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Cosmétiques: quelles sont les preuves de leur efficacité?

Beauté: comment savoir si nos cosmétiques sont réellement efficaces?
Shutterstock / Agnieszka Guzowska

Un mascara qui donne «1,944% plus de volume» aux cils et une crème qui «stimule l’activité des gènes», est-ce possible? Entre pub et produit, qu’en est-il de l’efficacité réelle des cosmétiques?

Pour pouvoir commercialiser un cosmétique, un fabricant doit soumettre à Santé Canada la liste des ingrédients, leurs dosages et les allégations prévues (hydratant, matifiant, etc.). À ce sujet, on tolère un certain boniment publicitaire, pour autant qu’il ne verse pas dans la tromperie. Ainsi, «un cosmétique ne peut prétendre modifier la peau en profondeur, c’est-à-dire la régénérer, la réparer ou l’éclaircir,» résume Daphné Mollot, vice-présidente en R&D chez Lise Watier.

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Soumis à des épreuves

Bien qu’aucun test d’efficacité ne soit obligatoire, certains fabricants soucieux de proposer des produits valables les soumettent toutefois à diverses épreuves.

Testés

Faits sur des volontaires sous contrôle médical, les tests cliniques évaluent l’efficacité visible du cosmétique. «Comme ces tests peuvent être subjectifs, ils sont assortis de tests objectifs, menés chacun avec un appareil (cornéomètre, sébumètre, etc.) qui mesure une propriété spécifique du produit,» explique Mme Mollot.

L’ère du marketing

Malheureusement, il arrive que certains résultats soient transmis via des raccourcis marketing discutables. «Par exemple, si un amincissement des cuisses de 3 cm sur deux sujets d’un groupe de vingt a été mesuré, un anticellulite pourra revendiquera cet effet même s’il ne reflète pas la moyenne du groupe,» déplore le pharmacien David Durand, vice-président de NAOS Group pour l’Amérique du nord (Bioderma, Esthederm). Une technique qui évoque celle des boutiques proclamant des soldes «jusqu’à 80%», même s’il n’y en a qu’un seul du genre en magasin…

L’épreuve de la peau

Pour leur part, les tests en laboratoires (in vitro) permettent de vérifier l’efficacité d’un actif pur sur des cellules. Seul hic : «ce test ne vous garantit pas que le fabricant incorporera un pourcentage suffisant d’actif dans la formule cosmétique. Ou encore, que cet actif traversera la couche cornée et atteindra les cellules,» note M. Durand.

«Dans le système complexe qu’est la peau, il est impossible d’avoir accès aux cellules pour y étudier l’effet d’une substance,» confirme le Dr Wittern, directeur R&D chez Beiersdorf (Nivea, Eucerin). «Comme il est souvent impossible d’observer le comportement d’un ingrédient dans la peau vivante (soit in vivo), les publicités des cosmétiques communiquent souvent des «déductions», faites à partir de faits notés en labos,» précise Mme Mollot.

«Du cosmétique il ne faut pas attendre le niveau de preuve le plus élevé (qui reste celui du médicament), conclut le Dr Bettina Schlagenhauff, de l’Esthetic Dermatology and Skin Care de Suisse. On peut cependant viser une transparence accrue via la recherche.» Et à cet effet, il est heureux de constater la fiabilité accrue des nouveaux tests sur peau reconstruite (test ex vivo), conduits par L’Oréal, Proctor & Gamble (Olay) et Johnson & Johnson (Aveeno, Neutrogena, RoC, etc.).

La quête de sensations

Hors des labos, les fabricants de cosmétiques procèdent également à des tests d’efficacité ressentie, au cours desquels on mesure la perception d’utilisateurs vis-à-vis un produit (odeur, confort, etc.). Certes, le nombre de ces cobayes est limité et des critères subjectifs peuvent biaiser leur évaluation (une crème malodorante est rarement jugée très efficace). Ces tests aident cependant à quantifier plusieurs effets (lisssant, hydratant, etc.), même si vérifier l’impact d’un soin anti-âge à long terme reste un défi…

Les avancées du progrès

Malgré les limites inhérentes aux tests, tous les cosmétiques ne font pas que vendre du… vent. «Certains font plus que ce qu’ils disent, avoue M. Durand. S’ils demeurent catégorisés «cosmétiques», c’est que le fabricant ne souhaite pas perdre de ventes en restreignant leur accessibilité.»

«D’un côté, nous avons désormais accès à des produits appartenant à la catégorie des médicaments (filtre solaire, etc.), dont l’efficacité a été prouvée, résume le Dr Schlagenhauff. De l’autre, nous sommes confrontés à des cosmétiques aux promesses utopiques. Et entre les deux se trouve un spectre de produits cosmétiques évalués scientifiquement et qui se trouvent à la limite, entre cosmétique et médicament.»

Les rides en quelques armes

Fait encourageant, le Centre Dermatologie Pasteur a d’ailleurs reconnu que, à ce jour, au moins quatre types d’ingrédients antirides avaient prouvé leur efficacité, soit :

- les écrans de forte protection

- les activateurs du renouvellement cellulaire (acides de fruits, vitamine A et dérivés, vitamine B3)

- les antioxydants (hormones végétales, vitamine C et E)

- les hydratants intenses (acide hyaluronique fractionné, crèmes à base d’urée, aquaporines)

La peau en trois catégories

Pour sa part, la législation canadienne reconnaît trois catégories de produits pour la peau.

- Un produit affichant un Drug Identification Number (DIN) peut prétendre modifier certaines de ses fonctions (FPS, antisudorifique, etc.)

- Un Produit de Santé Naturel (PSN) peut revendiquer une action sur la santé, à l’instar de certains cosmétiques antiacnéiques ou des écrans solaires minéraux à la SmartSun de Lise Watier.

- Un cosmétique peut tout au plus prétendre améliorer l’apparence de la peau - catégorie incluant les dermocosmétiques (avec AHA, par exemple) malgré leur action pharmacologique dans la peau.

En dépit de certaines pubs excessives, tous nos rêves ne sont donc pas vains. Des études indépendantes, ainsi que celle publiée dans le magazine français 60 millions de consommateurs l’ont démontré, chères ou pas, plusieurs crèmes (Capture R60/80 de Dior, Revitalift visage de L’Oréal, Multiactive de Clarins, Antirides Q10 de Nivea) valent bien notre attention.

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