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Montréal: les Collèges de Maisonneuve et de Rosemont rompent leur contrat avec Adil Charkaoui

Deux cégeps rompent leur contrat avec Adil Charkaoui
Radio-Canada

Le site web du Centre communautaire islamique de l'Est de Montréal (CCIEM), dirigé par Adil Charkaoui, suggère aux internautes la visite d'une librairie virtuelle dans laquelle on retrouve entre autres des livres sur les vertus du djihad, la défense des terres musulmanes ainsi que des traductions de discours d'Oussama ben Laden.

Selon ce que Radio-Canada a appris, c'est l'une des raisons pour lesquelles le Collège de Maisonneuve et le Collège de Rosemont ont suspendu jeudi leurs contrats de location de locaux avec le CCIEM, qui porte aussi le nom de Centre communautaire islamique Assahaba.

La librairie virtuelle, KITÂB PDF, propose « des livres islamiques gratuits ». En fouillant un peu, on tombe sur des titres comme Le rôle des femmes dans le combat contre l'ennemi, Comment m'entraîner pour le jihad et L'obligation du jihad.

Or, ce site web figure parmi les liens suggérés aux étudiants du CCIEM inscrits au séminaire « Ce que le musulman(e) doit impérativement savoir » en vue de réussir le 1er examen du trimestre, qui avait lieu le 15 février dernier.

Mais ce n'est pas tout. Les collèges de Maisonneuve et Rosemont reprochent aussi au CCIEM d'avoir publié sur YouTube une vidéo qui dénigre un autre groupe de musulmans. Cette vidéo a été retirée depuis.

« On n'accepte pas de dénigrement envers d'autres groupes, affirme le directeur général du Collège de Rosemont, Stéphane Godbout. Que le centre ait mis sur YouTube une vidéo qui dénigre un autre groupe de musulmans, c'est inacceptable pour nous et ça va à l'encontre de nos politiques et règlements. » M. Godbout précise avoir entamé son enquête sur le CCIEM à la suite d'une plainte.

En outre, une version antérieure de la page Facebook du CCIEM suggérait aux Internautes de visiter une autre page Facebook intitulée The Syrian Revolution 2011, qui glorifie la lutte armée contre le régime dictatorial de Bachar Al-Assad en Syrie. Ce lien n'apparait toutefois plus sur la page Facebook du CCIEM.

Cette rupture des ponts entre le CCIEM et les deux collèges montréalais survient alors qu'on apprend que des jeunes Québécois sont soupçonnés d'être allés grossir les rangs de l'État islamique en Syrie. Quatre de ces six jeunes étaient inscrits au Collège de Maisonneuve l'automne dernier.

Qui est Adil Charkaoui?

Établi au Canada en 1995, Adil Charkaoui a été arrêté en mai 2003 en vertu d'un certificat de sécurité. Le gouvernement fédéral soupçonnait l'homme originaire du Maroc d'appartenir à un réseau terroriste lié à Al-Qaïda, ce qu'il a toujours nié.

Après plus de 21 mois d'incarcération, il a été remis en liberté en 2005 par un juge de la Cour fédérale, qui lui a néanmoins imposé de strictes conditions, dont le port d'un bracelet électronique. Plusieurs organisations, dont Amnistie internationale et la Ligue des droits de l'homme, avaient milité pour l'abandon des procédures engagées contre lui.

En août 2009, Ottawa a retiré certains éléments de preuve dans le dossier d'Adil Charkaoui, affirmant que le fait de les rendre publics compromettrait la sécurité nationale.

Avec le retrait de ces documents, liés à l'écoute électronique dont Adil Charkaoui avait fait l'objet, Ottawa a affaibli la preuve qu'il disait détenir dans ce dossier.

Conséquemment, la juge Danièle Tremblay-Lamer de la Cour fédérale a estimé que le certificat de sécurité émis contre le Montréalais n'avait plus sa raison d'être.

En septembre de la même année, la juge Tremblay-Lamer a levé les dernières conditions de remise en liberté imposées à Adil Charkaoui. Il a de son côté réclamé des excuses officielles du gouvernement, qu'il n'a pas obtenues. Le certificat de sécurité qui pesait contre lui a finalement été révoqué en octobre de la même année.

En 2011, il a annoncé son intention de poursuivre le gouvernement fédéral, le SCRS et l'Agence des services frontaliers du Canada pour 26 millions de dollars. Le gouvernement canadien se défend pour sa part d'avoir injustement traité Adil Charkaoui.

Adil Charkaoui a depuis fait parler de lui dans les médias pour son rôle de porte-parole du Collectif québécois contre l'islamophobie, qui a notamment organisé une marche contre le projet de Charte des valeurs québécoises en 2013.

Adil Charkaoui dit avoir obtenu sa citoyenneté canadienne en juillet 2014.

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