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Inégalités en santé: des surplus à Montréal, manque à gagner en Montérégie

Inégalités en santé selon la région où vous habitez
Ron Chapple Stock via Getty Images

Radio-Canada a appris que dans le domaine de la santé, certaines régions de la province ont un surplus relatif de ressources, alors que d'autres, comme la Montérégie et les Laurentides, sont plutôt sous-financées.

Un texte de Louis-Philippe Ouimet

Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) documente depuis 1993 les disparités entre les régions de la province. Avec les années, le modèle de calcul s'est raffiné, notamment en 2002-2003, lorsque des modifications ont été apportées.

En tenant compte de différents facteurs indépendants, socioéconomiques et démographiques, le ministère en arrive à plusieurs conclusions dans son bilan daté de du 12 février 2015. Et ces disparités sont parfois difficiles à accepter pour certaines agences de la santé et des services sociaux.

Les sous-financés

En tenant compte de la population, des allocations de ressources et des besoins, des comités d'experts en sont venus à la conclusion que la Montérégie a un déficit relatif de ressources d'environ 137 millions de dollars par rapport aux autres régions. La région des Laurentides est également sous-financée, mais de 69 millions de dollars par année, affirme le ministère.

L'Estrie devrait recevoir 26 millions de dollars de plus, et la Maurice - Centre-du-Québec reçoit 16 millions de moins que les autres. Le ministre de la Santé Gaétan Barrette réagit en disant que « le mode de budgétisation historique du Québec a eu tendance à ne pas s'adapter aux changements rapides de la démographie ».

Les sur-financés

Parmi les régions qui ont un excédent relatif de ressources, on compte un surplus de plus de :

  • 195 millions de dollars à Montréal;
  • 24 millions de dollars au Saguenay-Lac-Saint-Jean;
  • 21 millions de dollars au Bas-Saint-Laurent;
  • 74 millions de dollars dans la Capitale-Nationale.

Le psychiatre Lionel Cailhol travaille à Montréal et à Saint-Jérôme. Pour lui, le contraste est frappant dans le domaine de la santé mentale.

« On est obligé d'envoyer les gens sur l'île de Montréal. Vous comprenez, quand vous habitez à Mont-Laurier et que votre traitement se fait à Montréal, ça devient compliqué. C'est une complication logistique qui fait qu'il y a des clients qui ne peuvent accéder à ce type de traitements. »

— Lionel Cailhol, psychiatre

Un plan?

Lors de son court passage au pouvoir, le Parti québécois de Pauline Marois avait annoncé certaines mesures pour diminuer les inégalités en régions. Que compte faire le Parti libéral de Philippe Couillard?

« Vous prenez l'exemple de la psychiatrie. Il y a plus de psychiatres à Montréal qu'il y a partout ailleurs au Québec per capita. On n'empêche les psychiatres de s'installer à Montréal. On le fait déjà. On les pousse à s'installer à l'extérieur. On voudrait aller plus loin, mais il y a des limites à ce qu'on peut faire », explique le ministre Gaétan Barrette, qui promet de s'attaquer au problème des disparités.

« Ça fait plusieurs années que ça dure et il y a eu des tentatives dans le passé d'équilibrer les choses. Mais on ne s'en sort pas, le financement d'activités, c'est l'ultime dans la façon de gérer les dépenses. Ça responsabilise aussi les gens. »

— Gaétan Barrette, ministre de la Santé

La santé mentale : un défi

Si certains grands centres peuvent offrir plus de soins grâce à un meilleur financement, d'autres doivent en offrir moins. « Et ça, c'est quelque chose de très important pour moi. L'accès à la psychothérapie est très difficile pour nos clients. Traiter une dépression, un stress post-traumatique, un accès à la psychothérapie ça peut prendre plusieurs mois, voire plusieurs années. Le client se dégrade et il peut avoir des comportements suicidaires », explique le psychiatre Lionel Cailhol, qui aimerait que ses patients de Saint-Jérôme obtiennent davantage de services.

Malaise en région

À l'hôpital de Saint-Jérôme, même si des efforts ont été réalisés ces dernières années avec plus de moyens financiers, on souhaiterait améliorer l'accès à la psychothérapie. Dans le contexte d'une restructuration dans le système de santé, on reste toutefois prudent à l'ASSS des Laurentides, qui a confirmé son sous-financement, mais qui nous a refusé notre demande d'entrevue.

« Dans le cadre de la réorganisation actuelle de notre réseau, nous préférons nous abstenir de prendre position sur la place publique sur le sujet », écrit-on dans un courriel envoyé le 6 février dernier.

Même son de cloche à l'ASSS de la Montérégie. « Cette réalité est bien connue depuis quelques années. Depuis 2010-2011, l'écart budgétaire entre la Montérégie et l'ensemble des régions du Québec est passé de 127 millions de dollars à 98 millions en 2013-2014. Nous ne désirons pas accorder d'entrevue à ce sujet. »

Le budget de la santé

Cette valse des millions en excédents relatifs et en déficits relatifs doit tenir compte du budget total en santé, qui s'élevait à 18,86 milliards de dollars en 2013-2014 et à 19,49 milliards de dollars en 2014-2015. Ces écarts représentent donc un très faible pourcentage du budget total accordé aux différentes agences de la santé et des services sociaux.

Regardez la version télévisée du reportage de Louis-Philippe Ouimet ce soir au Téléjournal sur ICI Radio-Canada Télé.

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