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La dette du Québec est la plus élevée au pays, selon une étude de HEC Montréal

La dette du Québec est la plus élevée au pays selon une étude
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MONTRÉAL - Quoi qu'en disent ceux qui voudraient un report de l'atteinte de l'équilibre budgétaire, l'endettement du Québec est très préoccupant et reste le plus élevé de toutes les provinces canadiennes, peu importe l'angle sous lequel on l'examine. Et il vaudrait même mieux adopter une loi pour s'attaquer au problème, non pas se fier seulement à la volonté politique d'y remédier.

C'est ce qu'a plaidé l'économiste Robert Gagné dans une entrevue mercredi, à l'occasion de la publication d'une étude du Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal, qu'il dirige. Avec deux autres chercheurs, Jonathan Deslauriers et Jonathan Paré, il s'est penché sur l'endettement du Québec, son ampleur réelle, ses causes et les moyens d'y remédier.

Dans leur étude d'une quarantaine de pages, les auteurs affirment que peu importe que l'on soupèse la dette de la province sous l'angle de la dette nette, de la dette de consommation, de la dette brute ou de la dette directe consolidée, c'est le Québec qui ressort comme le plus endetté au Canada.

À titre d'exemple, sa dette brute équivaut à 54,3 pour cent de son produit intérieur brut, alors qu'elle représente 45 pour cent du PIB de l'Ontario — la province qui arrive au second rang avec cet indicateur de comparaison.

Et au sein des 31 pays membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques, le Québec arrive au dixième rang. Et parmi les neuf pays qui le précèdent, on retrouve des pays reconnus comme ayant d'importants problèmes économiques, comme la Grèce, l'Italie, le Portugal, l'Espagne et le Japon.

Sans surprise, M. Gagné en conclut que l'endettement du Québec s'explique par la récurrence des déficits budgétaires au fil des ans. «On a compté que sur 40 ans, il y a six années où le gouvernement a fait un budget équilibré ou était légèrement en surplus. Six années sur 40. Là, il y a un problème», a opiné l'économiste.

Les chercheurs font valoir que lorsque la Loi sur l'équilibre budgétaire — mieux connue comme la loi sur le déficit zéro — a été mise en vigueur, «elle a permis au gouvernement du Québec d'instaurer une certaine rigueur budgétaire qui a favorisé la réduction du poids de sa dette». Mais la suspension de certains de ses articles à compter de 2009 a alimenté une nouvelle spirale de l'endettement.

«Ce qui est arrivé, c'est qu'ils ont suspendu la loi parce qu'elle était trop rigide. C'était quasiment du suicide d'essayer non seulement de revenir à l'équilibre, mais de rembourser les déficits qu'ils ont faits les premières années. Alors ils l'ont abolie et ils ne l'ont jamais remise», a expliqué M. Gagné.

Pour résoudre le problème, il prône donc l'adoption d'une loi, mais plus souple que celle qui avait été adoptée sous le gouvernement de Lucien Bouchard. Il ne croit pas que le seul discours politique ambiant favorable au retour à l'équilibre budgétaire suffise.

«Je pense que c'est mieux d'avoir une loi. Avec une loi, ça a l'avantage d'être clair. Et c'est une loi qui devrait être consensuelle et dire 'le jour où il va y avoir une perturbation économique majeure, c'est normal on s'attend à faire un déficit et peut-être même à faire un déficit sur un an, deux ans ou trois ans. Mais c'est clair qu'il va falloir revenir dans un horizon fini à l'équilibre'. S'il y a un consensus social autour de ça, pourquoi ne pas le mettre dans une loi et comme ça, il n'y aura plus de débat après», a dit M. Gagné.

Il déplore le discours de ceux qui banalisent l'endettement.

«Le gouvernement dit 'il faut que je retrouve l'équilibre budgétaire en 2015-2016' et il y en a d'autres qui disent 'non, ça ne presse pas'. Un instant! Trente-quatre années sur 40 où on a fait des déficits et ça ne presse pas? On a une dette de 190 milliards $ et ça ne presse pas? Ça nous coûte 10 ou 11 milliards $ de frais d'intérêts par année et ça ne presse pas? Sur quelle planète ils vivent ces gens-là? Je me le demande», s'est exclamé M. Gagné.

Il prend la peine d'ajouter qu'une loi n'est pas le seul outil et qu'une solide volonté politique et une conscience sociale importent aussi.

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