Ford a dévoilé le F-150 2015 à l’automne dernier. On nous promettait, à l’époque, essentiellement deux choses : des moteurs plus économiques en carburant, et une carrosserie en aluminium qui rendrait cette nouvelle génération de Pick-up plus légère de 700 livres par rapport à l’ancienne.
Quelques mois plus tard, nous voici dans la magnifique région de Charlevoix, en pleine tempête de neige, pour mettre à l’épreuve le Ford F-150 2015. Si vous croyez, d’entrée de jeu, que ce texte ne s’adresse qu’à un infime pourcentage de la population, vous faites erreur. Le F-150 est depuis longtemps le véhicule le plus vendu aux États-Unis. Et depuis 5 ans, il est le véhicule le plus vendu au Canada. Si les citadins ne se sont pas encore amourachés des Pick-up, il suffit de franchir un pont pour se rendre compte que les banlieues et régions raffolent des camionnettes.
5 nuances de Ford F-150
Alors, pour 2015, Ford a décidé de simplifier sa gamme. Il n’a pas si longtemps, acheter un Ford F-150 était compliqué : il y avait énormément de versions et de sous-versions. Maintenant, il y en a 5 : XL, XLT, Lariat, King Ranch et Platinum, de gauche à droite, de la moins équipée à la plus équipée. Dans le King Ranch, par exemple, il y a des sièges masseurs.
Chaque version est disponible soit avec l’ensemble chrome ou l’ensemble sport. Ainsi, il est dorénavant possible d’opter pour une version toute équipée sans avoir à endurer du chrome (si vous n’aimez pas ça).
À l’achat de votre F-150, vous avez le choix entre quatre moteurs : un V6 de 3,5 litres atmosphérique développant 282 chevaux, un V6 turbo de 2,7 litres développant 325 chevaux, un V6 turbo de 3,5 litres EcoBoost développant 365 chevaux, et un V8 atmosphérique de 5,0 litres développant 385 chevaux.
Quoi qu’il en soit, nous avons testé le Ford F-150 au cours de quatre épreuves ainsi qu’au cours d’une longue balade sur les routes sinueuses de Charlevoix. Voici notre compte-rendu, en 5 nuances.
Tirer une charge de 9 000 livres
Moteur : V6 3,5 litres turbo EcoBoost (365 chevaux)
Y a-t-il meilleur endroit que de longues routes droites pour tester un Pick-up avec une remorque transportant plus 9 000 livres attachés à l’arrière? Sans doute pas. Où nous étions, c’était plutôt l’inverse. Les routes étaient irrégulières, escarpées, présentant de fortes pentes à grimper et à descendre.
Pourtant, le moteur EcoBoost de 3,5 litres faisait des miracles pour transporter, sans broncher, la charge de 9 000 livres embarquées sur la remorque attachée à l’arrière de notre véhicule.
Pour permettre à un «petit» moteur de transporter de telles charges sans effort, la transmission électronique automatique à 6 rapports de Ford s’adapte à la charge pour effectuer les accélérations et les freinages en douceur.
Au volant de la bête au travail, c’était impossible de dire que le moteur qui était alors le maître d’oeuvre n’était pas un gros V8, mais bien un V6 turbo des plus modernes, sous une carrosserie d’aluminium. Autrement dit, l’expérience de tirage est similaire avec ce qui s’est toujours fait, avec, cela dit, une meilleure économie d’essence que ce qu’un antique V8 aurait réalisé.
Transporter une charge de 9 00 livres dans la boîte
Moteur : V6 3,5 litres turbo EcoBoost
Avec une machine qui sert à aplatir de la gravelle dans la boîte (plus de 9 00 livres), le F-150 se comporte comme si de rien n’était. En fait, considérant sa perte de poids de 700 livres, c’est comme si, au fond, on demandait à la génération précédente de transporter une charge de 200 livres.
Qui plus est, comme les suspensions du F-150 sont calibrées pour le travail, le véhicule se montre plus confortable avec une telle charge dans la boîte arrière.
Encore une fois, le V6 de 3,5 litres turbo fait un travail remarquable, mettant à la disposition du conducteur ses 365 chevaux pour effectuer la tâche sans broncher.
Jouer dans la neige et la gravelle
Moteur : V8 de 5,0 litres atmosphérique
Dans une carrière abandonnée, recouverte de neige, des piles de roches et de graviers attendaient patiemment l’arrivée des F-150 pour les mettre à l’épreuve.
Chaussés de pneus BF Goodrich KO2 tout terrain expérimentaux, les camions avaient à franchir un véritable parcours «tout terrain». Ascensions escarpées, routes recouvertes d’une épaisse couche de neige, de bois, rien n’arrête le Ford F-150, beaucoup plus agile depuis sa cure minceur.
C’est surtout dans ce genre de tests que 700 livres disparues brillent par leur absence. Le Ford F-150 2015 semble plus disposé à ce genre de tâche, et on ne sent pas la mécanique travailler autant qu’auparavant pour hisser le véhicule de deux tonnes en haut de la falaise.
Dans la neige, la traction intégrale réglable brille. Il est possible de laisser un ordinateur gérer la distribution de la puissance aux quatre roues, ou de la forcer aux quatre roues en sélectionnant le mode «4 high». Il y a également un mode «low» pour se sortir des difficultés.
Tester sa manoeuvrabilité sur une piste de neige
Moteur : V8 de 5,0 litres atmosphérique
Rouler en ligne droite sur une voie enneigée et bossue à plus de 140 km/h, prendre des virages de glace en dérapage contrôlé à plus de 80 km/h, voilà le dernier test qui attendait le Ford F-150.
Si tous les véhicules peuvent être conduits avec enthousiasme, pour plusieurs d’entre eux, les performances ne sont tout simplement pas au rendez-vous. Sans aller jusqu’à dire que le Ford F-150 est sportif, ce dernier test nous a permis de constater que le véhicule est beaucoup plus agile qu’auparavant. 700 livres en moins lui confèrent des accélérations plus marquées, ainsi qu’un freinage plus agressif. La tenue de route se voit elle aussi grandement améliorée.
Vivement l’arrivée du nouveau Ford Raptor!
Glisser sur les routes enneigées de Charlevoix
Moteur : V8 de 3,5 litres turbo EcoBoost et V8 de 5,0 litres atmosphérique
Si les Pick-up sont conçus comme des outils de travail, peu seront vraiment utilisés à cet effet. Les gens aiment les camions pour ce qu’ils sont : de gros véhicules hauts sur la route, utiles à l’occasion. En tant que voiture de promenade, le Ford F-150 est-il intéressant?
En ce qui concerne les commodités, le F-150 en offre autant qu’une berline de luxe pleine grandeur. Des sièges masseurs aux phares DEL intelligents, le F-150 vous offre tout ce que vous êtes prêts à payer, avec une version tout équipée «Platinium» qui se détaille pour plus de 63 000$.
Mais, pour ce prix, le F-150 reste tout de même un Pick-up, ce qui veut dire un véhicule qui manque de raffinement au niveau des suspensions. Le F-150, même dans sa version Platinium, brasse beaucoup son conducteur et ses passagers. On sent que nous sommes dans un véhicule conçu pour être robuste, au détriment du confort primaire de ses occupants.
Ram a réglé ce problème avec son Ram 1500, en équipant certaines versions avec des suspensions à l’air intelligentes et indépendantes aux quatre roues. Le résultat est un camion beaucoup plus confortable et civilisé que ce que peut offrir le F-150.
Qui plus est, la transmission du F-150 est décevante. Si elle peut trainer sans problème des charges de 9 000 livres, elle maintient avec difficulté la vitesse du véhicule sur des routes irrégulières en élévation. Trop souvent, dans une côte, la vitesse diminue de manière marquée, en dépit d’un pied stable. Souvent, il faut donner du gaz et rétrograder pour maintenir sa vitesse.
Encore une fois, le Ram a réglé ce problème en offrant avec son 1500 une transmission intelligente non pas de 6 rapports, mais plutôt de 8 rapports. Ces deux rapports de plus sont ceux qu’il manque au F-150 pour être un véhicule de promenade efficace.
Toutefois, les performances du V8 et du V6 turbo sont remarquables, pour ne pas dire grisantes. Ces deux moteurs arrivent à coller à leur siège les occupants de la cabine, tout en offrant des consommations d’essence très intéressantes.
En ce moment, il y a une guerre de chiffres pour savoir qui a le Pick-up le plus économique. Chevrolet dit avoir le V8 le plus économique, Ram dit avoir le camion le plus économique grâce à son moteur V6 EcoDiesel, et Ford dit avoir le Pick-up à essence le plus économique en ses V6 et V6 turbo. L’art de la rhétorique à son meilleur. Ces trois affirmations sont vraies.
Ce qui nous amène à la conclusion de ce reportage.
Tout d’abord, en ce qui concerne les changements apportés au F-150, ils sont bénéfiques au F-150. Avoir des moteurs modernes sous la main est appréciable, et 7 00 livres en moins sont une bénédiction des plus agréables. Il est de notre avis que la concurrence n’aura pas le choix d’imiter Ford à ce chapitre si jamais elle souhaite demeurer justement une concurrence.
Mais, une transmission décevante et un manque de raffinement ajoutent un sel qui n’est pas le bienvenu à la recette.
Suite à cet essai approfondi du F-150, nous croyons que le Ram 1500 demeure un choix plus intéressant, particulièrement dans sa version EcoDiesel. D’autant plus qu'il est plus raffiné et plus confortable.
Cela dit, le F-150 donne véritablement l’impression d’être un véhicule conçu avant tout pour le travail. Il offre des options plus intéressantes à la configuration que le Ram. Il faut aussi tenir compte des coûts d’entretien des moteurs EcoBoost, plus bas que ceux du moteur EcoDiesel de Ram.
Ford F-150 2015 essai hivernal à Charlevoix
