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Cinq ans après le séisme, Haïti se reconstruit lentement (VIDÉO)

Cinq ans après le séisme, lente reconstruction à Haïti

Cinq ans après le tremblement de terre qui a tué plus de 200 000 Haïtiens et en a laissé 1,5 million sans logement, où en est la reconstruction d'Haïti? Bilan de la situation.

Un texte de Ximena Sampson

Le gouvernement haïtien a évalué que les dégâts occasionnés par le séisme représentaient 7,8 milliards de dollars américains, soit 121 % du produit intérieur brut (PIB) du pays en 2009.

En sus des immeubles résidentiels et des commerces, de nombreuses infrastructures de la capitale et des environs se sont effondrées. Le palais présidentiel, le parlement, le palais de justice, la majorité des bâtiments des ministères et de l'administration publique ont été détruits.

Les infrastructures du port ont été gravement endommagées, ainsi que celles de l'aéroport. Environ 70 km de route ont également été détruits.

La communauté internationale s'est mobilisée pour venir en aide au pays le plus pauvre des Amériques. À la conférence des donateurs pour Haïti, à New York, en mars 2010, on a promis près de 10 milliards de dollars pour la reconstruction.

Jusqu'à maintenant, 7,6 milliards de dollars ont effectivement été versés. Cependant, des critiques estiment que les résultats ne sont pas encore assez visibles.

Les programmes de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), auxquels le Canada a participé financièrement, ont contribué à diminuer de plus de 93 % le nombre de déplacés vivant sous des tentes. Mais plus de 79 000 personnes vivent toujours dans un des 105 camps, dans de piètres conditions d'hygiène et de sécurité.

Surpopulation, promiscuité, manque d'accès à l'eau potable et aux toilettes, violences sexuelles sont le quotidien de la plupart de ceux qui ont trouvé refuge sous les tôles et les bâches. Au fil des ans et grâce à l'aide de la communauté internationale, la qualité des abris s'est améliorée, mais ils sont loin de représenter une solution durable.

En outre, une grande partie des déplacés courent le risque d'être expulsés, sans aucun préavis, par les propriétaires des terrains où ils sont installés.

L'aide canadienne

Le gouvernement canadien a donné plus de 850 millions de dollars à Haïti depuis le tremblement de terre de 2010, ce qui en fait le deuxième État donateur le plus important, après les États-Unis.

Au lendemain du séisme, cette aide était avant tout d'ordre humanitaire. Il s'agissait de fournir des services médicaux d'urgence, des approvisionnements de secours, des services d'eau et d'assainissement, et des abris.

Haïti a été frappé en 2012 par la tempête Isaac et l'ouragan Sandy qui ont tué des dizaines de personnes et provoqué d'importants dommages matériels. En outre, l'épidémie de choléra, qui sévit depuis octobre 2010, a tué plus de 8500 personnes et en a infecté 700 000.

Puis au fil des ans, l'aide s'est davantage orientée vers la reconstruction et le développement. Les priorités canadiennes, au cours des dernières années, ont été :

  • l'augmentation de l'accès aux soins de santé;
  • la reconstruction d'écoles;
  • la mise en place des programmes d'alimentation scolaire;
  • l'accès au microcrédit.

Le gouvernement canadien a notamment donné 30 millions de dollars pour construire, équiper et soutenir l'hôpital départemental des Gonaïves, qui abrite une maternité de 30 lits, une aile pédiatrique de 35 lits et une maison d'attente pour les mères sur le point d'accoucher.

Pour sa part, la Croix-Rouge canadienne a amassé 222 millions de dollars depuis le séisme. Près de 90 % des fonds ont été dépensés pour l'aide d'urgence, mais aussi pour la reconstruction d'hôpitaux et pour des programmes d'aide au logement.

Haïti est le plus important récipiendaire d'assistance canadienne des Amériques.

Où en est la reconstruction?

Si bien des choses ont été accomplies au cours des dernières années, il en reste encore beaucoup à faire. Quelque 75 % des 20 millions de mètres cubes de débris causés par le séisme ont été retirés des rues. Des milliers de logements ont également été construits ou réparés.

Cependant, la plupart des grands édifices de la capitale n'ont pas encore été reconstruits. Les plans sont arrêtés pour la cathédrale de Port-au-Prince, mais les travaux n'ont pas encore commencé, pas plus que pour le palais national et la plupart des ministères.

Ces retards n'inquiètent pas François Audet, directeur de l'Observatoire canadien sur les crises et l'action humanitaire, qui estime que la reconstruction avance, somme toute, plutôt bien. Selon lui, il est normal que l'État haïtien, profondément ébranlé par le séisme, ait pris beaucoup de temps à réagir et à coordonner sa réponse.

« On partait déjà de très loin », soutient-il. « Haïti avait déjà beaucoup de problèmes avant le tremblement de terre. Il y avait une gouvernance défaillante et des problèmes d'infrastructure. » Il rappelle que des centaines de fonctionnaires ont perdu la vie et des tonnes de documents détruits.

« On ne doit pas regarder Haïti avec des yeux d'Occidentaux [...] Il faut être beaucoup plus patients. C'est une question de générations, il faut voir ça de manière plus historique. » — François Audet, directeur de l'Observatoire canadien sur les crises et l'action humanitaire

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