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Joke, poète sans filtre (ENTREVUE)

Joke, poète sans filtre (ENTREVUE)

Avec un premier album, Ateyaba, qui s’est vendu comme des petits pains, Joke est devenu en quelques mois le nouvel espoir du rap français. Doté d’un style brut et d’une musique décapante, le rappeur de Montpellier joue la carte de la provocation. De passage à Montréal, l’artiste s’est entretenu avec le Huffington Post Québec.

C’est la première fois que Joke met les pieds chez nous. « J’aime beaucoup, lance-t-il, la casquette bien vissée sur la tête. Cela fait longtemps que je voulais venir ici. »

Joke – alias Gilles Soler — a hâte de monter sur scène pour faire découvrir sa musique au public de Montréal lors d'un seul concert prévu samedi soir au Théâtre Fairmount. « Je vais offrir le spectacle que je donne déjà en Europe. Je fais un va-et-vient entre les chansons de mon nouvel album et mes premiers projets musicaux. »

Son premier album intitulé Ateyaba est sorti en 2014. Un disque composé de 19 chansons dans lequel l’artiste se lâche. « Je n’y vais pas de main morte, dit-il. Je dévoile toutes mes facettes. Cette œuvre faite dans l’urgence est la réunion de beaucoup de choses. »

En effet, le rappeur mélange les genres et les musiques. Mélodies rhythm 'n' blues ou sonorités électroniques, son rap s’affranchit des frontières du hip-hop jusqu’à lui donner un nouveau souffle.

« Je suis assez éclectique dans mes goûts musicaux. En ce moment, le rap en France suit une tendance “trap” qui l’empêche de s’ouvrir. On accuse cinq ans de retard face au rap des États-Unis. Les tendances ne m’intéressent pas. Je n’ai jamais voulu faire du vieux rap américain. »

Une vulgarité assumée

L’album à un contenu particulier que Joke n’hésite pas à qualifier de « schizophrène ». Frappant de tous les côtés, le rappeur s’amuse ou devient très sérieux. Les mots sont crus. « On me reproche d’être vulgaire, mais je travaille à l’instinct, explique-t-il. Il y a des chansons à prendre au second degré et d’autres qui touchent là où ça fait mal. »

Un exemple? « Le morceau “4 Pattes”, c’est vraiment du n’importe quoi, tandis qu’avec “Atebaya”, le texte de la chanson ne comporte aucun gros mot. »

Atebaya, qui donne son titre à l’album, est le nom de son grand-père, Togolais parti faire la guerre sous le drapeau tricolore. « Je ne l’ai jamais connu. Je voulais raconter son histoire, lui qui s’est battu pour la France. Il a fait la guerre d’Algérie et celle d’Indochine. Et puis, ma mère quand elle est arrivée au pays, elle a dû se battre quinze ans pour avoir la nationalité française, alors que son père a risqué sa vie en allant tuer des gens pour la France. »

L’artiste règle ses comptes aussi. Dans le titre Majeur en l’air, il n’hésite pas à chanter : « L’État français, je lui fais sa fête, nique sa grand-mère le 14 juillet. Pour enculer Marianne, il faut juste les papiers pour s’essuyer. » Des paroles violentes qu’il assume pleinement.

« Ces mots ont choqué des gens, mais cela n’a rien à voir avec le fait que j’aime ou pas la France. Je suis Français de toute façon. Par contre, ce que je n’aime pas dans mon pays, c’est l’hypocrisie et le racisme. »

D’ailleurs, le chanteur qui vit toujours à Montpellier expérimente le rejet de ses origines au quotidien. « Quand je vais à Paris, il m’arrive des fois que le contrôleur du train ne contrôle que moi dans le wagon. Ce n’est pas normal. »

Pourtant, Joke ne l’a pas eu facile. La galère, il connaît. Parti vivre dans la capitale française à 20 ans pour percer dans le métier, le jeune homme a bien cru plusieurs fois qu’il n’y arriverait pas. « J’ai vraiment souffert là-bas. Des fois, je ne mangeais pas. Mais quand tu veux réussir et que tu es certain de ton potentiel, alors faut s’accrocher, galère ou pas galère. »

Depuis, il est retourné vivre dans le sud de la France, gardant de Paris un mauvais souvenir. « Je n’ai pas aimé. Les relations humaines y sont fausses. Les gens sont vos amis par intérêt. Je ne suis pas comme cela. Je ne peux pas me forcer à aimer des gens que je n’aime pas. À Montpellier, il y a ma famille et mes amis d’enfance. Je suis assez attaché à eux. On ne se ment pas entre nous. »

Joke en concert à Montréal

Le 21 mars au Théâtre Fairmount

Ancien Cabaret du Mile-End - 5240, Avenue du Parc, Montréal

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