Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Exposition universelle 2025 à Paris: à quoi pourrait servir un tel événement en France? (PHOTOS)

Expo universelle à Paris: oui, mais pour quoi faire?
Wikimedia Commons

"Un événement de six mois qui lance un processus de progrès et d’innovations qui dure dix ans". Dans une interview à 20minutes, c'est en ces termes que Jean-Christophe Fromantin défendait la candidature de Paris à l'organisation de l'Exposition universelle 2025, qu'il porte en tant que président de l'association ExpoFrance 2025.

Ce jeudi 5 mars, le maire UDI de Neuilly-sur-Seine a présenté en détail son projet ainsi que sa thématique: "Au coeur des territoires s'ouvre celui des hommes". Selon le modèle économique élaboré par l'association ExpoFrance 2025, le projet, entièrement financé sur fonds privés, coûterait 2,9 milliards d'euros et pourrait en rapporter 3,9 en recettes de billetterie et autres revenus publicitaires. Soit un gain net espéré de 200 millions d'euros.

Tout ça pour ça? A la fondation Louis Vuitton, d'autres personnalités politiques ont pris la parole, à l'image du sénateur PS Luc Carvounas, proche de Manuel Valls, de la maire de Paris Anne Hidalgo, qui défend l'idée depuis plusieurs mois, ou encore d'Emmanuel Macron.

Lors de son passage au salon de l'Agriculture, le ministre de l'Economie avait parlé d'"événement mobilisateur" et de "bon moteur d'activité" pour la France. Il s'agit là des principaux arguments des promoteurs de l'Expo universelle à Paris, qui auront fort à faire pour l'emporter -et obtenir l'adhésion du public- alors que se profile aussi la candidature de la capitale aux JO 2024.

Reste à "vendre" aux Français ce rendez-vous mal connu et beaucoup moins médiatisé qu'une compétition sportive internationale. Car, au final, à quoi ça sert une Expo universelle?

Transformer Paris, comme au bon vieux temps

Pour donner à la candidature française un peu de lustre et de cachet, rien de tel que de se replonger dans le passé. De toute façon, il n'y a pas le choix. La dernière fois que l'Hexagone a accueilli ce grand raout de l'innovation et de la culture, défini comme une "vitrine technique et artistique" des nations, c'était en 1937.

Cette année-là, Paris organisait sa sixième et dernière Exposition universelle en date, la manifestation ayant déjà eu lieu dans la capitale française en 1855, 1867, 1878, 1889 et 1900, ce qui l'a considérablement transformée. Tour Eiffel, Petit et Grand Palais, Gare de Lyon, métro, bateaux mouches... pas besoin de chercher loin pour retrouver des traces concrètes, d'autant que de nombreux autres lieux de Paris ont été transformés ou réhabilités durant cette période.

Plan de Paris pour l'Expo universelle de 1937

"Le bénéfice des Expositions universelles françaises du XIXe siècle est toujours très présent, souligne d'ailleurs ExpoFrance 2025. En pleine révolution industrielle il a consacré l’émergence de centaines d’entreprises, de produits et de savoir-faire qui sont nées lors de ces événements". Une source d'inspiration pour 2025?

Pas de nouveau monument spectaculaire cette fois, mais la candidature de la capitale pourrait profiter plus largement au Grand Paris, expliquent Les Echos. ExpoFrance 2025 a signé un partenariat avec la société du Grand Paris, qui pourrait permettre de booster la future métropole et notamment le projet de métro Grand Paris Express.

En octobre dernier, Manuel Valls a assuré la candidature de son soutien tout en annonçant justement une accélération des travaux en vue de 2025: "Nous nous donnons pour objectif que les aéroports d’Orly et de Roissy soient reliés à Paris dès 2024" au lieu de 2030, a déclaré le premier ministre.

Montrer une France à la pointe

"Je vois dans la candidature à l'Exposition universelle 2025 une magnifique opportunité pour l'image dans le monde du Grand Paris et de la France", déclarait aussi Manuel Valls en octobre dernier. En tant que vitrine, une Expo universelle est effectivement censée contribuer au rayonnement du pays hôte dans le reste du monde.

Ce n'est pas pour rien que la Chine a investi énormément dans l'Expo universelle de Shanghai, destinée, tout comme les JO de Pékin en 2008, à affirmer son statut de première puissance économique mondiale en devenir. A ce jour, cette édition 2010 reste de très loin la plus coûteuse de l'histoire, avec des dépenses estimées à quelque 58 milliards de dollars.

Le pavillon de la Chine lors de l'Expo universelle de 2010

Sans aller jusque là, puisque le budget sera bien plus modeste pour Paris (on parle de 3 milliards d'euros), Jean-Christophe Fromantin reconnaît dans La Tribune que "la France est dans une stratégie d'image à l'international", avec une économie "sous-tendue par son image, de l'agroalimentaire au luxe en passant par la santé, l'hôtellerie ou le bien-être" mais aussi le patrimoine.

"Lors des deux dernières expositions organisées à Paris, qui s'inscrivaient dans la révolution industrielle, la France a ébloui la terre entière", renchérit Jean-Louis Missika, adjoint d'Anne Hidalgo à la mairie. Il espère que l'Hexagone va "renouer" avec cette tradition en 2025 grâce au numérique.

Projet étudiant d'oeuvre musicale à Paris

"Nous prévoyons un grand village du numérique qui ne suscitera pas la construction de pavillons en béton", explique aussi Jean-Christophe Fromantin. Ce qui pourrait être une aubaine pour la "French Tech", ces startups françaises encore très en vue lors du dernier salon CES de Las Vegas.

Dépenser peu en espérant gagner beaucoup

Qui dit image dit forcément rentrées d'argent, et la vitrine offerte à ces PME pourrait bien attirer. "C'est un enjeu économique important pour nous, le numérique, c'est au cœur de la politique économique que je veux conduire", explique Emmanuel Macron, selon lequel "la moitié des créations d'emplois en France proviennent des start-ups de ce secteur" qualifié de "levier de la prochaine révolution industrielle".

Car comme le résumait 20minutes en 2010, à l'occasion de l'édition 2010 à Shanghai, une Expo universelle est aussi une sorte de "marché du film de Cannes", où les investisseurs "viennent montrer leurs produits en espérant remporter des prix, se faire connaître, puis gagner de l’argent".

La Tour Eiffel en mai 1888

Gérard Denizeau, spécialiste des Expositions universelles, prend l'exemple de la Tour Eiffel, construite (et en partie financée) par Gustave Eiffel pour l'édition 1889. L'ingénieur et industriel a ensuite "décroché des contrats pour construire des ponts, des viaducs, des gares un peu partout", explique l'historien, et la Tour lui a permis, ainsi qu'à la ville de Paris et à l'Etat français, d'engranger d'importants bénéfices.

Et puis il y a bien sûr l'impact touristique. Les porteurs de la candidature parisienne espèrent attirer jusqu'à 80 millions de visiteurs sur six mois, le tout sans recourir aux finances publiques. A titre de comparaison, les JO, qui pourraient coûter plus de 4 milliards d'euros à l'Etat, n'attireraient que quelques millions de personnes en quinze jours.

Projet étudiant d'une Cité sous-marine à Marseille

Ces visiteurs pourraient ensuite en profiter pour se déplacer (et consommer) dans le reste du pays, d'où le projet de "troisième cercle" porté par la candidature de Paris, et qui verrait les grandes villes de Province accessibles par TGV proposer divers événements et expositions.

INOLTRE SU HUFFPOST

L'appareil photo lifelog

Les inventions qui vont révolutionner le futur

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.