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Raïf Badawi: la deuxième séance de coups de fouet suspendue en Arabie saoudite

Raïf Badawi: la deuxième séance de coups de fouet suspendue en Arabie saoudite
Amnesty International

Les pressions politiques et populaires continuent de s'exercer concernant Raïf Badawi, condamné en Arabie saoudite à 1000 coups de fouet et 10 ans d'emprisonnement pour avoir critiqué les autorités religieuses de son pays sur son blogue.

Des manifestations ont eu lieu dans une vingtaine de pays dans le monde cette semaine, et des vigiles se sont tenues jeudi à Ottawa et vendredi à Montréal, Québec et Sherbrooke, où résident actuellement la femme et les enfants de M. Badawi.

Plus tôt cette semaine, le ministre des Affaires étrangères, John Baird, avait dénoncé le châtiment corporel infligé au blogueur saoudien. Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a indiqué à l'ambassadeur de l'Arabie saoudite à Ottawa que la province était prête à accueillir M. Badawi s'il était libéré. L'ONU a également demandé la suspension des coups de fouet imposés au blogueur.

"Juste hier, on a reçu l'appui de la Suisse et de la Grande-Bretagne, donc on commence vraiment à avoir des appuis diplomatiques un peu partout", a souligné l'agente de développement régional en Estrie pour Amnistie internationale, Mireille Elchacar.

Dans une lettre, le chef du Nouveau parti démocratique, Thomas Mulcair, a par ailleurs prié le premier ministre Stephen Harper d'intervenir pour que soit libéré le blogueur.

"Le Canada doit faire tous les efforts possibles pour garantir sa libération, lui permettre de rentrer auprès de sa famille et pour lui éviter d'être soumis à cet horrible châtiment seulement pour avoir exprimé son opinion", a fait valoir M. Mulcair.

La deuxième séance de 50 coups de fouet qui devait être administrée à M. Badawi, vendredi, a été suspendue, une décision qui aurait été prise pour des raisons médicales.

"On sait que la dernière fois, lors de la première séance de flagellation, il avait vu un médecin auparavant. Ça peut nous paraître étrange, et en fait ce l'est, mais c'est pour s'assurer qu'il était en bon état physique pour recevoir les coups de fouet", a expliqué Mme Elchacar à La Presse Canadienne.

"Cette fois-ci, on a procédé à ce même examen médical avant la séance de flagellation et le docteur a recommandé de reporter la séance à la semaine prochaine, puisque M. Badawi n'a pas cicatrisé depuis la dernière fois."

Amnistie internationale a pu s'entretenir avec M. Badawi il y a quelques jours, après qu'il eut subi les 50 premiers coups de fouet prévus à sa peine d'un millier de coups. Il avait alors affirmé qu'il ne se croyait pas capable de résister à une deuxième séance du genre. En plus de ce châtiment, il a été condamné à une peine de 10 ans d'emprisonnement pour avoir critiqué les chefs religieux de l'Arabie saoudite sur son blogue.

"On pouvait évidemment s'attendre à ce qu'il ne se remette pas de 50 coups de bâton et de fouet, c'était évident", a souligné Mme Elchacar, qui a précisé que les autorités saoudiennes avaient confirmé le report des coups de fouet jusqu'à la semaine prochaine.

Mme Elchacar a cependant indiqué qu'Amnistie n'avait pas communiqué directement avec M. Badawi, vendredi, de sorte qu'il lui était impossible de connaître exactement son état de santé.

"On veut savoir si c'est vraiment le cas, si sa santé est (vraiment) en très mauvais état, dans lequel cas on est très inquiet. Par contre, on se demande également si ce n'est pas une manière pour l'Arabie saoudite de céder aux pressions sans perdre la face", a-t-elle suggéré.

L'agente d'Amnistie internationale a communiqué vendredi avec la femme de M. Badawi, Ensaf Haidar, à la suite de l'annonce du report des coups de fouet. Celle-ci demeure inquiète pour la santé de son mari, mais elle s'est d'abord et avant tout sentie soulagée de savoir qu'il serait épargné cette semaine.

"Elle est vraiment très soulagée, parce qu'elle, à court terme, elle était vraiment terrorisée par ces séances de flagellation. Elle est très contente, mais comme tout le monde, elle est inquiète, elle ne sait pas ce qui se passe exactement avec la santé de son mari parce que depuis qu'il est dans un nouveau centre pénitentiaire, depuis deux semaines et demie, elle n'a pas pu lui parler."

Mme Elchacar a par ailleurs nuancé, vendredi après-midi, les informations de certains médias britanniques voulant que le dossier du blogueur ait été référé à la Cour suprême en Arabie saoudite, ce qui pourrait lui permettre d'être rejugé.

"Ça a pris un peu des grosses proportions cette histoire-là. C'est tout simplement que le roi aurait parlé à la Cour suprême concernant le cas de M. Badawi, mais on n'a aucune idée (de ce qu'il a dit). Il n'est pas du tout question de le faire rejuger pour l'instant", a-t-elle indiqué.

À la vigile tenue devant l'Assemblée nationale, le député libéral de Sherbrooke, Luc Fortin, a déclaré qu'il croyait que la suspension des 50 coups de fouet prévus vendredi était "un pas dans la bonne direction", mais qu'il ne fallait pas pour autant abandonner le combat.

"Aujourd'hui, la sentence de M. Badawi a été suspendue, mais elle n'est pas annulée. Alors c'est important de pouvoir maintenir la pression", a-t-il affirmé.

La députée péquiste Agnès Maltais, aussi présente à la vigile vendredi, a tenu à interpeller les gouvernements provincial et fédéral et a demandé à Philippe Couillard d'intervenir directement auprès du gouvernement de l'Arabie saoudite.

"Rien n'empêche un premier ministre du Québec d'intervenir sur la scène internationale", a-t-elle avancé.

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