchir quand on veut vivre plusieurs relations à la fois. "Ce mode de vie peut devenir très vite anxiogène pour les personnes de type anxieux ou insécure qui ne peuvent comprendre l'authenticité des amours plurielles", avertit Magali Croset-Calisto.

La principale difficulté, selon elle, est d'abord soi-même. L'éducation et le conditionnement qu'on a reçu peuvent aller "à l'encontre de l'émancipation amoureuse et éclairée, notamment lorsqu’ils proviennent d’une forte culture judéo-chrétienne qui place l’exclusivité sexuelle en tant que valeur suprême à ne pas enfreindre". S'ajoute à cela les difficultés à gérer la jalousie. L'empathie (compersion) dont nous parlions plus haut, qui peut être ressentie lorsque son ou ses partenaires fréquentent d'autres personnes est parfois un long apprentissage. Enfin, même les polyamoureux sûrs d'eux auront affaire au regard des autres. "La pression sociétale demeure très forte", indique la sexologue. "Ce style de vie -qui existe pourtant depuis toujours dans la littérature et les rapports humains- n'est pas un choix facile à mener au quotidien. Il génère souvent de la suspicion et de l'incompréhension de la part de l'entourage".

Avec ses multiples atouts, le polyamour pourrait bien avoir de l'avenir. Mais, comme toujours lorsqu'il s'agit de relations amoureuses, il n'existe pas de formule magique. "Chaque individu doit essayer de sonder ses désirs profonds pour trouver quel mode de vie correspond au mieux à ses attentes", précise Magali Croset-Calisto.

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