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Crise au CHUM: le premier ministre Philippe Couillard appelé à la rescousse (VIDÉO)

CHUM: Philippe Couillard appelé à la rescousse

Le premier ministre du Québec doit intervenir pour résoudre la crise qui secoue le Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM), estime l'un des membres démissionnaires du conseil d'administration, Michel Gervais.

« Seul le premier ministre peut, à mon avis, dénouer cette impasse », a-t-il déclaré dans une entrevue accordée lundi à RDI Matin. « Et je ne vois pas beaucoup d'autres façons de la dénouer que de revoir M. Turgeon à la tête du CHUM. »

M. Gervais, qui a aussi été recteur de l'Université Laval, réagissait à un article du Devoir selon lequel des discussions sont actuellement en cours entre le gouvernement et le directeur général démissionnaire de l'hôpital, Jacques Turgeon. Le bureau du premier ministre l'aurait invité à reprendre ses fonctions.

En attendant, Michel Gervais prévient que « plusieurs » autres administrateurs vont démissionner d'ici peu. Plusieurs n'ont tout simplement pas pu annoncer leur démission vendredi dernier, lors d'une réunion du conseil d'administration, mais le feront d'ici peu.

« Il y en a qui n'avaient pas d'ordinateurs à leur disposition, qui étaient au loin, etc. Mais il va y en avoir plusieurs, croyez-moi », a-t-il laissé tomber.

Le conseil d'administration du CHUM est normalement composé de 20 membres. Cinq d'entre eux ont démissionné depuis le début de la crise :

  • Jacques Turgeon ;
  • Jean-Claude Deschênes ;
  • Paul Perrotte ;
  • Jean Bragagnolo et
  • Michel Gervais.

Ils ont tous claqué la porte pour protester contre les « ingérences » et les « abus de pouvoir » du ministre de la Santé, Gaétan Barrette. Étant donné qu'un poste était vacant au moment où la crise a éclaté, le C.A. ne compte plus que 14 membres à l'heure actuelle.

Il faut cependant noter qu'en vertu du projet de loi 10, adopté sous le baîllon, le mandat de tous les membres des conseils d'administration du réseau de la santé, incluant ceux du CHUM, se termine le 31 mars. Certains pourraient retrouver leur fonction, mais d'autres pas.

Il revient au ministre Barrette de nommer les nouveaux membres des C.A. d'ici le 1er avril. Un comité formé de quatre experts et de trois membres du C.A. de chacun des établissements concernés doit faire des recommandations en ce sens, mais le ministre n'est pas obligé d'en tenir compte.

M. Turgeon a remis sa démission jeudi dernier, en accusant Gaétan Barrette de s'être ingéré dans le processus visant à trouver un chef pour le département de chirurgie. Selon lui, le ministre insistait pour que Patrick Harris, qui occupe ce poste, soit reconduit dans ses fonctions.

« C'est du chantage et ça ne marche pas, ce n'est pas des mœurs qui sont acceptables dans notre système démocratique. »

— Michel Gervais, membre démissionnaire du C.A.

Il faut crever l'abcès, dit Gervais

Bien qu'il estime que le dénouement de la crise actuelle passe par un retour de Jacques Turgeon à la barre, Michel Gervais se demande néanmoins comment ce dernier pourrait continuer de travailler avec le ministre Barrette le cas échéant.

« Il y a un lien de confiance qui est rompu », note-t-il. « Comment seraient les rapports futurs? Il a beau y avoir des engagements pris, connaissant la personnalité de M. Barrette, ça se peut que dans un mois, il y ait d'autres interventions du même type. »

Entre-temps, Michel Gervais balaie du revers de la main l'argument selon lequel les membres démissionnaires du conseil d'administration auraient pu accepter de rester en poste pour le bien de l'institution.

« C'était se rendre coupable par association. Accepter l'intolérable comme ça... Non, il faut passer à autre chose. Il faut sortir de cette immoralité, et c'est là qu'on en est. Autrement, on est complice de ce qui s'est passé, et on accepte que M. Turgeon se fasse intimider de cette façon. »

« Le mieux qui peut arriver pour le CHUM, c'est qu'on passe à autre chose, qu'on trouve une solution maintenant, mais pas en passant par-dessus cet excès. »

— Michel Gervais, membre démissionnaire du C. A.

M. Gervais rappelle que l'Association québécoise d'établissements de santé et de services sociaux (AQESSS), qu'il préside pour encore quelques jours, avait prévenu que le projet de loi conférait trop de pouvoirs au ministre et que des risques d'abus existaient.

« Mais on ne pensait jamais que ça irait jusqu'au chantage et à l'intimidation », précise-t-il.

« On est plus ou moins surpris, mais en même temps extrêmement déçus », affirme M. Gervais. « Ça se passe aujourd'hui au CHUM, demain ça se passera dans un autre établissement. Alors il faut rapidement crever l'abcès, résoudre ce problème et passer à des mœurs différentes. »

Matthew Pearce, un administrateur qui reste

Un autre membre du conseil d'administration, Matthew Pearce, affirme pour sa part qu'il a l'intention de rester en place jusqu'à nouvel ordre, mais prévient qu'il réévaluera sa position si le ministre Barrette n'agit pas de manière à corriger l'erreur qu'il a commise.

« J'ai beaucoup de respect pour les collègues qui ont décidé pour des questions de principe de partir et de démissionner. Toutefois, ma position, en ce moment, est que je siège au conseil beau temps, mauvais temps [...] et on vit un très mauvais temps en ce moment », a-t-il déclaré en entrevue à Radio-Canada.

« J'ai l'intention de rester pour cette raison, pour le moment. Et aussi parce que je m'attends à ce que le [...] Dr Barrette fasse de quoi pour corriger l'erreur qu'il a commise et les conséquences liées. Si cela ne se produit pas, je vais réévaluer ma position au sein du conseil », ajoute M. Pearce.

M. Pearce, qui est président de l'organisme Old Mission Brewery, confirme que le malaise au sein du C.A. de l'hôpital est unanime. Il soutient que la crise actuelle est « triste et regrettable », et qu'elle « aurait pu être évitée assez facilement ».

« Il faut qu'on arrête les démissions et qu'on mette en bon état le CHUM de nouveau. Espérons qu'on peut récupérer et revoir Dr Turgeon parmi nous, et même [le président du C.A.] M. Deschênes à la limite » »

— Matthew Pearce, membre du C.A. du CHUM

« On a eu un problème d'ingérence importante qui faisait en sorte de remettre en question les processus du C.A. et la capacité de prise de décision de notre DG », affirme-t-il. « Nous avons perdu un DG très qualifié et très engagé très respecté. »

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