À travers des entrevues avec des historiens et des Amérindiens, le comédien Roy Dupuis explore l'identité québécoise et tente de démontrer qu'elle est le fruit d'un important métissage entre la culture des colons français et celle des Premières Nations. À découvrir dans L'Empreinte.
Le Huffington Post Québec et Mediafilm.ca vous présentent les films qui prennent l'affiche cette semaine au Québec:
Films de la semaine - 13 mars 2015
'71
Grande-Bretagne. 2013. 99 min.
Drame de guerre de Yann Demange avec Jack O'Connell, Sam Reid, Paul Anderson, Richard Dormer, Sean Harris, Charlie Murphy.
En 1971, à peine ses classes terminées, le jeune Gary Hook, fantassin britannique de deuxième classe, apprend qu'il part avec son régiment pour Belfast, la capitale de l'Irlande du Nord déchirée par la guerre civile entre les catholiques et les protestants. Son unité est dépêchée à Falls Road, un quartier qui chevauche la frontière invisible séparant les deux districts, où les soldats anglais ont pour mission d'assister la police locale lors d'une perquisition. Mais l'opération tourne mal, forçant le régiment à battre en retraite en oubliant Gary, qui se retrouve du coup abandonné en territoire ennemi. Recherché à la fois par l'armée anglaise et par l'IRA, le jeune soldat blessé passe une nuit d'enfer à errer, dans une ville qu'il ne connait pas. De cul-de-sac en coupe-gorge, il croise amis et ennemis, sans pouvoir toujours départager les uns des autres.
Palpitante course-poursuite en territoire ennemi, ce suspense haletant du nouveau venu Yann Demange est moins une oeuvre politique qu'un formidable film de genre. Malgré un scénario qui accumule coincidences et invraisemblances, l'ensemble s'impose par sa réalisation très maîtrisée, sa tension constante et l'interprétation remarquable de Jack O'Connell (UNBROKEN).
THE BABADOOK
Australie. 2014. 93 min.
Drame d'horreur de Jennifer Kent avec Essie Davis, Noah Wiseman, Hayley McElhinney, Daniel Henshall, Barbara West, Benjamin Winspear, Tim Purcell.
Six ans après la mort violente de son mari, Amelia peine encore à gérer les crises d'angoisse de son fils Samuel, un enfant difficile et incontrôlable qu'elle a, de surcroît, parfois du mal à aimer. Quand un luxueux livre pour enfants, intitulé "Mister Babadook", apparaît mystérieusement dans sa chambre, Samuel devient convaincu que le protagoniste du récit n'est nul autre que le monstre qui vient régulièrement hanter ses cauchemars et qui menace de les tuer, lui et sa mère. Alors que les crises de Samuel deviennent de plus en plus extrêmes, Amelia commence à sentir elle aussi la présence d'une entité sinistre et malveillante au sein de leur foyer. Et finit par se demander si les visions apparemment imaginaires de son fils n'annoncent pas, en fait, l'arrivée d'un monstre bien réel.
Ce film d'horreur aussi intelligent qu'efficace marie brillamment craintes enfantines et peurs adultes. Construit sur une fondation psychologique crédible, l'ensemble s'impose par la maîtrise de sa mise en scène, le brio de ses interprètes et sa grande originalité, qui en font l'un des meilleurs films d'horreur de la décennie.
CENDRILLON
États-Unis. 2015. 105 min.
Conte fantastique de Kenneth Branagh avec Lily James, Cate Blanchett, Richard Madden, Helena Bonham Carter, Holliday Grainger, Sophie McShera.
Quelques années après la mort de sa mère, Ella autorise son père bien-aimé à épouser la veuve Lady Tremaine, et à accueillir cette dernière et ses deux filles, Anastasia et Drizella, dans leur ravissante maison. Mais peu de temps après la noce, le voyageur de commerce meurt loin de chez lui, emporté par une maladie foudroyante. Rendue financièrement vulnérable par ce second veuvage, Lady Tremaine montre enfin son vrai visage en congédiant le personnel de maison et en réduisant sa belle-fille au rôle de servante. Malheureuse et sans ressources, celle que ses deux demi-soeurs ont rebaptisée Cendrillon accepte son sort et prend goût à la solitude. C'est ainsi qu'à l'occasion d'une promenade à cheval en forêt, elle rencontre par hasard le prince, qui lui cache sa véritable identité. Forcé par son père malade de prendre épouse rapidement, ce dernier demande que le grand bal organisé dans le but de trouver sa promise admette aussi les paysannes du royaume. Secrètement, le prince espère y retrouver la mystérieuse jeune fille de la forêt, qu'il ne peut chasser de son esprit.
Kenneth Branagh (FRANKENSTEIN) n'a ménagé aucun effort pour augmenter la valeur mobilière de ce monument érigé à Charles Perrault: décors hauts en couleur, costumes extravagants, coiffures vertigineuses, effets spéciaux sophistiqués, etc. On peut certes reprocher au film une certaine sagesse, mais le cinéaste vise ici la surprise dans la familiarité. Pari tenu.
L'EMPREINTE
Canada. 2014. 86 min.
Documentaire de Carole Poliquin et Yvan Dubuc.
À travers des entrevues avec des historiens et des Amérindiens, le comédien Roy Dupuis explore l'identité québécoise et tente de démontrer qu'elle est le fruit d'un important métissage entre la culture des colons français et celle des Premières Nations. Jamais nommée, longtemps niée, cette influence serait toujours manifeste et visible dans les caractéristiques les plus fondamentales du peuple québécois. Ainsi, l'accent mis sur le collectif, le souci d'égalité, le "vivre et laisser vivre", la recherche du consensus, seraient des valeurs héritées des autochtones. Le film tente de démontrer que ces valeurs se répercutent dans le mode de fonctionnement de toutes nos organisations et jusque dans l'appareil juridique.
Cette réflexion intrigante s'articule à l'intérieur d'une production conventionnelle, plus proche du reportage télévisé que du cinéma. La thèse aurait mérité d'être plus solidement appuyée scientifiquement et un montage plus serré aurait permis d'éliminer les répétitions et les longueurs. Cela dit, Roy Dupuis guide agréablement le spectateur.
THE INTRUDERS
Canada. 2015. 95 min.
Thriller de Adam Massey avec Miranda Cosgrove, Donal Logue, Austin Butler, Tom Sizemore, Jenessa Grant, Kelly Boegel.
Malgré le scepticisme de son père, une adolescente, encore traumatisée par la mort violente de sa mère, entreprend de découvrir ce qui se cache dans les murs et la structure de leur nouvelle maison.
MONSOON
Canada. 2014. 108 min.
Documentaire de Sturla Gunnarsson.
Méditation personnelle sur le phénomène de la mousson en Inde, enrichi des témoignages d'une fillette vivant en zone inondable, d'un preneur de paris excentrique misant sur les possibilités de pluie et d'un météorologue doté d'une âme de poète.
Sturla Gunnarsson (SUCH A LONG JOURNEY, FORCE OF NATURE) est passé à côté d'un formidable sujet. Comment? En s'éparpillant et en traitant en surface les aspects économiques, écologiques et spirituels de la mousson. Et quand survient un moment dramatique, il le filme de manière trop esthétisante, sans émotion. À l'instar de sa narration, plutôt monotone.
LES NOUVEAUX SAUVAGES
Argentine. 2014. 122 min.
Comédie de Damian Szifron avec Ricardo Darin, Oscar Martinez, Dario Grandinetti, Rita Cortese, Julieta Zylberberg, Erica Rivas.
En Argentine, six hommes et femmes sont confrontés à des situations extrêmes, lesquelles les feront transgresser malgré eux divers interdits. Une mannequin réalise que tous les passagers de l'avion à bord duquel elle voyage ont connu son ex-petit ami, un musicien raté. Dans un resto modeste, une serveuse découvre avec effroi qu'un client désagréable est l'huissier ayant poussé son père au suicide. Au volant de sa luxueuse automobile, un homme a maille à partir avec le conducteur d'une voiture déglinguée. Outré de recevoir des contraventions à répétition, un ingénieur en explosifs réclame des excuses auprès des autorités. Son fils ayant provoqué la mort d'une femme enceinte, un riche homme d'affaires, sur les conseils de son avocat, convainc son jardinier de prétendre avoir été au volant cette nuit-là. Le soir de ses noces, une jeune mariée découvre que l'une des invitées est la maîtresse de son mari.
Avec un humour tantôt noir, tantôt irrévérencieux, ce film à sketches coproduit par Pedro Almodovar et sa société El Deseo illustre différents visages de l'Argentine, depuis la classe ouvrière jusqu'à la grande bourgeoisie. Mené tambour battant, ce tonique RELATOS SALVAJES s'illustre aussi par la qualité de sa distribution enjouée.
LE PRIX À PAYER
Canada. 2014. 93 min.
Documentaire de Harold Crooks.
En 1066, alors que Guillaume le Conquérant devient roi d'Angleterre, la City de Londres, qui a résisté à l'envahisseur normand, obtient un statut fiscal et politique particulier. Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, la City, qui n'occupe qu'un kilomètre carré de l'actuelle ville de Londres, est devenue le plus grand centre financier de l'Europe. Et pour asseoir son hégémonie mondiale, elle a instauré à l'intention des multinationales et des grandes fortunes de la planète un vaste système de paradis fiscaux dans les anciennes colonies de l'empire britannique, dont l'île de Jersey, les Bahamas, les Bermudes et les îles Caïman. Aujourd'hui, on estime que l'évitement fiscal prive les gouvernements de 32 mille milliards de dollars de revenus, obligeant les dirigeants à surtaxer la classe moyenne et à couper dans les programmes sociaux. Dans le but de mieux redistribuer la richesse et de discipliner le secteur de la haute finance, des experts prônent une transformation radicale des législations fiscales à l'échelle mondiale, ainsi que l'instauration d'une taxe sur les transactions boursières.
Le coauteur de THE CORPORATION et coréalisateur de SURVIVING PROGRESS poursuit sa dénonciation des abus du capitalisme dans cet exposé percutant, bien documenté, qui évite le défilé de têtes parlantes grâce à une iconographie riche et vivante. Toutefois, le film enfonce quelques portes ouvertes et recourt par moments à certains procédés faciles.
THE SEARCH
France. 2014. 149 min.
Drame de Michel Hazanavicius avec Bérénice Bejo, Abdul-khalim Mamatsuevi, Maxim Emelianov, Zukhra Duishvili, Annette Bening.
Tchétchénie, 1999. Un jeune soldat russe filme l'exécution d'un Tchétchène et de sa femme sous le regard horrifié de leur fille, Raïssa. Caché dans la maison avec son petit frère encore nourrisson, Hadji, le cadet de Raïssa, observe lui aussi la scène. Chacun de son côté, Raïssa et Hadji fuient avec des réfugiés vers Grozny. Rescapé par un organisme humanitaire dirigé par l'Américaine Helen, le gamin prend aussitôt la fuite de son centre d'accueil. Alors qu'il erre dans la ville, Carole, chargée de mission pour l'Union européenne, le ramène chez elle. Dans l'espoir d'y retrouver Hadji, Raïssa accepte de s'occuper des enfants au centre, à la demande d'Helen. Pendant ce temps, le jeune Kolia, arrêté par la police pour possession de drogue, est recruté par l'armée russe. Commence alors pour lui une longue descente aux enfers. Alarmée par l'ampleur prise par ce conflit armé, Carole se rend à l'ONU afin de demander à la communauté internationale de venir en aide au peuple tchétchène.
Remake d'un film de Fred Zinnemann transposé durant la deuxième guerre de Tchétchénie, THE SEARCH offre une vision édulcorée d'un conflit armé, de par son intrigue feuilletonesque. Le traitement classique et l'interprétation honnête, dont celle de Bérénice Bejo dans un rôle pourtant lisse, rehaussent toutefois l'ensemble.
UNE NUIT POUR SURVIVRE
États-Unis. 2015. 114 min.
Drame policier de Jaume Collet-Serra avec Liam Neeson, Joel Kinnaman, Ed Harris, Common , Vincent D'Onofrio, Genesis Rodriguez, Boyd Holbrook.
Longtemps bras droit et meilleur ami de Shawn, un caïd new-yorkais, Jimmy écoule misérablement ses journées à lever le coude pour tenter d'étouffer ses remords. Quand son fils Mike, qui l'a renié depuis longtemps, est traqué par l'auteur d'un meurtre dont il fut malencontreusement le témoin, le tueur professionnel s'extirpe de son marasme pour le protéger. Malheureusement, après avoir occis le poursuivant, Jimmy réalise qu'il s'agit du fils de Shawn. Pendant que ce dernier orchestre sa vengeance, son ex-allié tente de convaincre son propre fils qu'il doit lui faire confiance à nouveau s'il veut assurer sa survie et celle de sa famille.
Après NON-STOP et UNKNOWN, Jaume Collet-Serra propose un autre thriller mettant en vedette Liam Neeson, mais qui repose cette fois sur un scénario prévisible et dénué d'originalité. Néanmoins, la réalisation s'avère efficace et Neeson joue de manière solide une partition qu'il connaît par coeur.
WEEK-ENDS
France. 2014. 90 min.
Comédie dramatique de Anne Villacèque avec Karin Viard, Noémie Lvovsky, Ulrich Tukur, Jacques Gamblin, Aurélia Petit, Iliana Zabeth, Gisèle Casadesus.
Cela fait 29 ans que Christine, Jean, Sylvette et Ulrich sont amis. Ils se sont rencontrés avant qu'ils n'aient 20 ans, se sont mis en couple, se sont même acheté des maisons face à face dans un paisible village de Normandie. Chaque week-end, ils s'y retrouvent, avec leurs filles respectives, toutes deux nommées Charlotte, et partagent barbecues, apéros et autres bons moments. Mais cette belle mécanique se détraque lorsque Jean quitte Christine. Sylvette et Ulrich font de leur mieux pour la réconforter. Mais Christine, d'un naturel égocentrique, a bien du mal à reprendre pied. Alors que les rapports entre eux se distendent, Jean revient à l'occasion passer le week-end avec sa nouvelle compagne. Par solidarité envers Christine, Sylvette et Ulrich gardent une distance. Mais la situation les pousse, eux aussi, à remettre en question leur propre vie de couple.
Rythmant les destinées sentimentales de deux couples avec le passage des saisons, Anne Villacèque signe une oeuvre d'observation originale, qui laisse filtrer les amertumes et désillusions engendrées par la routine. Mais son récit s'essouffle au dernier tiers, alourdi par une voix off littéraire plutôt maladroite. Les comédiens sont charismatiques et naturels.
