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Paralysie du plexus brachial: une jeune femme raconte son handicap dans une émouvante vidéo sur Facebook

Une jeune femme raconte son handicap dans une émouvante vidéo sur Facebook

"Voilà une infime partie de ce que j'ai du réapprendre à faire". S'habiller, se maquiller, se coiffer...tout est devenu compliqué depuis un accident de moto en mars 2014. Mais Manon s'adapte. La preuve en images avec la vidéo publiée un an plus tard par la jeune femme sur sa page Facebook et sur YouTube. Partagée le 1er mars dans la soirée, la vidéo à voir ci-dessus totalise déjà plus de 3 millions de vues sur le réseau social.

Le 21 mars 2014, Manon a été à 20 ans victime d'un grave accident de la route dans un tunnel de Nanterre (Hauts-de-Seine). Depuis, elle est atteinte d'une paralysie complète du plexus brachial, un mal plus communément appelé "maladie du motard", indique la jeune femme. Un handicap sérieux puisque son bras gauche ne réagit plus.

"Cinq nerfs contrôle un bras, quatre sont arrachés de ma moelle, donc irrécupérables, j'ai déjà subi deux opérations dont une greffe de nerf", écrit la jeune femme pour accompagner sa vidéo. Ces "racines", comme elle les appelle dans un mail envoyé au HuffPost, "sont branchées directement à la moelle épinière au niveau des cervicales". "Moi, sur les cinq, il n'y a qu'un tout petit bout qui n'est pas arraché, les autres sont définitivement mortes", poursuit-elle.

Malgré une récente greffe, les chances de Manon de retrouver un jour l'usage de son membre sont faibles. "Il m'a fallu beaucoup de temps, beaucoup d'examens et de consultations pour connaître en détail l'état de ma paralysie, précise-t-elle. Je suis à un an de mon accident et beaucoup de choses ont changé, voir presque tout. Je ne travaille plus, je suis toujours bloquée dans mes démarches d'assurance et d'indemnisation".

"Le plus difficile aujourd'hui ce sont les "douleurs du membre fantôme"

Aujourd'hui la jeune femme souffre de douleurs neuropathiques, dont souffrent aussi les personnes ayant été amputées (une sensation de coups de poignard, de brûlures ou de chocs électriques, souvent accompagnées de fourmillements ou de démangeaisons).

"Au tout début quand je suis rentrée chez moi, je me souviens bien monter dans ma chambre, m’asseoir sur mon lit, et fondre en larme. C'est bien là que j'ai réalisé ce qu'il m'était arrivé et que ma vie allait radicalement changer. J'ai mis du temps à retrouver un rythme, à remanger, à redormir, diminuer petit à petit les antidouleurs. Au début, je ne savais plus rien faire seule et tout m'était douloureux, chaque déplacement, chaque geste. Je ne trouvais rien d'agréable à faire.

J'ai évidemment commencé la rééducation en hôpital de jour. Mes soins ont diminué au fil des jours et à partir de là, petit à petit j'ai recommencé à reprendre un rythme normal. Ce qui a été et est le plus difficile, toujours aujourd'hui, et toutes les personnes paralysées ou amputées me suivront, ce sont les douleurs neuropathiques, dites 'douleurs du membre fantôme'. Elle sont très dures à gérer, certains ne les supportent tout simplement pas. Mais des techniques existent pour les soulager. Moi j'arrive la plupart du temps à les gérer donc ça va."

Pourtant cela ne l'empêche pas de continuer à vivre. Au contraire, explique-t-elle, si elle "le vit bien" c'est parce qu'elle "l'accepte". L'accident "a changé mon mode de vie, mes activités, raconte-t-elle au HuffPost. Avant ça j'étais moto, moto, maintenant je suis moto dans la tête mais plutôt dessin. J'ai toujours un peu dessiné, et maintenant avec tout mon temps libre, je m'y suis mise à fond, j'ai beaucoup progresser".

Mais les gestes du quotidien sont à réapprendre.

"J’apprends tous les jours à me débrouiller, je trouve des astuces. On le voit dans ma vidéo, d'ailleurs l'astuce du soutien-gorge, c'est une copine (valide) qui me l'a trouvée, car j'en avais marre de l'enfiler et d'attendre qu'on puisse me l’agrafer ! J'ai toujours détesté jusqu'à aujourd'hui qu'on m'aide sans que je le demande ou qu'on fasse quelque chose à ma place. Du coup ça m'a poussé à me débrouiller.

Sinon il reste évidemment des tonnes de choses que je ne peux pas faire ou faire seule. J'ai une seule grosse appréhension pour l'avenir, c'est quand je serai maman et que je devrai m'occuper de mon enfant, à un bras... Heureusement je sais par le biais de mamans 'Pléxusiennes', qu'en règle général on s'en sort très bien."

Pour conclure son mail en réponse au HuffPost, Manon réitère le même souhait que sur le message accompagnant sa vidéo.

"Si j'avais un message à faire passer à toutes les personnes souffrantes de quoi que ce soit dû à un accident de la route, peu importe avec quel véhicule, ce serait 'soyez heureux et battez vous', vous avez la chance de pouvoir dire 'demain'. Aux usagers de la route, nous ne sommes pas intouchables, ces 30 secondes où je l'ai cru m'ont blessée pour toujours. Vous ne voulez pas ça, conduisez doucement et prudemment".

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