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«La passion d'Augustine»: Les religieuses contre-attaquent (ENTREVUE)

ENTREVUE avec Léa Pool. réalisatrice de «La passion d'Augustine»

Avec La passion d’Augustine, Léa Pool (À corps perdu) signe un film choral ancré en pleine Révolution tranquille où des sœurs catholiques se battent pour préserver leur école de musique. Soutenu par une distribution toute féminine, Céline Bonnier, Pierrette Robitaille, Valérie Blais et Diane Lavallée en tête, le long métrage d’époque vient donner une autre image de la religieuse sans émotion et tortionnaire. Entrevue.

D’origine suisse, Léa Pool est arrivée à Montréal en 1975. « Tout était en effervescence, se souvient-elle. La vie culturelle connaissait un boom incroyable. L’époque était à l’insouciance et à la fête. »

Campé à la fin des années 1960, le film se déroule quelque temps avant l’arrivée de la cinéaste au Québec. « C’était encore frais dans les esprits. Ce passé pas si lointain avait encore laissé des traces chez beaucoup de personnes.»

Aujourd’hui, la réalisatrice et coscénariste du film pense que les Québécois sont prêts à revisiter leur histoire. « J’ai un avantage, dit-elle. Je n’ai pas à régler mes comptes avec cette histoire. Je viens d’une culture judéoprotestante, même si chez nous, on n’était pas vraiment religieux. »

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La passion d'Augustine - Affiche

« La passion d'Augustine » de Léa Pool

C’est cette distance qui a permis à Léa Pool de raconter cette marche vers la modernité. « Je raconte la fin d’une époque. Je voulais parler de toutes ces femmes remarquables en posant ma caméra sur l’intimité dans la vie de ces religieuses qui nous racontent à leur manière la grande avancée de l’histoire. »

Un patrimoine religieux largué aux oubliettes

L’émancipation de la femme par les mouvements féministes des années 1970 a permis une véritable libération. Léa Pool ne regrette pas le temps des religieuses, il reste qu’elle voulait avec son film s’attarder sur l’apport positif de toutes ses communautés religieuses aujourd’hui disparues.

« Le Québec devait inévitablement se libérer. C’était terrible pour les religieuses de se dévoiler, mais c’était nécessaire. Toutefois, à travers ça, on devrait regarder toutes ces femmes avec un peu plus avec tendresse et bienveillance. »

À ce titre, elle déplore d’ailleurs la dilapidation de tout un patrimoine. « On ne peut pas nier l’histoire d’un peuple. Tout a été jeté à terre comme si plus rien n’avait existé. Je trouve cela terrible. »

Le retour du religieux lui fait peur. « Le voile des musulmanes n’est pas loin de ces religieuses, avance-t-elle. Je suis pour la laïcité, mais ce qui s’est passé avec la Charte est allé trop loin. La dérive, c’est de faire une chasse aux sorcières. »

Léa Pool insiste. Son film est davantage une œuvre sur la musique que sur la religion. « J’ai travaillé beaucoup sur l’aspect musical du long métrage. La musique est d’ailleurs un personnage à part entière. Elle élève les sens vers une forme de spiritualité. »

La passion d’Augustine – Les Films Séville – Comédie dramatique – 103 minutes – Sortie en salles le 20 mars 2015 – Canada, Québec.

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