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«Ennemi public» au Théâtre d'Aujourd'hui: Olivier Choinière et le carrefour des opinions (ENTREVUE)

«Ennemi public» au Théâtre d'Aujourd'hui: Olivier Choinière et le carrefour des opinions
Eugene Holtz

Qualité du français, immigration, comportement des médias, inculture, souveraineté, politique, syndicalisme : une foule de sujets seront discutés et disséqués lors d’un souper, où les membres d’une famille cherchent le responsable de tous les maux, l’Ennemi public, une pièce écrite et mise en scène par Olivier Choinière.

Le dramaturge s’est largement inspiré du climat régnant lors du printemps érable en 2012, bien que son texte ne traite pas spécifiquement de cette période. « Durant la crise, les positions se radicalisaient à l’échelle sociale, médiatique et intime. Le discours qui était tenu au début et à la fin du conflit a complètement changé: il était de moins en moins subtil et davantage manichéen. On en était à cherche un responsable à tout prix.»

Cette course effrénée pour identifier un bouc émissaire ne date pas d’hier, selon Choinière. « À l’origine du monde, on retrouvait la fonction du sacrifice. Les gens ont besoin de ça pour mettre un terme à une souffrance. C’est tout à fait humain et compréhensible, mais c’est un leurre. Si une seule personne pouvait incarner tout le mal et qu’on pouvait s’en débarrasser, ce serait merveilleux. Mais ça existe pour un temps donné seulement, avant qu’on cherche un autre coupable. De nos jours, les médias amplifient cette dynamique et on se retrouve avec des ennemis publics.»

Pour les besoins de la pièce, cette quête éternelle prend place dans une rencontre familiale, où une grand-mère convie ses trois enfants et leurs petits. « Ce sont des gens de la classe moyenne, éduqués, qui aiment discuter. Leurs rapports ne sont pas du tout fondés sur le silence ou la lourdeur communicationnelle, mais sur l’effervescence de leurs discussions.»

Un texte de théâtre comme une partition musicale

Les trois générations feront la démonstration que le débat existe bel et bien au Québec. « Je crois qu’on est capable de discuter fort, mais on a de la difficulté à échanger en dehors du concept d’ami et d’ennemi, du oui et non. Rapidement, nos conversations nous demandent d’appartenir à un camp précis, alors que les véritables débats se passent dans les zones d’ombre et de gris. Il faut accepter cette complexité. »

Tout au long de la représentation, le public sera lui aussi invité à faire des choix. Tant du côté des points de vue auxquels adhérer que des sujets de conversation à prioriser. « La pièce donne une illusion d’hyperréalisme, avec plusieurs discussions en même temps. Mais ce n’est pas plus difficile à suivre qu’une autre pièce, puisque ça ressemble à notre quotidien, lorsque les gens s’activent sur plusieurs niveaux : un dialogue avec quelqu’un, tout en regardant une émission de télévision et en surfant sur le web. Dans la salle, les spectateurs devront choisir ce qu’ils écoutent, qui ils croient et qui est l’ennemi. »

Sorte de carrefour d’opinions, le texte d’Olivier Choinière a été abordé par les comédiens comme une partition musicale, composée de solos, de duos, de quatuors ou d’ensembles. « Ensuite, ils devaient faire confiance aux intentions des personnages, pour effacer le plus possible cette partition et les ficelles du théâtre. Il faut donner l’impression aux gens qu’ils sont pratiquement plongés dans un documentaire. »

Ennemi public sera présenté au Théâtre d’Aujourd’hui du 24 février au 21 mars 2015. Cliquez ici pour plus de détails.

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