MOSCOU - Les enquêteurs russes chargés de faire la lumière sur l'assassinat spectaculaire de l'opposant Boris Nemtsov tentaient lundi de déterminer si le crime a été ou non filmé par des caméras de sécurité.
M. Nemtsov a été abattu en pleine rue vendredi soir, alors qu'il circulait à pied avec une femme près du Kremlin. Son assaillant aurait ensuite pris la fuite dans une voiture de couleur pâle.
L'ancien vice-premier ministre avait accordé quelques heures plus tôt une entrevue à la radio, dans laquelle il décriait la politique «démente et agressive» du président Vladimir Poutine en Ukraine.
Aucun suspect n'a encore été arrêté.
On ne sait pas avec certitude si le crime a été filmé par des caméras de surveillance, même s'il a été commis dans un des secteurs les plus sécurisés de la capitale russe.
Le quotidien économique Kommersant cite des sources anonymes au sein du ministère de l'Intérieur selon qui l'assassinat n'a pas été filmé, en raison d'une panne des caméras.
Toutefois, une porte-parole du département des technologies de l'information de Moscou, Yelena Novikova, a déclaré lundi que «toutes les caméras qui appartiennent à la ville» fonctionnaient correctement le soir du meurtre. Ce département supervise les caméras de sécurité de la ville.
Mme Novikova a ajouté que les autorités fédérales disposent de caméras près du Kremlin qui ne relèvent pas de son agence.
L'absence de toute séquence de vidéosurveillance dans un endroit aussi public que le coeur de Moscou ne fait qu'aggraver la frustration des partisans de M. Nemtsov, dont plusieurs croient qu'il a possiblement été tué par le gouvernement.
Les enquêteurs disent poursuivre plusieurs pistes et ont offert une récompense de 50 000 $ US pour toute information dans ce dossier.
La seule témoin semble être une Ukrainienne de 23 ans, Anna Duritskaïa, qui accompagnait M. Nemtsov au moment du crime. Elle est sous la protection de la police depuis samedi matin, mais lundi elle a déclaré à la chaîne indépendante Dozhd ne pas avoir vu le tueur.
«Je n'ai rien vu, a-t-elle dit. Je me suis retournée et tout ce que j'ai vu c'est une voiture de couleur pâle. Je n'ai vu ni la marque, ni la plaque de la voiture quand elle est repartie.»
Mme Duritskaïa dit qu'elle connaissait M. Nemtsov depuis trois ans. Elle dit avoir interrogée en profondeur mais que les enquêteurs russes refusent de la laisser quitter le pays. Elle habite maintenant avec une amie, à Moscou.
Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a déclaré lundi que l'assassinat de M. Nemtsov est «un crime odieux, abject et révoltant». Il a déclaré au réseau de télévision BFM que le meurtre «soulève une série de questions». Il a ensuite réclamé une enquête approfondie mais n'a pas voulu dire si, à son avis, les efforts des autorités russe sont suffisants.
Rappelant les meurtres d'autres dissidents, il a déclaré que «le fait est qu'il ne fait pas bon être opposant en Russie».
Son homologue russe, Sergeï Lavrov, a affirmé que le meurtre de M. Nemtsov est un «crime haineux qui fera l'objet d'une enquête approfondie». Il a déclaré devant le Conseil des droits de l'homme des Nations unies, à Genève, que le président Poutine a «immédiatement émis toutes les instructions et il s'assure d'une supervision spéciale de l'enquête».
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