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Jay Jay Johanson : délicieuse nordicité

Jay Jay Johanson : délicieuse nordicité
ISTANBUL, TURKEY - APRIL 09: Jay Jay Johanson performs on stage at Jolly Joker on April 9, 2014 in Istanbul, Turkey. (Photo by Pedro Gomes/Redferns via Getty Images)
Pedro Gomes via Getty Images
ISTANBUL, TURKEY - APRIL 09: Jay Jay Johanson performs on stage at Jolly Joker on April 9, 2014 in Istanbul, Turkey. (Photo by Pedro Gomes/Redferns via Getty Images)

Dehors, il neige encore. De gros flocons qui tourbillonnent avant de toucher terre. Mais cette fois, la température est clémente. Personne ne s’en plaindra. Dans la salle du Gesù aussi, samedi soir, tout est doux et nordique. Dandy de bon goût et éternel romantique, le chanteur suédois Jay Jay Johanson y présente le premier de deux concerts à la programmation du Festival Montréal en lumière.

Révélé à la toute fin des années 1990 grâce à son très apprécié Whiskey, Jay-Jay Johanson y défend les chansons de son dernier opus, Cockroach, où il renoue avec des arrangements jazz élégants et encore une fois assez suaves. Encore une fois, il propose une pop expérimentale ample et feutrée (pensons aux pièces Coincidence – I Miss You Most of All, Hawkeye) qui fonctionne fort bien sur les planches. Du début à la fin, il sera debout devant son micro sur pied, pour interpréter une vingtaine de compositions. Non loin de lui, devant un piano à queue noir, un clavier et quelques machines électroniques. Erik Johanson, son acolyte, l’accompagnera tout du long.

Un Johanson plus habité

Comme il l’avait affirmé dans certaines entrevues en Europe, Jay-Jay Johanson a voulu vivifier sur Cockroach les charmes qui habitent les disques comme Tattoo et Whiskey, ses deux premières œuvres. Et cette volonté s’est transposée en salle. En plus des atmosphères de douce séduction (et parfois à la limite de l’insolente ironie) qui imprègne ces albums, l’artiste amplifie ses compositions grâce à une simple, mais efficace mise en scène (on ne pourrait souhaiter plus dénudé en fait), qui s’approche du dramaturgique. Autour de Johanson, les artifices sont inexistants, sinon un écran qui diffuse des portraits en noir et blanc. Même sa femme en fait partie. Le reste de l’effet repose essentiellement sur l’interprétation du Suédois, planté au milieu de la scène.

L’homme paraît plus habité qu’il y a une douzaine d’années, alors qu’il s’était produit au Spectrum de Montréal, dans le cadre du Festival de jazz, en 2003. Au Gesù, il est définitivement moins en porte-à-faux avec son image de jeune crooner qu’il avait un peu de mal (on peut comprendre) à endosser en début de carrière. Jay Jay Johanson est moins extravagant. Il ne cherche pas à se camoufler derrière les envolées gestuelles. Bien qu’il n’incarne pas le crooner classique (mince, élancé, blond et relativement introverti), le chanteur est plus crédible dans la quarantaine.

Disons-le, il est définitivement plus calme et plus en contrôle quand il chante les magnifiques It Hurts Me So, She’s Mine But I’m Not Hers, Milan, Madrid, Chicago, Paris, The Girl I Love Is Gone, So Tell The Girls That I’m Back In Town, et autres I Fantasize You, qui ont fait de lui ce particulier dandy au talent si respecté. En fait, il semble prendre vraiment pied. Au fond, tout est plus « authentique ». Tant mieux, car ce sont ses amateurs québécois qui ont pu en profiter dans cette salle parfaitement choisie pour le Suédois.

De toute évidence, ce dernier se sent bien à Montréal, ville qui renferme des amateurs qui l’on suivi depuis ses débuts. Pour preuve, il aura partagé deux chansons inédites (des « world premieres » comme a dit Johanson) qui seront du prochain album Opium, à paraître au printemps.

Crooner, autrement

Il y a bien eu une ou deux petites longueurs, comme ce segment incluant les morceaux Tomorrow et Far Away. Mais bon, comment empêcher notre âme de s’égarer un peu au son de cette voix qui subjugue l’auditoire? Comment ne pas rêvasser sur ces airs qui rappellent les autres chanteurs de même famille que sont Dean Martin, Frank Sinatra, Tony Bennett, Chet Baker ou même la défunte Britannique Amy Winehouse?

Évidemment, Jay Jay Johanson à sa propre signature, celle d’un jazzman contemporain à la touche électro, celle d’une douce sobriété scandinave, celle d’une délicieuse nordicité.

À voir pour les mélodies fines, la justesse de sa voix, pour la romance, pour la superbe de quelques classiques du chanteur, pour le jeu raffiné de son collègue musicien… À déguster lentement, comme un bon whisky. À partager en salle pour se perdre dans les thèmes de l’amour, l’ennui, la nostalgie, la passion, la séduction, la détresse, la déchirure, le désaveu, l’espoir.

Jay Jay Johanson offre une supplémentaire dimanche, le 22 février, au Gesù. Autre spectacle à guichets fermés.

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