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Une jeune Canadienne a rejoint l'État islamique (VIDÉO)

Une jeune Canadienne a rejoint l'État islamique

Une Canadienne de 23 ans partie rejoindre le groupe armé État islamique en Syrie s'est radicalisée après avoir suivi un cours en ligne à Edmonton, selon sa sœur.

CBC/Radio-Canada a choisi de l'appeler Aisha pour protéger son identité. Certains détails, dont le lieu de résidence de sa famille, sont aussi tus pour des raisons de sécurité.

Sa sœur Rabia, dont le nom a aussi été changé, soutient qu'Aisha a été recrutée par l'intermédiaire d'une Edmontonienne qui donne un cours en ligne sur le Coran. CBC/Radio-Canada a pu confirmer l'identité de cette femme et a appris qu'elle a été renvoyée d'une mosquée où elle essayait de faire du recrutement.

Nous ne dévoilons pas son identité, car elle ne fait l'objet d'aucune accusation.

Ayant grandi dans une famille musulmane modérée, Aisha a peu à peu changé, selon Rabia. Elle la décrit comme portant le niqab et s'enfermant dans sa chambre avec son ordinateur.

La jeune femme a aussi quitté le collège pour se consacrer à temps plein à l'apprentissage de l'islam.

Sa famille croit que l'enseignante du cours en ligne lui a payé le billet pour se rendre à l'étranger, indique Rabia.

L'ancien agent du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) Michel Juneau-Katsuya note que les femmes sont de plus en plus importantes pour les djihadistes, mais pas pour les envoyer au combat, car cela ne cadre pas avec l'interprétation de l'islam radical du groupe armé État islamique, selon lui. « On veut s'en servir comme compagne, compagne sexuelle, compagne qui va s'occuper des repas, qui va s'occuper de soigner les djihadistes qui reviennent du combat. Donc, en fin de compte des tâches ménagères et sexuelles pour agrémenter jusqu'à temps qu'un djihadiste soit tué puis on la passe à quelqu'un d'autre. »

La police ignorait tout de la situation

L'inspecteur Dan Jones de la police d'Edmonton a confirmé que la situation n'était pas connue de son service avant que la GRC l'appelle pour lui dire qu'un reportage allait être publié. « On ne peut pas être partout. Si on avait été impliqués un peu plus tôt, on aurait peut-être pu faire quelque chose. »

« On ne peut pas se permettre d'échouer », a-t-il poursuivi à propos de la radicalisation. Il a demandé à la population d'alerter les autorités si jamais elle observe des cas suspects.

Ottawa réclame davantage de pouvoirs

Le ministre fédéral de la Sécurité publique, Steven Blaney, a profité du cas pour faire la promotion du projet de loi C-51, qui doit permettre aux juges d'accorder des pouvoirs d'intervention plus importants aux policiers et aux agents du SCRS.

« Nos policiers ont besoin d'outils supplémentaires, a-t-il indiqué. Nous souhaitons faciliter cette démarche. »

Le spécialiste en sécurité nationale Michel Juneau-Katsuya estime que la police a déjà perdu le contrôle de la situation à cause d'un mauvais plan d'action axé vers la répression.

Il ne faut pas uniquement s'intéresser à arrêter des gens, croit-il, « il faut aussi comprendre pourquoi ils font ce qu'ils font, pourquoi ils décident de s'enrôler dans ces brigades horribles et essayer de désamorcer ce mécanisme de recrutement ».

« Quand je vois les orientations que le gouvernement donne à l'heure actuelle à vouloir beaucoup plus exercer de la répression que de la prévention, on n'ira pas en s'améliorant malheureusement parce que de jeunes gens vont continuer à être recrutés et on va réussir à en sortir quelques-uns à l'occasion. »

— Michel Juneau-Katsuya, spécialiste en sécurité nationale

Voyage jusqu'en Syrie

Ni les détails de la radicalisation d'Aisha ni les moyens qu'elle a utilisés pour payer son voyage n'ont pu être confirmés de manière indépendante à CBC/Radio-Canada. Il est cependant connu qu'elle s'est rendue à Edmonton, puis à Toronto. Elle a ensuite gagné Barcelone, puis la Turquie, avant de traverser la frontière avec la Syrie.

Rabia dit que sa famille est furieuse que la recruteuse présumée soit toujours libre. Elle avance que le cours en ligne comprenait 15 étudiants canadiens, dont une Québécoise avec qui Aisha est apparue lors d'une conversation Skype.

Le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) s'intéresse à Aisha depuis près de deux ans, mais il reste coi sur les détails de l'enquête.

La sœur d'Aisha affirme que le SCRS a mis en garde ses proches à propos du compte Twitter de la jeune femme, qui montrait un drapeau de l'EI. « Les agents nous ont dit qu'elle avait interagi avec des gens qu'ils pensaient dangereux et qui l'influençaient de manière négative, dit-elle. Ils ne nous ont pas donné assez d'information, et tout était très vague. »

Rabia s'inquiète du sort de sa sœur, dont le passeport a été révoqué. « Elle réalise que ce n'est pas ce qu'elle avait imaginé », raconte-t-elle.

Les sœurs s'envoient des textos ou se parlent toutes les deux semaines.

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