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Femme tuée en accouchant et meurtres de civils: Boko Haram commet des «crimes contre l'humanité» au Nigéria (VIDÉO)

Une femme tuée par Boko Haram alors qu'elle accouchait (VIDÉO)

"Crimes de guerre" et "crimes contre l'humanité". Les islamistes de Boko Haram ont mené début janvier leur offensive la plus "destructrice" en six ans d'insurrection dans le nord-est du Nigeria, indique jeudi 15 avril Amnesty International. Des scènes de carnages, rapportées par des témoins, dont l'un affirme que les attaquants ont notamment tué une femme en train d'accoucher.

Des images satellites des villes de Baga et Doron Baga (ci-dessous), sur les rives du lac Tchad, prises avant et après l'attaque lancée le 3 janvier par Boko Haram montrent l'étendue des destructions dans les deux villes. D'autres images publiées jeudi par Human Rights Watch (HRW) montrent la même désolation.

L'une des localités a "presque été rayée de la carte en l'espace de quatre jours", explique Amnesty International dans un communiqué, précisant que "les meurtres délibérés de civils et la destruction de leurs biens par Boko Haram constituent des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité".

Des centaines de personnes, "voire plus" selon l'ONG, pourraient avoir péri pendant l'attaque de Baga - un grand carrefour commercial régional situé dans l'extrême nord-est du pays -, de Doron Baga et des villages aux alentours, qui s'est étendue sur plusieurs jours.

L'armée nigériane, qui a tendance à minimiser les bilans de victimes, a affirmé cette semaine que 150 personnes avaient été tuées, qualifiant de "sensationnalistes" les estimations évoquant 2000 morts. HRW estime de son côté impossible de donner un bilan précis pour l'instant.

Les photographies aériennes d'Amnesty, prises à Baga (ci-dessous) et à Doron Baga (ci-dessus) à cinq jours d'écart -la veille de l'attaque et quatre jours après- montrent de nombreuses habitations et commerces rasés.

Plus de 3700 bâtiments ont été endommagés ou détruits: 620 à Baga et 3100 à Doron Baga, selon un calcul d'Amnesty. Au total, 16 localités ont été brûlées et 20.000 personnes ont dû fuir la région, ont indiqué des responsables locaux.

A lui seul, le Tchad voisin a accueilli 11 320 réfugiés nigérians en quelques jours, selon le Haut commissariat aux réfugiés des Nations Unies, tandis que l'ONG Médecins sans frontières (MSF) a déclaré aider quelque 5000 survivants de l'attaque réfugiés à Maiduguri, la capitale de l'Etat de Borno, à quelque 200 kilomètres.

Pour Amnesty, cette attaque est "la plus grande et la plus destructrice" jamais perpétrée par le groupe armé depuis le début de son insurrection en 2009, qui depuis a fait plus de 13 000 morts et 1,5 million de déplacés.

Une femme tuée en accouchant

Au fil des récits des survivants, de nouveaux détails émergent sur les atrocités des islamistes. Un témoin cité par Amnesty, sous couvert d'anonymat, décrit une femme enceinte abattue en plein accouchement, en même temps que plusieurs jeunes enfants. "La moitié du bébé (était) sortie et elle est morte dans cette position", raconte le témoin.

"Ils ont tué tellement de gens. J'ai peut-être vu 100 personnes tuées à un moment à Baga. J'ai couru dans la brousse. Alors que nous courions, ils mitraillaient et tuaient", décrit un quinquagénaire non identifié. Une autre femme confirme: "Il y avait des cadavres partout où je regardais". Un homme échappé de Baga après être resté caché trois jours avait ainsi déclaré avoir "marché sur des cadavres" sur cinq kilomètres, dans sa fuite à travers la brousse.

Ces témoignages corroborent les propos de responsables locaux, selon qui le nombre de victimes est extrêmement élevé, ainsi que de témoins contactés par l'AFP qui décrivaient des rues parsemées de cadavres en décomposition. Des témoins ont aussi rapporté à Amnesty que 300 femmes avaient été enlevées. Détenues dans une école, les jeunes femmes seraient toujours captives.

Si les attentats-suicides sont quasi-quotidiens dans le pays, l'un d'entre eux a particulièrement marqué la communauté internationale. Samedi 10 janvier, au moins 19 personnes avaient péri lorsqu'une bombe fixée sur une fillette d'une dizaine d'années a explosé dans un marché bondé de Maiduguri, au nord-est du Nigeria.

L'attaque de Baga est survenue à un peu plus d'un mois des élections présidentielle et législatives prévues le 14 février, et s'inscrit dans une flambée de violence visiblement destinée à perturber la tenue du scrutin. Après avoir semé la terreur sur les rives nigérianes du lac Tchad, Boko Haram a lancé des attaques d'envergure dans l'extrême-nord du Cameroun.

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