Descentes de police dans des salons de massage sous l'oeil des caméras des journalistes, gel des comptes Internet des prostituées, sanctions: la Chine veut ramener les bonnes moeurs dans le pays.
Une campagne contre l'industrie du sexe a été lancée il y a quelques mois, mais elle est décriée par plusieurs organismes qui craignent pour la sécurité des prostituées.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) entre 4 et 6 millions de femmes vivent de la prostitution en Chine: un nombre énorme et une industrie sans règle ni loi.
« On me viole régulièrement explique calmement une femme de 45 ans. C'est la réalité ici, nous sommes des moins que rien et nous ne pouvons pas demander l'aide des policiers »
— Feng (nom fictif), prostituée
En Chine, la prostitution est techniquement illégale. Elle avait même disparue sous le régime de Mao, mais l'industrie a carrément explosé dans les années 80 avec le boom économique.
C'est pourquoi les autorités effectuent des descentes à grands déploiements de policiers pour impressionner la population. Mais elles n'auront aucun impact sur le terrain, selon des organismes qui viennent en aide aux travailleuses du sexe.
Dans un pays où les droits humains sont presqu'inexistant, plusieurs organismes croient même que les campagnes anti-prostitution rendent les femmes plus vulnérables.
Une situation inquiétante, puisqu'elles étaient déjà victimes d'abus de la part de leurs clients et des policiers.
Plus l'industrie est marginalisée, plus il est difficile de venir en aide aux prostituées, dit un intervenant. « Nous craignons vraiment pour leur sécurité. », dit-il.
« Je ne sais plus quoi faire [...] Plusieurs de mes amies ont été battues ou même tuées », dit Feng (nom fictif), une prostituée de Shanghai.
Et ceci sans compter les risques pour elles de contracter des maladies comme le VIH.
Selon Human Rights Watch, 70000 nouvelles personnes contractent le VIH chaque année en Chine. La campagne de moeurs du gouvernement ne ferait qu'augmenter ce nombre, selon certains intervenants.
D'après un reportage de Yvan Côté
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