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Santé : le modèle de l'entreprise américaine Kaiser Permanente qui inspire le ministre Barrette (VIDÉO)

Santé: Le modèle américain Kaiser Permanente qui inspire le ministre Barrette

Nous sommes allés voir en quoi consiste le fameux modèle de l'entreprise américaine Kaiser Permanente, qui a inspiré dans ses réformes le ministre québécois de la Santé, Gaétan Barrette.

Un texte de Maxence Bilodeau

Les États-Unis et le Canada sont parfois si près et si loin. Si près géographiquement et si loin en matière de soins de santé. Le Canada a privilégié le régime public et universel de soins, alors que les États-Unis favorisent d'abord et surtout les régimes privés.

D'importants groupes d'assurances se sont formés aux États-Unis pour offrir à la population une gamme complète de soins de santé. L'organisation sans but lucratif Kaiser Permanente est une de ces grandes entreprises qui assurent leurs clients et les soignent. Kaiser a été fondée il y a 70 ans et compte aujourd'hui 17 000 médecins et près de 10 millions de patients.

Kaiser Permanente en chiffres

Des services dans huit États et le District de Colombia

  • 9,6 millions de patients
  • 38 hôpitaux
  • 618 cliniques
  • 17 425 médecins
  • 48 285 infirmières
  • 174 415 employés
  • 2500 patients par médecin

Source : Kaiser Permanente

1. KAISER N'EST NI GRATUIT NI UNIVERSEL

Les soins de santé de Kaiser ne sont accessibles qu'à ceux qui ont les moyens de se les offrir. On peut bénéficier du régime d'assurances de cette entreprise de deux façons :

  • grâce à l'employeur qui souscrit au régime et qui en assume une partie ou la totalité
  • comme membre individuel.

Le coût varie selon l'âge, le sexe, l'état de santé et même selon le lieu de résidence. Ainsi, un homme de 30 ans en bonne santé habitant à Los Angeles paiera environ 200 $ par mois pour avoir la couverture minimale offerte par Kaiser.

De même, une jeune famille avec deux enfants habitant également à Los Angeles devra payer 600 $ par mois pour la couverture de base, soit 7200 $ par année.

Il existe différents types de plans et donc de niveaux de services.

2. LES MÉDECINS SONT DES SALARIÉS

Différence majeure avec ce qui se fait ailleurs aux États-Unis et au Canada, les médecins sont des employés de Kaiser; ils ne sont pas des travailleurs indépendants et ne sont pas payés à l'acte.

Les médecins rencontrés à Oakland, en Californie, me disent préférer être des salariés. D'abord, ils n'ont pas à se soucier de gérer une entreprise; d'autres s'en chargent pour eux.

Ensuite, ils apprécient de ne pas avoir à voir les patients en personne pour être rémunérés. Souvent, disent-ils, les problèmes peuvent être réglés par téléphone ou par courriel. Selon eux, le régime du paiement à l'acte incite les médecins à faire venir les patients au bureau, ce qui peut constituer une perte de temps à la fois pour le médecin et pour le patient.

3. LE DOSSIER MÉDICAL UNIQUE ET INFORMATISÉ

Kaiser voit l'informatique comme une pièce maîtresse de l'amélioration des soins et de l'efficacité du régime. L'entreprise a d'ailleurs investi des milliards de dollars dans ce domaine.

Oui, chaque patient a son dossier médical informatisé. Il est accessible à tous les médecins de Kaiser. Ça veut dire que si vous avez subi une prise de sang, tous vos médecins traitants reçoivent en même temps ces résultats. Ça veut dire aussi que si un médecin vous prescrit un médicament, tous les autres savent que vous avez amorcé ce traitement.

4. LES MÉDECINS DE KAISER NE PRATIQUENT PAS EN VASE CLOS

Des comités de pairs établissent des normes et des standards pour le traitement de maladies spécifiques. Ce qui veut dire qu'à moins d'avoir une bonne raison, un médecin ne peut pas trop s'écarter d'une certaine façon d'agir face à un problème donné.

C'est vrai par exemple concernant les tests. Un médecin ne peut pas commander des multitudes de tests sans raison valable. Il ne peut pas non plus prescrire sans raison valable des médicaments qui n'ont pas été préautorisés par le comité de pairs de Kaiser. Comme le dossier médical est accessible à tous, le médecin « déviant » sera repéré par ses supérieurs ou ses collègues.

5. LES MÉDECINS DE KAISER ONT JUSQU'À 2500 PATIENTS

C'est un chiffre qui varie selon la spécialité du médecin et l'état général de santé de la population dans laquelle il évolue. Mais si les médecins peuvent avoir autant de patients, c'est parce qu'ils sont soutenus; ils n'agissent pas seuls. Ils évoluent au sein d'un réseau bien organisé. Ils sont entourés d'infirmières, d'aides et de gestionnaires. Les médecins de Kaiser sont payés pour faire de la médecine.

6. LES MÉDECINS DE KAISER SONT DES EMPLOYÉS

Comme un électricien chez Bombardier ou une caissière chez Provigo, les médecins de Kaiser ont des horaires et des conditions de travail.

En gros, ils travaillent du lundi au vendredi de 8 h à 18 h. Une grosse partie pour voir des patients, une autre pour répondre aux courriels de leurs patients et s'occuper de leurs dossiers (analyse de résultats de tests, etc.). Ils ont un ou deux jours de garde par mois les soirs et fins de semaine et peuvent obtenir du temps compensatoire.

Ils disposent de trois à quatre semaines de vacances annuelles, selon l'ancienneté. Et ont à leur disposition une à deux semaines supplémentaires pour des activités professionnelles.

7. KAISER N'EST PAS PARFAIT

Kaiser a eu son lot de difficultés, des amendes aux recours collectifs. Un de ses syndicats, particulièrement militant, dénonce une course à la réduction des services pour augmenter les bénéfices de l'entreprise.

Ce à quoi Kaiser répond qu'elle est un organisme à but non lucratif et que les bénéfices servent à financer de nouveaux équipements comme la construction d'hôpitaux. Du même souffle, l'entreprise ajoute qu'elle ne doit pas être si mauvaise puisqu'un organisme indépendant d'évaluation des régimes d'assurance maladie, le National Committee for Quality Assurance, lui donne quatre étoiles avec la mention « excellent ».

Kaiser reconnaît que son système n'est pas parfait. Le vice-président de l'entreprise, Patrick Courneya, affirme que Kaiser a autant à apprendre qu'à enseigner quand vient le temps d'évaluer les régimes de soins de santé d'un pays. Il estime que son régime n'obtient pas toujours les résultats escomptés, et qu'il reste trop cher.

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