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Immigration: PKP crée un malaise

Débat du PQ : PKP crée un malaise en parlant d'immigration

QUÉBEC _ Le candidat à la direction du Parti québécois Pierre Karl Péladeau a suscité un malaise, mercredi, en laissant entendre que l'immigration met en péril le projet d'indépendance du Québec.

Lors d'un débat réunissant les quatre autres aspirants, M. Péladeau a affirmé que l'évolution démographique et l'immigration font en sorte que le temps presse de faire la souveraineté.

Le favori dans la course a affirmé que ces changements sont responsables d'un recul constant sur le terrain électoral.

"Nous-là, on n'aura pas 25 ans devant nous pour le réaliser, a-t-il dit. Avec la démographie, avec l'immigration, c'est certain qu'on perd un comté à chaque année. On souhaiterait pouvoir mieux la contrôler, mais ne nous faisons pas d'illusion."

M. Péladeau a insisté sur l'influence du gouvernement fédéral auprès des nouveaux arrivants.

"Qui prend en charge, les immigrés qui viennent s'installer ici au Québec, c'est le gouvernement fédéral, a-t-il dit. Certes, nous avons une compétence partagée, mais on prête serment à la reine. Alors on n'a pas 25 ans devant nous, c'est maintenant que nous devons travailler."

M. Péladeau a fait cette déclaration lors d'un segment du débat, devant environ 350 personnes dans un amphithéâtre de l'Université Laval, qui l'opposait à Alexandre Cloutier.

Écoutez ses propos dans cette vidéo vers 1 heure 50 minutes.

Autre aspirant, M. Cloutier a tout de suite pris ses distances des propos de M. Péladeau.

"Je la vois l'urgence de faire la souveraineté du Québec parce que je les vois les opportunités, a-t-il dit. Mais là où j'ai une divergence, Pierre Karl, honnêtement, pour moi l'immigration n'a rien à voir là-dedans."

Lors d'un point de presse qui a suivi, M. Péladeau s'est défendu d'avoir voulu attaquer les immigrants.

Le candidat a expliqué que ses propos visaient à montrer l'importance de déployer autant d'efforts que le gouvernement fédéral dans l'accueil des immigrants.

"Il faut faire contrepoids à l'énorme machine de propagande fédérale, a-t-il dit. Il m'apparaît essentiel justement que nous ayons des structures d'accueil. Le Québec a toujours été un pays d'ouverture, mais quand Sheila Copps est passée par là, elle l'a sorti le drapeau canadien."

M. Péladeau, député de Saint-Jérôme, a vanté l'apport des immigrants à la société québécoise.

"Le Québec s'est enrichi de la diversité des gens qui sont venus s'y installer, et jamais d'aucune façon nous allons cesser cette richesse, cet enrichissement lié à l'augmentation de la diversité", a-t-il dit.

M. Péladeau a toutefois maintenu que le temps presse pour les souverainistes.

"Les commentateurs politiques le disent, vous le savez, non, nous n'avons pas 25 ans pour faire le pays, a-t-il dit. Je me suis engagé de faire en sorte que, effectivement, nous prenions les moyens. Prenons les outils pour convaincre la grande majorité des citoyens."

En échangeant à leur tour avec les journalistes, M. Cloutier et Pierre Céré, un autre candidat, ont exprimé leur malaise face aux propos de M. Péladeau.

"Je vous avouerai toutefois que j'ai eu un malaise, à la fin du débat, a dit M. Cloutier. Je suis resté surpris. Je n'avais pas vu arriver de tels propos."

M. Cloutier, député de Lac-Saint-Jean, a affirmé qu'il fallait inclure les Néo-Québécois au projet souverainiste.

"Pour moi les Néo-Québécois font clairement partie de la solution, a-t-il dit. Ils ne sont pas des adversaires, ils sont des partenaires du projet de la souveraineté."

M. Céré a affirmé que M. Péladeau a commis un faux-pas avec ses propos sur l'immigration, dont l'impact sera "extrêmement malheureux et dommageables" pour le PQ.

"C'est le malaise, a-t-il dit. Bien sûr que c'est le malaise. Non seulement ce qui a été dit de façon maladroite, je crois, mais c'est qu'une partie de la salle a applaudi et les propos étaient assez clairs et limpides. Alors ça aussi malaise, je dois avouer."

Rencontrant à son tour la presse, Bernard Drainville, a affirmé qu'il ne faisait pas de distinction concernant l'immigration quand il est question du projet souverainiste.

"Notre responsabilité comme homme et femme politique, c'est de convaincre nos concitoyens, a-t-il dit. Je ne fais aucune distinction entre un concitoyen dont les ancêtres sont arrivés ici en 1650 et un concitoyen dont la famille est arrivée à Dorval la semaine (passée)."

M. Drainville, député de Marie-Victorin, a refusé de commenter les propos de M. Péladeau, actionnaire de contrôle du conglomérat Québecor.

Autre candidate à la chefferie, Martine Ouellet, députée de Vachon, a insisté sur l'importance d'établir un dialogue avec les communautés culturelles.

"Les nouveaux Québécois, il faut travailler avec eux et je pense que l'immigration est une force", a-t-elle dit.

Avant de commenter davantage, Mme Ouellet a invité M. Péladeau à préciser ses propos.

"Pour moi, ce n'est pas clair ce qui a été dit, a-t-il dit. Et d'ailleurs c'est peut-être ce que je trouve de toute la course, toutes les positions, pour moi ce n'est pas clair ce qu'il a dit aujourd'hui."

Les candidats à la direction du Parti québécois se sont livrés mercredi à un deuxième débat où les affrontements ont été moins nombreux que la semaine dernière, alors que le favori dans la course, M. Péladeau, avait été la cible principale de ses adversaires.

Le débat, organisé par le Comité national des jeunes du Parti québécois, s'est déroulé à l'Université Laval, devant environ 350 personnes autour des thèmes de l'économie, du développement durable, de la souveraineté et de l'identité québécoise.

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