Cinq ans après y avoir présenté en compétition leur court métrage Tungijuq, les réalisateurs Félix Lajeunesse et Paul Raphaël vont proposer aux festivaliers de Sundance, dans la section New Frontier, trois expériences de réalité virtuelle qu'ils ont concoctées dans leurs studios montréalais.
Touchant complément au très beau film de Jean-Marc Vallée, Wild – The Experience permet aux cinéphiles de renouer quelques instants avec les personnages incarnés par Reese Witherspoon et Laura Dern. Vu par quelques 5000 curieux, notamment à SXSW, à Tribeca et à Amsterdam, Strangers with Patrick Watson offre aux mélomanes de partager avec bonheur l'intimité de l'artiste.
Pour sa part, Herders s'avère une immersion chaleureuse dans une famille d'éleveurs de yaks en Mongolie.
Muni d'un casque de réalité virtuelle Samsung Gear VR, le spectateur se retrouve littéralement projeté dans un univers capté en stéréoscopie à l'aide d'une caméra à multiples senseurs. Alors qu'il découvre autour de lui une réalité parallèle à la sienne, celui-ci a tour à tour l'impression d'être dans un rêve éveillé, d'être un pur esprit ou un voyeur invisible. Une sensation pas du tout désagréable dont le plaisir croît avec l'usage...
« Même si cela s'appelle la réalité virtuelle, pour nous, ce n'est pas une tentative de reproduire la réalité bien que nous travaillons très fort pour créer une technologie qui va rendre la réalité assez conforme, explique Félix Lajeunesse. Il y a un certain détachement entre l'expérience physique et le lieu virtuel vers lequel on est emmené. Cette dichotomie crée cet effet de rêve ; c'est ce que nous aimons beaucoup et tentons d'exploiter dans nos expériences. »
Si le spectateur peut avoir la sensation de se retrouver en quelque sorte dans un jeu vidéo dont il est le héros discret, les univers de Lajeunesse et Raphaël font rimer ludisme avec émotion : « Il y a quelque chose de très ludique dans l'effet d'être en contrôle de l'expérience, car on choisit ce que l'on regarde, on n'est pas contraint de recevoir l'expérience d'une manière très spécifique. Nous ne venons pas du tout du jeu vidéo, nous ne connaissons rien à cette culture. Nous venons du cinéma et des arts visuels et nous avons graduellement migré vers la réalité virtuelle. Évidemment, c'est un milieu très influencé par le jeu vidéo et nous apprenons de cette culture, de ces codes », confie Félix Lajeunesse.
« Dans le cas de Wild, nous ne voulions pas que le spectateur soit dans la dynamique de regarder deux actrices jouant l'une avec l'autre. En le positionnant au centre, le spectateur embrasse la subjectivité de l'une et l'autre; il se retrouve au cœur de la dynamique relationnelle des deux personnages. En réalité virtuelle, nous essayons toujours de faire en sorte que le spectateur soit une partie intégrante de l'oeuvre, du récit, de l'expérience. D'une personne à l'autre, la résultante de l'expérience est très différente », poursuit-il.
Alors que les plateformes de contenu virtuel ne sont pas encore accessibles en grand nombre, Félix Lajeunesse croit que cela changera drastiquement au cours des deux prochaines années : « Je ne crois toutefois pas que le cinéma sera remplacé par la réalité virtuelle. Tous deux sont des médiums différents qui vont évoluer en parallèle. »
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