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«Chorus» clôt les 33e Rendez-vous du cinéma québécois

«Chorus» clôt les 33e Rendez-vous du cinéma québécois
Courtoisie

La 33e édition des Rendez-vous du cinéma québécois s’est achevée samedi avec la présentation, en première canadienne, de Chorus, sixième long-métrage du réalisateur François Delisle. L’équipe du film, incluant les acteurs principaux Sébastien Ricard, Fanny Mallette et Pierre Curzi, a foulé le «tapis bleu», quelques minutes avant la projection, en début de soirée, au Cinéma Cinéplex Odéon Quartier Latin.

Chorus est une œuvre «sombre à priori, mais pleine de vie a posteriori», aux dires de son créateur, François Delisle. Sébastien Ricard et Fanny Mallette y incarnent Christophe et Irène, qui formaient jadis un couple, lequel s’est séparé après la disparition de son fils de 8 ans. Depuis, Christophe s’est exilé au Mexique, où il mène une vie d’errance, incapable de conserver un boulot, tandis qu’Irène se consacre à sa carrière d’alto dans un chœur de musique ancienne.

» Visionnez la bande-annonce de Chorusici.

Une décennie après leur rupture, on leur apprend que les restes humains de leur garçon ont été trouvés, que le meurtrier a avoué son crime. S’ensuit alors le processus d’identification à la morgue, les funérailles, mais surtout, les retrouvailles entre le père et la mère et les moments de deuil, de transition et de passage vers la lumière. Le titre, Chorus, réfère à la musique, très à l’avant-plan dans le propos et dans la vie d’Irène, mais aussi au cœur qui bat, aux mouvements d’ouverture et de fermeture qui rythment toute la structure, aux images en noir et blanc.

«Mon désir était d’approcher le sentiment de la perte, a expliqué François Delisle. Montrer ce que le fait de perdre des choses peut nous donner, davantage que ce que ça peut nous enlever. À partir de là, j’ai pensé à un couple qui perd son enfant, et qui traverse cette étape ensemble, des années plus tard.»

«Pourquoi des années? Pour donner une certaine distance, pour que les choses se soient déposées, à un certain point. Parce que je crois qu’il n’y a rien de déposé, quand ça arrive. De là est venu le prétexte pour parler de réconciliation, de consolation, pour pousser les personnages vers l’avant. C’est un film qui laisse beaucoup de place au spectateur, qui peut lui-même se projeter dans ce questionnement, mais je n’ai voulu donner aucune réponse, ce n’est pas un film à thèse.»

«C’est presque initiatique, comme film, a indiqué Fanny Mallette. Il faut accepter de traverser certaines épreuves avec les personnages, de les accompagner là-dedans. C’est une histoire d’une grande lumière, d’une grande beauté, malgré la dureté de son sujet. C’est une quête de rédemption. Comment continue-t-on à vivre, quand on vit un deuil?»

Terrible scénario

Fanny Mallette et Sébastien Ricard sont tous deux parents ; Fanny est maman de trois enfants et Sébastien, papa de deux. Difficile, dans pareil contexte, de ne pas songer à sa propre réalité lorsqu’on plonge dans une mise en scène comme celle de Chorus.

«Le fait d’être mère aidait la comédienne, parce que je sais d’où ça part, a expliqué Fanny Mallette, qui avait aussi joué les mères éplorées dans le drame Les sept jours du Talion. Je n’ai pas perdu d’enfant mais, dès qu’un bébé vient au monde, on vit avec cette peur, on y pense. On imagine tous les possibles. Je pouvais donc avoir de l’empathie et savoir d’où part cette douleur… Je me suis posé la question, au départ, si je devais puiser dans mon bagage à moi ou si j’inventais un personnage, et ça s’est vite imposé. Je ne peux pas faire abstraction du fait que je suis mère de trois enfants, et trois garçons, en plus!»

«La disparition d’un enfant, c’est un scénario épouvantable, a pour sa part commenté Sébastien Ricard. C’est la pire affaire qui puisse arriver, j’imagine! Donc, ce n’est pas difficile de s’imaginer des choses, mais on essaie de ne pas trop y penser. Mais, oui, ça va jouer dans ces zones…»

Fanny et Sébastien se connaissaient de longue date lorsqu’ils ont échangé leurs premières répliques sur le plateau de Chorus. Cette collaboration revêtait pour eux un caractère joliment émouvant.

«On a fait l’École nationale de théâtre ensemble entre 1994 et 1998, a noté Sébastien Ricard. On était dans la même classe et, depuis, on n’avait jamais joué ensemble, ce qui est assez étrange, parce que le milieu n’est pas si grand. C’était une belle coïncidence, car l’histoire du film ressemble un peu à la nôtre ; on a partagé énormément de choses pendant quatre ans à l’École nationale, on a eu une grande proximité les uns avec les autres, mais on ne s’était jamais côtoyés professionnellement.»

Chorus prendra l’affiche au Québec vendredi prochain, le 6 mars. François Delisle planche déjà sur un nouveau projet, intitulé Cash Nexus, dont la trame, qui traite de la rivalité entre deux frères, est inspirée du mythe de Caïn et Abel.

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