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Trop peu d'agressions sexuelles déclarées sur les campus universitaires, disent des experts

Trop peu d'agressions sexuelles déclarées sur les campus
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Plus de 700 agressions sexuelles ont été rapportées dans les universités et collèges canadiens entre 2009 et 2013, révèle une enquête de CBC. Des chiffres critiqués par des experts, qui estiment que les établissements n'encouragent pas suffisamment la dénonciation.

Le diffuseur public a contacté 87 universités et collèges du pays ces six derniers mois pour recenser les agressions déclarées au cours de cette période.

En nombre absolu, les établissements ont compilé de 0 à 57 cas en cinq ans.

Pour consulter les résultats, cliquez ici (en anglais).

« Ces chiffres sont ridiculement bas », affirme Lee Lakeman du groupe Vancouver Rape Relief and Women's Shelter.

« C'est impossible que ce soit si peu. Je peux obtenir davantage de témoignages d'agressions sexuelles en marchant sur un campus et en demandant aux étudiants directement. »

— Lee Lakeman

Une quarantaine d'universités, soit la moitié, rapportent l'équivalent de moins d'un cas d'agression sexuelle par année.

Une dizaine n'en recense aucun, dont l'Université du Québec à Montréal (UQAM) et l'Université de Moncton.

« Nous avons remarqué à un certain moment qu'il y avait quelque chose d'étrange, puisque les taux d'agressions sexuelles rapportés sur les campus étaient considérablement plus faibles que ceux des villes autour », explique Jeffrey Rosenthal, professeur de statistiques à l'Université de Toronto qui a analysé les données recueillies par CBC.

Un récent sondage étudiant à l'Université d'Ottawa rapportait que 44 % des femmes estimaient avoir subi une forme de violence sexuelle ou d'attouchements sexuels non désirés en fréquentant l'établissement.

Mais seulement 10 cas d'agressions ont été rapportés dans cette université en cinq ans, selon les chiffres obtenus par CBC.

En faisant le calcul pour 10 000 étudiants, voici les universités qui ont le plus de cas déclarés de 2009 à 2013 :

. Université Acadia (Nouvelle-Écosse) : 11,5

. Université Mount Allison (Nouveau-Brunswick) : 11,4

. Université St. Francis Xavier (Nouvelle-Écosse) 10,3

. Université de King's College (Nouvelle-Écosse) : 8.6

. Université St-Thomas (Nouveau-Brunswick) : 5,4

Mais ce n'est pas parce que le nombre de cas recensés sur un campus est plus élevé qu'il y a plus d'agressions, souligne un expert. « Peut-être que ces universités ont de meilleurs services et que les victimes sont prêtes à porter plainte, parce qu'elles savent qu'on les aidera », affirme la professeure Charlene Senn, de l'Université de Windsor.

Hausse de dénonciations

Bien que les chiffres de CBC démontrent que les étudiants dénoncent peu, ils révèlent aussi qu'ils le font de plus en plus. En 2013, 183 agressions ont été rapportées. Une augmentation de 11,5 % par rapport à 2012, et une hausse de 69 % comparativement à cinq ans plus tôt.

CBC rapporte que sur les 87 établissements postsecondaires contactés, six ont refusé de lui fournir les données ou s'en disaient incapables. Six autres ne pouvaient pas revenir cinq ans en arrière. Dans certains cas, le diffuseur public a fait des demandes d'accès à l'information pour obtenir les chiffres.

Certains experts soulignent l'importance pour les universités et collèges de faire preuve de transparence dans le dossier, en plus de s'interroger sur la façon de compiler les données et de répondre au problème.

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