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30e Gala des prix Gémeaux : la paix est enfin revenue

30e Gala des prix Gémeaux : la paix est enfin revenue

On n’aurait jamais cru cette scène possible : Julie Snyder et Fabienne Larouche accordant des entrevues en duo et blaguant allègrement dans le décor des prix Gémeaux. Et pourtant, on l’a vue de nos yeux mardi matin, dans une salle de conférence du Hyatt Regency, à Montréal. La paix est revenue, la hache de guerre est enterrée et tout le monde est heureux : Aetios Productions, Productions J et Groupe TVA rentrent au bercail et participeront au 30e Gala des prix Gémeaux, le 20 septembre prochain.

Ainsi, les équipes d’Unité 9, 30 vies, La voix, L’été indien, Accès illimité et Le banquier seront maintenant représentées à la grande fête du petit écran, ce qui était encore impensable il y a un an. On n’aurait pu espérer plus belle nouvelle pour célébrer les trois décennies de l’événement.

10 ans plus tard…

Le froid aura quand même duré 10 ans. Julie, Fabienne et TVA avaient refusé une première fois d’être du rassemblement en 2002, inconfortables avec le processus de mises en nomination et de choix des gagnants. En 2003, Guy Fournier, alors président de l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision (ACCT) au Québec, avait tenté quelques démarches et réussi à ramener les «dissidents» à la cérémonie automnale. Or, la grande réconciliation aura alors été de courte durée ; en 2005, les «récalcitrants» se sont retirés pour de bon et ne se s’étaient pas pointés sur le tapis rouge des Gémeaux depuis.

Aujourd’hui, Fabienne et Julie évoquent les incohérences, les considérations biaisées de certains membres du jury de l’époque, le manque de transparence, les règlements de comptes qui se sont parfois joués au moment de voter. En 2003, Julie Snyder avait été blessée que Jean Lamoureux, réalisateur de Star Académie, n’ait pas été retenu finaliste pour la première édition de la populaire compétition de chant.

«Jean Lamoureux a transformé la façon de faire des variétés, et je ne pouvais pas concevoir qu’il ne soit pas en nomination, s’est indignée la patronne de Productions J. Tu peux gagner ou pas, mais qu’il ne soit pas reconnu parmi les cinq meilleurs réalisateurs de variétés, je trouvais ça dur à avaler.»

«Parfois, au lieu de juger l’œuvre, on jugeait l’individu derrière. Mais il faut que ça soit objectif», a encore argué Julie.

Fabienne Larouche, elle, a du mal à oublier l’affront dont Serge Boucher, auteur d’Apparences, a été victime en 2012, alors que tous ses collègues de la même série étaient nommés aux Gémeaux (acteurs, réalisateur, etc) mais que lui-même avait été écarté.

Maintenant que le «traité de paix» a été signé, qu’elles ont eu leur mot à dire sur les transformations amenées, Julie et Fabienne assurent que leur position est définitive et qu’elles sont revenues aux Gémeaux pour y rester.

Richard Speer, le sauveur

Lorsqu’il est devenu président de l’Académie, à la fin 2012, Richard Speer avait annoncé haut et fort son intention de ramener l’harmonie au sein de l’organisation des Gémeaux. Deux ans et demi plus tard, c’est chose faite. Un journaliste a suggéré en boutade, mardi, qu’il devrait maintenant s’attaquer au conflit israélo-palestinien. C’est dire à quel point son accomplissement est perçu comme un exploit, dans le milieu de la télévision.

En avril 2014, cinq comités ont été mis sur pied afin de procéder à une révision en profondeur du concours. Ces groupes ont ensuite émis des recommandations au conseil d’administration de l’Académie, qui les a adoptées. Tous les diffuseurs et producteurs étaient invités à partager leur opinion.

«C’a été compliqué de réunir tout le monde à la même table mais, dès que les rencontres ont commencé, c’a été très vite, a expliqué Richard Speer. Rapidement, on a senti que ça évoluait. Mais on n’a jamais mis de pression, personne ne s’est senti brusqué. Les gens étaient là pour les bonnes raisons et avaient une réelle volonté d’améliorer le processus. »

«Aujourd’hui, tout le monde revient avec le sourire», a insisté le «sauveur» des Gémeaux, qui terminera son mandat de président le 31 décembre prochain et ne compte pas en solliciter un autre.

«On a senti une ouverture, une capacité de communiquer clairement, a raconté France Lauzière, vice-présidente de Groupe TVA. Notre industrie a été bouleversée dans les dernières années. La globalisation des contenus nous amène dans un marché où on doit conclure des partenariats. Nous, on se donne la mission de protéger la création et l’excellence, et c’est dans cet esprit-là qu’on voulait faire partie du rassemblement». France Lauzière abonde dans le même sens que Fabienne Larouche et Julie Snyder en affirmant que TVA réintègre la course des Gémeaux à long terme. «On revient pour revenir», a-t-elle tranché.

Quand on consulte les nouvelles directives, on constate que celles-ci ont effectivement été minutieusement revues. Dorénavant, l’identité de toutes les personnes impliquées de près ou de loin dans le processus de décisions et d’attribution des statuettes sera rendue publique et chaque règlement est on ne peut plus limpide.

Les différents changements

Voici donc les modifications qui ont été apportées. Deux présidents d’honneur, Claude Robinson et Jean-Marc Léger, ont été nommés par le conseil d’administration de l’Académie et superviseront toutes les opérations. Claude Robinson sera responsable de former six grands jurys composés de six professionnels de l’industrie, des gens choisis dans une liste de candidats soumise par les diffuseurs, qui jugeront les productions inscrites dans les catégories «Émissions», «Réalisation» et «Textes».

Jean-Marc Léger veillera pour sa part à ce que le processus de sélection soit bien mis en œuvre et remplira ce rôle uniquement pour le 30e anniversaire des prix Gémeaux. Dans les prochaines années, le titre de président d’honneur sera assumé par le lauréat du Grand prix de l’Académie de l’année précédente. Récipiendaire en 2014, Claude Robinson occupe donc la fonction cette année et tendra le flambeau en 2016 à la personne à qui on rendra hommage au prochain gala, en septembre 2015, et ainsi de suite.

Les six grands jurys, formés d’un producteur, un réalisateur, un auteur (ou un scénariste ou concepteur) et trois autres personnes compétentes, évalueront 16 catégories de «Fiction», cinq catégories de «Variétés», huit catégories en «Humour, entrevues/talk-shows, jeu, téléréalité», neuf catégories en «Magazines, affaires publiques, sports» et neuf catégories en «Documentaire» pour établir les mises en nomination. Les membres des grands jurys qui auront travaillé à une production inscrite dans une catégorie qu’ils ont à étudier devront s’abstenir de juger cette même production. Les six jurés d’un grand jury devront visionner tous ensemble, dans un même lieu, toutes les productions inscrites dans les différentes catégories qu’ils doivent juger et remplir

ensuite des grilles de critères, et la firme KPMG compilera les résultats. Les cinq productions ayant obtenu les meilleures notes seront finalistes. Puis, le vote s’effectuera pour sélectionner les gagnants. Dans le cas des catégories «Émissions», on tiendra compte des décisions des grands jurys (à 70%), des choix des membres de l’Académie (à 20%) et des cotes d’écoute (à 10%). Dans les catégories «Réalisation», «Textes», «Métiers», «Interprétation» et «Médias numériques», la pondération s’établira entre les décisions des grands jurys (à 70%) et le vote final des membres de l’Académie (à 30%).

Fini, les téléromans

Un grand ménage a également été fait du côté des dramatiques. La catégorie «Comédie» continuera d’exister, mais le terme «Téléroman» sera désormais banni. On divisera plutôt les différentes séries selon leur nombre d’épisodes. Ainsi, les fictions pourront être inscrites comme Meilleure série dramatique annuelle (2 à 13 épisodes), Meilleure série dramatique saisonnière (14 à 26 épisodes), Meilleure série dramatique quotidienne (27 épisodes en plus) et Meilleure comédie. À titre d’exemple, 19-2 est considérée comme une série dramatique annuelle, Unité 9, comme une série dramatique saisonnière, 30 vies, comme une série dramatique quotidienne, et Ces gars-là, comme une comédie. On a de surcroît adapté cette nouvelle réalité aux catégories «Métiers» et «Interprétation» des séries dramatiques.

Trois nouvelles catégories ont été crées pour les documentaires : Meilleure émission ou série : docufiction (qui récompensera les productions hybrides dans laquelle la fiction est intégrée au documentaire), Meilleure réalisation : documentaire unique et Meilleure réalisation : série documentaire. Autre nouveauté, on reconnaîtra le travail des directeurs de casting, qui choisissent les comédiens des séries dramatiques de concert avec les réalisateurs et les producteurs ; une catégorie en distribution artistique sera ajoutée dans les champs «Dramatique», «Comédie» et «Fiction jeunesse». Enfin, l’existence du Grand prix de l’Académie, qu’ont dans le passé reçu Victor-Lévy Beaulieu, Normand Brathwaite, Guy A.Lepage et Pierre Nadeau, en plus de Claude Robinson, est maintenue, mais sera le seul prix spécial décerné dans le cadre des prix Gémeaux.

Les producteurs peuvent dès maintenant soumettre leurs œuvres dans l’une des 95 catégories en télévision, ou l’une des 15 en médias numériques. Le 30e Gala des prix Gémeaux se tiendra le 20 septembre 2015 et sera animé par Véronique Cloutier et Éric Salvail.

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