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La philosophie pour les enfants dès la maternelle

La philosophie, un jeu d'enfants
Radio-Canada.ca

Qu'est-ce qu'une personne? Pourquoi faire le mal? Si personne ne le sait, est-ce que c'est moins grave? La philosophie pour enfants conquiert un nombre croissant d'écoles au Québec. Elle permet de mieux prévenir la violence, tout en développant le raisonnement logique, la pensée critique et la capacité à dialoguer avec les autres.

Les enfants de l'école primaire Adrien-Gamache, à Longueuil, font de la philosophie pour enfants dès la maternelle, une fois par semaine ou aux deux semaines.

Ce matin-là, on explore le thème de la gentillesse et de la frontière entre le bien et le mal. Vaste question philosophique! Voici des propos entendus dans les classes de Geneviève Allard (3e et 4e année) et de Marie-Noëlle Sauvageau (6e année) :

Expérimentée dès 2005 dans la Commission scolaire Marie-Victorin, la philosophie pour enfants commence à se répandre à Montréal, en Estrie, en Mauricie, dans le Haut-Saint-Laurent et à Beauharnois, entre autres.

L'objectif plus large, c'est de prévenir la violence. Car apprendre à réfléchir, c'est aussi apprendre à dire non, à mettre des mots sur ses intuitions, à argumenter et à remettre en question les actions d'autrui. C'est aussi apprendre à écouter l'autre et à respecter son opinion.

« En travaillant cette capacité au désaccord, à penser par soi-même, on pense que les enfants seront moins vulnérables à la violence. »

— Céline Roy, formatrice pour La Traversée

La Traversée, un organisme de la Rive-Sud qui aide les femmes et enfants victimes d'agressions sexuelles, a mis au point le programme Prévention de la violence et philosophie pour enfants. Elle s'est inspirée des travaux de l'Américain Matthew Lipman dans les années 70.

Comment ça fonctionne?

Les enfants lisent un court roman en classe, puis choisissent une question avec leur enseignant. Ils placent alors les chaises en cercle pour la discussion. L'enseignant tente de ne pas influencer les réponses, mais aide chaque enfant à formuler sa pensée, en interaction avec les autres.

Hypothèse, justification, doute, nuance... au fil des interventions, la discussion progresse vers une réponse rationnelle à la question de départ. C'est ce qu'on appelle un peu savamment « une communauté de recherche philosophique ».

Des auteurs québécois, comme Pierre Laurendeau, professeur de philosophie au cégep, ont écrit les courts romans adaptés aux différents âges, de la maternelle à la 6e année. Ces romans sont accompagnés de volumineux guides pédagogiques, fournis aux enseignants.

Deux petits romans philosophiques écrits par Pierre Laurendeau et un guide pédagogique de 400 pages.Deux petits romans philosophiques écrits par Pierre Laurendeau et un guide pédagogique de 400 pages. Photo : Radio-Canada

Philosopher avec ses élèves en classe ne s'improvise pas. On est loin de l'apprentissage des grands auteurs. Il faut exploiter ici la capacité naturelle des enfants à s'étonner et à poser des questions, pour les amener à « faire » de la philosophie. C'est un exercice d'humilité pour le professeur, qui doit s'empêcher de reformuler lui-même les idées maladroitement exprimées, ou pire, de donner lui-même sa propre réponse.

« Les enfants ont une capacité naturelle à s'étonner, qui se perd avec l'âge. »

— Pierre Laurendeau, professeur de philosophie au Collège Lionel-Groulx

Ils adorent ça

Les élèves disent attendre avec impatience la période de « philo ». C'est un moment privilégié en classe où ils peuvent dire ce qu'ils pensent, sans craindre d'être jugés par leurs pairs ou leur professeur, puisqu'il n'y a pas de « bonne » ou de « mauvaise » réponse. C'est un cocktail vitaminé pour l'estime personnelle et la confiance en soi.

Cet apprentissage utile pour toute la vie et « transversal » (pour employer un terme de la réforme) ne fait pas partie du programme officiel du ministère de l'Éducation. Toutefois, la philosophie pour enfants peut très bien constituer le volet « éthique » du cours d'éthique et culture religieuse.

Actuellement, La Traversée croule sous les demandes de formation, de la part de parents, d'enseignants ou de directions d'école. L'apprentissage dure quatre jours, suivis de plusieurs accompagnements en classe.

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