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Le pharmacien Christian Vézina radié pour 8 ans pour le trafic de 400 000 comprimés

Le pharmacien Christian Vézina radié pour 8 ans pour le trafic de 400 000 comprimés
Radio-Canada

Le pharmacien Christian Vézina de Québec n'est pas près de retrouver son sarrau. L'homme dans la quarantaine est radié pour 8 ans de l'Ordre des pharmaciens pour avoir vendu sur le marché noir plus de 400 000 comprimés.

Un texte de Yannick Bergeron

Christian Vézina a vendu sans ordonnances des comprimés d'OxyContin et de Dilaudid, notamment, des médicaments antidouleur prisés des toxicomanes.

L'Ordre des pharmaciens n'avait jamais vu une telle quantité de stupéfiants transigés illégalement par un de ses membres. Les déficits d'inventaire étaient « dix fois plus élevés que ceux connus dans les dossiers antérieurs de trafic de stupéfiants impliquant des pharmaciens », peut-on lire dans la décision du conseil de discipline.

La police et le syndic de l'Ordre des pharmaciens avaient investi sa pharmacie, située sur la rue Marie-de-l'Incarnation, en juillet 2012.

Crainte de représailles

Lors de l'audience disciplinaire, Christian Vézina a affirmé qu'il avait agi par crainte et non par appât du gain. Selon son témoignage, il avait dépanné à deux occasions un client en renouvelant sa dose de médicaments avant le temps prévu sur l'ordonnance.

Ce client aurait par la suite menacé de le dénoncer s'il ne continuait pas à l'approvisionner de la sorte. Une dizaine d'autres personnes se seraient ensuite présentées à sa pharmacie pour obtenir le même traitement.

Christian Vézina a dit s'être fait menacer par un client à qui il refusait de remettre des narcotiques illégalement. L'homme lui aurait parlé de « mitraillette ».

Le conseil de discipline reproche à Christian Vézina d'avoir fermé les yeux « au lieu de chercher de l'aide ».

« L'intimé [Vézina] admet qu'il savait que ce qu'il faisait n'était pas correct, mais il déclare qu'il pensait à protéger sa famille et qu'il avait peur des représailles s'il communiquait avec les policiers. » — extrait du rapport du conseil de discipline de l'Ordre des pharmaciens

Malgré ces explications, l'avocat du syndic a noté lors de ses représentations que le pharmacien « n'a fait aucun appel à l'aide, comme s'il était le seul pharmacien à qui des personnes mal intentionnées se sont adressées ».

« Le conseil ne peut pas imposer une sanction qui pourrait paraître clémente, voire même alléchante pour un pharmacien tenté d'emprunter cette voie », souligne le conseil de discipline.

Tout perdu

Dans sa décision, le conseil de discipline de l'Ordre des pharmaciens rappelle que ses membres ne sont pas à l'abri d'une telle situation.

Christian Vézina vient d'une famille de pharmaciens. Son père, son grand-père et son arrière-grand-père ont pratiqué la même profession.

Le père de Christian Vézina, qui a témoigné lors de l'audience, a d'ailleurs raconté avoir été lui-même la cible de gens mal intentionnés alors qu'il était propriétaire d'une pharmacie sur la rue Saint-Vallier.

« Il a su résister à des demandes formulées par un groupe de motards criminalisés occupant un local voisin de sa pharmacie », écrit le conseil, en notant que le fils avait sous les yeux un exemple à suivre, mais ne l'a pas fait.

Depuis son arrestation, Christian Vézina a dû vendre sa pharmacie, il s'est divorcé et habite chez ses parents. Il travaille maintenant pour une compagnie de revêtement de toiture.

Son avocat avait suggéré une radiation de 4 ans alors que le syndic réclamait 10 ans.

Le conseil de discipline a tranché pour 7 ans de radiation pour la vente illégale de stupéfiants et a ajouté une année supplémentaire pour avoir « « vendu sans ordonnances des médicaments à des parents, amis ou connaissances, en faussant des dossiers pharmacologiques de patients ».

Christian Vézina ne pourra retourner derrière un comptoir de pharmacie avant le 13 août 2020.

D'ici là, il devra faire face à la justice criminelle. Son dossier revient en cour à la fin de mars.

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