Alors que le Mondial du tatouage a ouvert ses portes ce vendredi 6 mars à Paris, ce sont plusieurs milliers de passionnés qui sont attendus dans la capitale afin de suivre les dernières tendances et de rencontrer les artistes du moment.
Pour de nombreux adeptes, le tatouage ultime se doit de réunir prouesses techniques et créativité artistique. Mais pour d’autres en revanche, ce type d’exigences endosse un caractère stéréotypé qui ne correspond plus trop à leur idée du tatouage.
Ainsi, se développe la pratique du tatouage DIY ("Do It Yourself"), comme pour casser les codes des dessins que l’on voit s’afficher par dizaines dans les vitrines des salons. Le site de mode Style.com en a même fait l'une des tendances phares de l'année 2015.
Outre la méthode un peu punk consistant à se fabriquer son instrument soi-même -et encourir les risques sanitaires que ce bricolage implique- on trouve sur Internet des kits prêts à l’emploi moyennant la somme raisonnable de 40 euros (environ 43 dollars) (ce qui est déjà moins cher que le signe bouddhiste de votre cheville que vous regrettez déjà).
Hype passagère ou réel investissement personnel, Le HuffPost est allé à la rencontre des plus courageux qui ne rechignent pas à se dessiner sur la peau. Tout seuls, comme des grands.
"Revenir à l’essence du tatouage"
Pour Thomas, mannequin de 26 ans habitant à Paris, le tatouage "fait maison", c’est d’abord une histoire de démarche. Dessiner sur sa peau ou sur celle d’un pote, c’est un peu comme garder l’esprit originel de la chose nous explique-t-il.
"Comme le tatouage est devenu omniprésent, on éprouve le besoin d’un retour aux basiques, de revenir à l’essence du tatouage, à cette époque où les gars se tatouaient entre eux, en prison", nous raconte celui qui compte déjà une bonne dizaine de pièces sur sa peau.
Dans le détail, tous ses tatouages ne sont pas "faits maison", cela ne fait que quelques mois qu’il a franchi le pas et s’est offert tout le matériel nécessaire avec sa petite amie. Et en bon passionné, le jeune homme n’est jamais véritablement rassasié.
"Tous les tatoos que je voulais étaient assez basiques, et comme les prix augmentent, autant se les faire soi-même", explique-t-il en précisant que le côté gratuit, ou hors système, correspond "à l’esprit contre-pied" qui le séduit dans le tatouage. Il explique par ailleurs être assez sensible au côté "bande" qui est le propre des tatouages entre amis.
Gage de spontanéité
Pour de nombreux tatoués, la période de réflexion qui précède le passage à l'acte est aussi importante que le rendu final. Il y a l'idée initiale, le message que l'on veut lui donner, la prise de rendez-vous, etc. Avec le tatouage façon maison, c'est au contraire la spontanéité du geste qui est recherchée.
"Si je vis un truc, que je veux en faire un tatouage, cela ne dure pas longtemps entre l'émergence de cette idée et sa traduction sur ma peau" confie Thomas qui décèle dans cette démarche une marque de sincérité qui est selon lui altérée par le cérémonial qui entoure le tatouage en boutique. Surtout qu'il s'agit pour lui de faire des "petits trucs", rien d'autres que des "petits dessins" qui ont du sens.
"Acheter sur Internet est un frein"
Au vu du matériel quasi professionnel affiché par Thomas, une question se pose : combien ça coûte ? "200 euros" répond-il, précisant que c'est un coût global "estimé" et non pas une somme dépensée en une fois.
"En fait, la machine en elle même ne vaut pas très cher, genre 50 euros (environ 54 dollars). Ce sont tous les à-côtés qui font monter l'addition, 20 euros (environ 22 dollars) pour la pédale (qui sert à faire fonctionner la machine ndlr), 20 euros (22 dollars) pour l'encre, les aiguilles, les amortisseurs etc." détaille-t-il. Et selon lui, c'est largement rentable. "Avec tout ce que je me suis déjà fait avec, j'aurai largement dépassé les 200 euros (environ 217 dollars) d'investissement en allant dans un salon, et encore, je n'ai pas fini", s'amuse-t-il.
Par ailleurs, il avoue avoir sollicité des professionnels pour se fournir. "Acheter sur Internet, c'est un frein. Tu n'as pas tous les conseils, les petits trucs des pros, ou encore l'explication des consignes d'hygiène" nous raconte Thomas qui assure ne pas craindre d'incidents d'un point de vue sanitaire.
Mais alors, comme passe-t-on de simple "tatoué" à tatoueur de sa propre peau ? Pour Thomas, il ne s'agit pas de causer du tort aux salons ou aux professionnels dont c'est le métier, mais bien d'avoir la sensation de pouvoir faire ce qu'il veut, quand il veut, librement.
"Tout ce qui nous reste de libre au final, c'est notre corps. Alors, on peut dessiner tout ce qu'on veut dessus, de façon spontanée", décrit-il. Une sensation de liberté qui n'est pas non plus déconnectée de tout critère esthétique, d'où les "petites pièces" auxquelles il se limite.
Et concernant les quelques approximations graphiques qui jonchent ses premiers essais, Thomas se justifie et trouve la parade dans l'humour. "Quand on voit le nombre de tatouages ratés, autant ne pas les payer hein !".
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