Un rapport obtenu par Radio-Canada conclut qu'il faut aller de l'avant avec un centre d'injection supervisé pour toxicomanes à Québec.
D'après les informations de Nicolas Vigneault
Après plus de deux ans de travaux, le comité de travail coordonné par le Centre de santé et de services sociaux (CSSS) de la Vieille-Capitale recommande l'implantation d'un Service d'injection supervisée (SIS) à Québec.
À Québec, il y a environ 900 utilisateurs de drogue par injection, des personnes qui ne fréquentent pas pour la plupart les établissements de santé traditionnels.
Le comité composé de représentants de la santé publique, d'organismes communautaires et du service de police estime qu'il est nécessaire d'avoir un centre adapté à cette clientèle.
« Il faut aller vers des organismes où le lien de confiance est plus grand avec l'utilisateur, où on est dans un service de proximité, on accompagne la personne » , fait valoir le coordonnateur du comité, Marc De Koninck, du CSSS de la Vieille-Capitale.
Marc De Koninck soutient que les SIS peuvent réduire les problèmes de santé des utilisateurs de drogue par injection qui occasionnent des coûts importants pour le système de santé. À Québec, près de 73 % d'entre eux ont contracté l'hépatite C et environ un sur quatre est porteur du VIH.
« Ça serait utopique de penser que tous les utilisateurs qui vont fréquenter les services d'injection supervisée vont régler leur problème de dépendance pour autant, mais ils vont diminuer considérablement les autres risques de santé qu'ils rencontrent, notamment les infections, les overdoses », souligne M. De Koninck.
Lieu à déterminer
Le rapport ne suggère pas de lieu pour un éventuel centre d'injection supervisée. Le comité se penchera sur la question dans la prochaine étape des travaux. Mais toutes les études à ce sujet vont dans la même direction : un tel centre doit être situé à proximité de la clientèle, donc dans un des quartiers centraux de Québec.
L'acceptabilité sociale doit toutefois faire partie des critères à considérer dans le choix du lieu, recommande le comité. Le projet doit être mis sur pied en collaboration avec la Ville, les organismes communautaires, le service de police ainsi que les résidents et les commerçants du secteur.
« On veut répondre aux besoins des utilisateurs, mais on est sensibles aux besoins et aux réalités du milieu qui va accueillir des services d'injection supervisée »
— Marc De Koninck, du CSSS de la Vieille-Capitale
Le comité s'impose également l'obligation d'évaluer à « court terme » les services d'un éventuel centre d'injection. « C'est clair que si l'évaluation donne de mauvais résultats, il faudra reconsidérer le bien fondé d'avoir des services d'injection supervisé dans ce milieu-là. »
L'organisme MIELS-Québec, qui vient en aide aux porteurs du VIH, est satisfait des conclusions du rapport.
« On prend la personne comme elle est, là où elle est. C'est à partir de là qu'on va être capable de créer un lien, puis éventuellement de l'accompagner quand elle voudra avoir de meilleures conditions de vie », indique la directrice générale, Thérèse Richer.
Le rapport du comité a été déposé à l'Agence de santé et des services de sociaux de la Capitale nationale qui doit donner son aval au projet. Ensuite, ce sera au ministère de la Santé et des services sociaux et au gouvernement fédéral de l'approuver.
L'automne dernier, le maire de Montréal a annoncé l'ouverture prochaine de trois SIS dans la métropole, qui n'ont toujours pas ouvert leurs portes.
En 2011, la Cour suprême du Canada a confirmé la légalité des services d'injection supervisée dans un jugement unanime concernant le centre d'injection Insite à Vancouver. La Cour a statué qu'il s'agissait d'une question de santé publique et non de sécurité.
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