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Crise au CHUM: d'autres démissions au CA, Couillard réitère sa confiance en Barrette (VIDÉOS)

Crise au CHUM: d'autres démissions au CA (VIDÉOS)

La crise au CHUM est telle qu'elle contraint le premier ministre, qui termine une mission en France, à réitérer son appui à son ministre de la Santé Gaétan Barrette. « Mon ministre a toute ma confiance; on a besoin de quelqu'un comme lui pour faire les changements importants dans le système de santé du Québec notamment, et surtout pour le bénéfice des patients », a insisté Philippe Couillard.

Le premier ministre se refuse à parler de crise mais il reconnaît que la situation du CHUM « n'est pas bonne ». Et il mandate le ministre Barrette « d'aller vérifier » les « problèmes de gouvernance » dans cet établissement, pilier du monde de la santé à Montréal.

« Il y aura une vérification qui va être faite. Je soupçonne que ce problème est assez profond à l'interne et on va aller vérifier. »

— Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard

Bien qu'il l'assure de son appui, M. Couillard ne va pas jusqu'à dire qu'il soutient la version de Gaétan Barrette quant aux événements qui ont mené aux démissions successives du directeur général du CHUM, Jacques Turgeon, du président du conseil d'administration, Jean-Claude Deschênes ainsi que de plusieurs autres membres du C.A.

Rappelons que Jacques Turgeon, dans sa lettre de démission, accuse le ministre Barrette « d'ingérence et d'abus de pouvoir ».

Quant à Jean-Claude Deschênes, il justifie son départ dans une lettre dans laquelle il parle de « l'insistance » du ministre de la Santé et de ses « interventions répétées » au cours des derniers mois « qui ne correspondent en aucun point aux règles de gouvernance que je défends depuis 30 ans ». M. Deschênes va jusqu'à qualifier de « chantage inacceptable » le comportement du ministre de la Santé.

Le contentieux opposant les deux hommes au ministre de la Santé porte sur la sélection du chef du département de chirurgie du CHUM, poste prestigieux et important occupé par le Dr Patrick Harris depuis des années.

Jacques Turgeon, le DG démissionnaire, allègue que le ministre Barrette a fait preuve d'ingérence en voulant lui imposer le maintien en poste du Dr Harris durant un an, soit le temps que le CHUM déménage au 1000, rue St-Denis. De son côté, Gaétan Barrette affirme qu'il a « suggéré » à M. Turgeon de laisser en poste les sept chefs de département, dont le Dr Harris, durant cette période critique de transition pour l'établissement.

Plus encore, Jacques Turgeon avance que le maintien du Dr Harris était une condition sine qua none à sa propre reconduction au poste de DG du CHUM, ce que nie Gaétan Barrette. Il faut comprendre que, dans le contexte de la loi 10 et de la réduction drastique du nombre d'établissements qu'elle entraîne, toutes les directions d'établissement sont remises en cause.

Philippe Couillard dit avoir « pris acte » des démissions survenues dans les dernières 24 heures. Le premier ministre dit que pour la suite des choses au CHUM des gens seront nommés par intérim.

Soucieux de demeurer au-dessus de la mêlée, lui qui avait lancé, jeudi, qu'il n'allait pas gérer le CHUM à partir de Paris, le premier ministre Couillard a déclaré : « La priorité c'est les patients et la continuité de cette importante institution ».

Département de chirurgie : un processus de nomination semé d'embûches

Le CHUM a mis sur pied successivement deux comités de nomination pour trouver qui prendrait la tête du département de chirurgie.

En entrevue sur RDI, le ministre Barrette a expliqué qu'en octobre dernier, le candidat choisi par le premier comité n'avait pu être retenu parce qu'il était lié à une enquête policière. Aucune accusation ne pesait cependant sur le candidat en question.

Néanmoins, dans ce contexte, le ministre Barrette, qui avait été informé par écrit de « ces travers » par des « sonneurs d'alarme », affirme avoir demandé aux dirigeants du CHUM : « est-ce à propos d'aller de l'avant avec cette recommandation-là? La réponse fut non et la nomination n'a pas été faite ».

Le président démissionnaire du conseil d'administration du CHUM, Jean-Claude Deschênes, a précisé par ailleurs que l'établissement avait congédié cinq personnes dans la foulée de cette enquête policière. Aucun de ces congédiements ne visait le médecin qui avait été pressenti pour diriger le département de chirurgie.

Un second comité de nomination, en février, a été instauré, toujours pour nommer le chef de département de chirurgie. Le ministre Barrette affirme que des médecins l'ont informé par écrit de « la partialité » qu'ils percevaient dans la façon de procéder dudit comité.

Lundi dernier, Gaétan Barrette affirme avoir reçu dans son bureau le DG Jacques Turgeon. Il affirme que ce dernier l'a informé qu'il portait son choix sur le Dr Michel Carrier, un chirurgien cardiaque de l'Institut de cardiologie de Montréal.

« Le directeur général m'annonce qu'il a choisi son joueur avant que le comité de nomination ait siégé », s'étonne encore le ministre Barrette en relatant cette rencontre.

Gaétan Barrette affirme n'avoir rien contre le Dr Carrier et il spécifie que ce n'est pas ce médecin qui était lié à l'enquête policière de l'automne dernier. Gaétan Barrette a néanmoins désapprouvé le choix du Dr Carrier « à qui on demandait de cumuler deux postes à plein temps », dit-il.

Selon le DG démissionnaire et dans les mots du président démissionnaire du C.A. du CHUM : « Le Dr Barrette a insisté à de multiples reprises auprès du président du CMDP [Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens], encore tout récemment, auprès du DG et à mon endroit aussi pour que l'on nomme le Dr Harris chef du département de chirurgie. » Une version des faits que ne cesse de démentir le ministre de la Santé.

L'opposition réclame la tête de Barrette

Gaétan Barrette doit partir, scandent à l'unisson les partis d'opposition à Québec dans la foulée de la démission du directeur général du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM), Jacques Turgeon, et de celle du président du conseil d'administration, Jean-Claude Deschênes.

Pour le Parti québécois, la démission du ministre Barrette est nécessaire « en raison de l'ampleur et de la gravité des gestes qui lui sont attribués ».

En conférence de presse cet après-midi, Stéphane Bergeron, porte-parole du PQ en matière d'éthique et d'intégrité, a dit s'interroger sur le jugement du ministre, qui aurait fait preuve d'« ingérence politique et d'abus de pouvoir ». Selon Jacques Turgeon, le ministre Barrette voulait maintenir le Dr Harris à la tête du département de chirurgie, malgré « le climat d'intimidation », dont il serait en partie responsable.

Stéphane Bergeron évoque un possible conflit d'intérêts en faisant état de relations étroites, voire d'amitié, entre le ministre Barrette et le Dr Harris.

Le PQ réclame également « une enquête indépendante afin de connaître tous les autres cas potentiels d'ingérence dans les processus de nomination des cadres du réseau de la santé pouvant impliquer le ministre Gaétan Barrette ».

« C'est un comportement totalement inacceptable dans une démocratie comme la nôtre », souligne de son côté Éric Caire de la CAQ.

« L'empereur Barrette nous a fait la démonstration qu'il se servait du réseau de la santé, et non pas qu'il servait le réseau de la santé. »

— Éric Caire

Amir Khadir de Québec solidaire dénonce pour sa part « le chantage de M. Barrette » et demande la tenue d'une « commission parlementaire de toute urgence pour faire la lumière sur les magouilles du ministre Barrette ».

Pour lui, le ministre de la Santé « souffre d'un sérieux problème d'attitude. Il dénigre ou intimide tous ceux qui osent contester son opinion ou refusent d'obéir à ses désirs ».

M. Khadir ajoute : « Le temps du bâillon est fini, M. Barrette ». « Vous êtes allé trop loin. La moindre des choses est de faire amende honorable et de présenter vos excuses au personnel, aux médecins et aux administrateurs du CHUM. Il faut revoir vos méthodes et éviter de répéter l'erreur avec le projet de loi 20 ».

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