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Charlie Hebdo: des caricatures à l'attentat, 10 ans de polémiques autour de l'islam (PHOTOS)

Charlie Hebdo, 10 ans de caricatures et de polémiques autour de l'islam
Publishing director of the satyric weekly Charlie Hebdo, Charb, displays the front page of the newspaper as he poses for photographers in Paris, Wednesday, Sept. 19, 2012. Police took up positions outside the Paris offices of the satirical French weekly that published crude caricatures of the Prophet Muhammad on Wednesday that ridicule the film and the furor surrounding it. The provocative weekly, Charlie Hebdo, was firebombed last year after it released a special edition that portrayed the Prophet Muhammad as a
ASSOCIATED PRESS
Publishing director of the satyric weekly Charlie Hebdo, Charb, displays the front page of the newspaper as he poses for photographers in Paris, Wednesday, Sept. 19, 2012. Police took up positions outside the Paris offices of the satirical French weekly that published crude caricatures of the Prophet Muhammad on Wednesday that ridicule the film and the furor surrounding it. The provocative weekly, Charlie Hebdo, was firebombed last year after it released a special edition that portrayed the Prophet Muhammad as a

Si l'attaque contre Charlie Hebdo est inédite par l'ampleur du drame, l'hebdomadaire a déjà fait l'objet de plusieurs agressions par le passé. La dernière en date, le 2 novembre 2011, lorsque les locaux de la rédaction avaient été détruits par un incendie. Charlie avait subi une attaque au cocktail molotov durant la nuit, ne faisant aucune victime mais ravageant le lieu. Dans le même temps, le site internet du journal avait été piraté, la page d'accueil étant remplacée par une photo de La Mecque et des versets du Coran ("Pas d'autre Dieu qu'Allah").

Jamais le lien n'a été établi entre ces deux attaques (les incendiaires n'ont jamais été retrouvés), mais elles font suite à la sortie d'un numéro baptisé spécialement "Charia Hebdo" avec le prophète Mahomet comme rédacteur en chef. "Nous voulions réagir à l'annonce de l'instauration de la charia en Libye et à la victoire du parti islamiste Ennahda en Tunisie", avait expliqué son directeur de la publication, Stéphane Charbonnier, dit "Charb", tué dans l'attaque mercredi. "On se demande ce qu'il faut faire pour ne pas indigner!", avait-il encore souligné.

Sur la couverture de ce Charlie Hebdo, un Mahomet hilare s'exclame: "100 coups de fouet si vous n'êtes pas morts de rire !" Le personnage de Mahomet signe l'éditorial et commente l'actualité sur un mode humoristique à toutes les pages. Une double page de caricatures est consacrée à "la charia molle" et une autre intitulée "Charia Madame", au sort des femmes. Charb s'était justifié sur le fait de cibler systématiquement les musulmans: "Nous avons critiqué beaucoup plus les intégristes catholiques. En dix-neuf ans, nous avons eu 13 procès avec certains d'entre eux et un seul avec des musulmans."

Point de départ: les caricatures de 2006

C'est en 2006 que le plus gros scandale a éclaté avec la publication des premières caricatures de Mahomet ("une" ci-dessous), déjà éditées dans le journal danois Jyllands-Posten en 2005. Elles ont provoqué une flambée de violence dans le monde musulman. A la suite de plaintes, notamment de la Grande Mosquée de Paris et de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), le tribunal correctionnel de Paris en 2007, puis la cour d'appel en 2008, ont prononcé la relaxe. Pour la cour, les caricatures ne constituaient pas "une injure" à l'égard des musulmans, visant "clairement une fraction", à savoir les terroristes, "et non l'ensemble de la communauté musulmane".

Dans la foulée des caricatures, Charlie a publié en mars 2006 son "Manifeste des douze". Un appel à la lutte contre l’islamisme qui a été repris par diverses publications en Europe occidentale mais aussi ailleurs dans le monde. L'islamisme y est dénoncé comme un totalitarisme religieux mettant en danger la démocratie, à la suite du fascisme, du nazisme et du stalinisme. Cet appel a été dénoncé par la Ligue des droits de l'homme, qui considère qu'il diabolise l'islam.

Une nouvelle initiative a eu lieu en septembre 2012, quand Charlie Hebdo a récidivé en publiant de nouvelles caricatures du prophète. La "une" représentait un rabbin poussant un mollah sur un fauteuil roulant avec ce titre: "Intouchables 2". Une page intérieure est consacrée au film islamophobe Innocence of muslims, avec des caricatures de musulmans salafistes.

Les dessins les plus osés se trouvent en dernière page, dans la traditionnelle rubrique "Les couvertures auxquelles vous avez échappé". On y voit un Mahomet les fesses à l'air, prononçant la célèbre réplique de Brigitte Bardot dans Le Mépris, devant un Jean-Luc Godard consterné : "Et mes fesses, tu les aimes, mes fesses?" Sur un autre dessin, le prophète montre son derrière affublé d'une étoile avec cette légende : "Mahomet: une étoile est née".

Liberté d'expression

Charb s'était défendu d'avoir voulu mettre de l'huile sur le feu. "Nous ne sommes pas allés trop loin. Nous sommes un journal satirique d'actualité, nous faisons notre métier qui est de parler d'une actualité, avait-il dit au Monde. On ne reproche pas aux autres journaux de parler du film anti-islam. Notre façon de l'évoquer, c'est la caricature." Concernant le contexte international, avec de nombreuses manifestations dans le monde musulman, le patron de Charlie martelait: "Il n'y a pas de contexte favorable ou défavorable. Quand nos locaux ont brûlé, le contexte international n'était pas particulièrement tendu."

"Il y a des menaces constantes depuis la publication des caricatures de Mahomet", a expliqué mercredi l'avocat de Charlie Hebdo, Richard Malka sur RTL ."Ça fait huit ans qu'on vit sous la menace, qu'il y a des protections mais il n'y a rien à faire contre des barbares qui viennent avec des kalachnikov." "C'est un journal qui ne fait que défendre la liberté d'expression, la liberté tout court, notre liberté à tous et aujourd'hui, des journalistes, des dessinateurs, de simples dessinateurs ont payé le prix fort pour ça", a-t-il souligné.

Aujourd'hui, l'hebdomadaire est menacé de faillite: déficitaire, il vend en moyenne environ 30 000 exemplaires, et vient de lancer un appel aux dons pour ne pas disparaître. Mais il reste tout aussi mordant et irrévérencieux: son numéro de cette semaine est largement consacré à Michel Houellebecq dont le livre, Soumission, qui imagine une France islamisée en 2022, paraît ce mercredi en France. En une, une caricature de Houellebecq lance: "En 2015, je perds mes dents En 2022, je fais Ramadan!" Un autre dessin fait dire à l'écrivain: "en 2036, l’Etat islamique fera son entrée dans l’Europe"

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