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Mozart à l'OSM: Lang Lang convainc

Mozart à l'OSM: Lang Lang convainc
Koralie Woodward

La superstar de la musique classique, le pianiste chinois Lang Lang, a offert le premier de trois concerts montréalais à la Maison symphonique, mercredi. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le jeune homme de 32 ans à la chevelure punk interprète Mozart de manière irréprochable.

Plus de 2000 personnes sont dans l’attente de Lang Lang, venu à la Maison symphonique pour interpréter le Concerto pour piano no 24, en do mineur, K. 491, de Mozart. Après quelques salutations d’usage, il prend place devant le piano noir. C’est parti. Les musiciens envoient les premières notes.

Malgré qu’il confère à son interprétation une gestuelle dramatique à la limite de l’agacement (que l’on finit par apprécier), Lang Lang ne tarde pas à nous entraîner dans son monde. Il est habité par l’œuvre. Ses mains papillonnent peut-être trop entre son corps et l’instrument, mais quand il s’exécute enfin, on lui pardonne tout, même ce léger et attachant narcissisme (ou arrogance ou autre trait de caractère qui s’apparente) qui le caractérise si bien.

Dès les premières phrases des cordes et des cuivres que composent l’Allegro, Lang Lang paraît enivré. Son corps balance de gauche à droite, doucement. La main gauche valse un brin. Elle donne la cadence. Il ne touche pas encore au clavier. Son corps est expressif, voire tragique. Il fait étonnamment Mozart, malgré son allure 2015 et ses manies contemporaines. Finalement, il se lance dans le premier mouvement.

Rapidement, on constate qu’il anticipe chaque note. Pour chaque phrasé, il est d’un naturel étonnant. À en faire pleurer d’envie toute personne dans la foule (de plus de 2000 personnes) qui s’adonne à l’instrument. Le contrôle est absolu. Il caresse superbement les pianissimos et délivre avec juste assez de vigueur les fortes. En contrôle total ce Lang Lang.

Dans l’Adagio, la tension baisse, évidemment, et il s’en sort encore très bien. Après une vingtaine de minutes, les spectateurs sont subjugués. L’approche Lang Lang de Mozart semble grandement plaire.

À l’Allegreto, la tension est à son comble. Lang Lang rapporte encore une fois avec justesse l’intention du compositeur. Dommage, c’est déjà la fin. Dommage, car le magnétisme de Lang Lang nous convainc. Pour preuve, cette ovation quasi interminable.

Franchement, une interprétation vertueuse, inattaquable. Sans oublier l’impeccable travail de Kent Nagano et des musiciens de l’orchestre.

Nagano et Lang Lang se respectent énormément et ça se sent.

Les œuvres précédentes

Au dire de Kent Nagano, ce programme se voulait moderne, soulignant en entrevue, lundi, que cette idée de classique n’est pas toujours liée à l’histoire ancienne.

« On attache Haydn et Mozart à l’époque classique. On amène [dans le programme] la première symphonie de Prokofiev, qui appartient au néoclassique et, finalement, on joue Amériques (composée entre 1918 et 1921) de Varèse, œuvre considéré comme l’un des plus forts mouvements d’avant-garde ».

Qui n’a pas été happé, mercredi soir, par ce jouissif et tapageur assemblage de bruits hitchcockiens livrés par 115 musiciens ? Et que dire de cette angoissante sirène de pompier qui clamait l’urgence ?

Audacieux, ce programme. Et réussi.

***

Au programme mercredi et jeudi, dans le cadre de la série des Grands concerts de l’OSM:

Haydn, Symphonie n˚30 en do majeur, « Alleluia »

Varèse, Amériques (version de 1929)

Prokofiev, Symphonie no 1 en ré majeur, op. 25, « Classique »

Mozart, Concerto pour piano no 24 en do mineur, K. 491 (environ 32 minutes)

Lang Lang, artiste en résidence de la fondation familiale Larry et Cookie Rossy, offrira également un récital à la Maison symphonique, vendredi.

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